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Bonaparte ou le mythe de Titan
Thierry Lentz  
Fayard 1999 /  27.48 € - 179.99 ffr. / 627 pages
ISBN : 2-213-60498-3
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"Mon gouvernement sera celui de la jeunesse et de l'esprit". Par cette ambitieuse formule, Bonaparte proclamait que le régime consulaire allait être celui du renouveau. Après l'enlisement directorial, la République connaîtrait un nouvel âge d'or. Cependant, après dix années de Révolution, les Français accueillaient avec indifférence les changements politiques. La lassitude l'emportait sur les passions; la forme du régime politique passait au second plan dans les esprits. Ce qui primait, c'était le désir d'un retour au calme, à l'ordre, à la paix. Peu importait qui procurerait ces bienfaits.

Après le 18 brumaire, le public adhérait bien volontiers à la fameuse proclamation des consuls provisoires : "Citoyens, la Révolution est fixée au principes qui l'ont commencée; elle est finie". Finir la Révolution, tel était bien le voeu général. Le gouvernement consulaire aurait voulu changer cette passivité en adhésion. Pour ce faire, il lui fallait montrer l'adéquation entre la nouvelle forme du gouvernement et les aspirations des Français, justifier l'établissement d'un pouvoir fort par deux objectifs complémentaires : le rétablissement de la paix à l'intérieur, l'obtention de la paix à l'extérieur.

Comme il était de bonne guerre, la légende bonapartiste a brossé un sombre tableau de la situation de la France à l'avènement du Consulat. Pour autant, ni le régime précédent, ni sa classe dirigeante ne furent attaqués trop directement, et pour cause : ils formaient les cadres du régime nouveau, et il eût été maladroit de trop marquer la rupture. Si dynamisme et talent étaient les mots d'ordre de la nouvelle administration, dans les faits, les recettes employées furent la stabilité, la continuité, l'emploi d'hommes du passé, tels que Cambacérès et Lebrun. Il n'y avait pas de réservoir d'hommes nouveaux et la récupération des émigrés fut un des grands chantiers du régime consulaire. C'est pourquoi, dans l'ample fresque du "moment consulaire" qu'il nous livre ici, M. Thierry Lentz a choisi d'insister sur l'oeuvre du régime, sur les notables et les équipes dirigeantes, davantage que sur l'homme providentiel qui, tel Atlas soutenant le monde, aurait hissé sur ses épaules tout l'édifice de la France contemporaine. Ainsi se justifie le titre de l'ouvrage : Le Grand Consulat plutôt que Le Grand Consul.

Dans le régime nouveau, la concentration du pouvoir ne s'appuyait pas sur une théorie constitutionnelle ou politique. Fort bien analysée par M. Lentz, la constitution de l'an VIII s'ouvrait d'ailleurs sans déclaration de principes généraux. Les exposés ultérieurs de la situation de la République se réfèrent à des principes républicains, mais sans les définir jamais. Dans les premiers temps, il ne fut d'ailleurs pas question de pouvoir personnel. On disait toujours : "le gouvernement de la République a décidé" et non "le premier consul ordonne". Il n'était pas encore dans l'intention de Bonaparte de préparer le retour à la monarchie. Son frère Lucien fut d'ailleurs éliminé pour avoir voulu agir trop vite. Le Bonaparte des premiers mois affectait la pureté républicaine. Le nouveau pouvoir n'était pas assez sûr de lui pour laisser le champ libre à l'adulation. Il avouait des échecs partiels, des faiblesses. C'est une habileté de plus. M. Lentz montre très bien la lente et prudente évolution vers le principat. La jactance viendra plus tard : alors, la monocratie trouvera en elle-même sa justification.

À l'intérieur, le Consulat avait pour premier objectif le rétablissement de l'ordre public, par l'affirmation de l'autorité, tout en faisant preuve d'esprit de conciliation et de réconciliation. Les principaux instruments en furent la clôture de la liste des émigrés et le Concordat. Bonaparte jouait serré: il fallait inciter les monarchistes au ralliement sans froisser les républicains, sans inquiéter les acquéreurs de biens nationaux. Le retour à l'ordre passa aussi par un certain nombre de mesures de bon gouvernement: institution des préfets, réforme judiciaire, Code civil, franc Germinal, organisation de l'instruction publique. Il s'agissait de rallier les Français autour d'un programme positif et de l'idée de progrès dans l'ordre. Ces mesures législatives, éducatives, sociales, économiques et culturelles forment pour ainsi dire la cristallisation du siècle des Lumières. Elles sont le socle sur lequel la France s'est construite depuis deux siècles.

À l'extérieur aussi, la paix était le voeu de la France. M. Lentz montre que dans ce domaine le bilan de Bonaparte, pourtant victorieux à Marengo, seconde fondation du régime, n'est pas aussi positif. La paix générale ne dure guère qu'un an, la "perfide" Albion s'obstine dans son hostilité et la politique coloniale connaît bien des échecs. "Le consulat, c'est la paix", aurait pu dire Bonaparte un demi-siècle avant Napoléon III. C'est toute l'ambiguïté d'un régime, fondé par un général, par un coup d'État militaire, affermi par une victoire militaire, mais qui se veut dictature civile, et qui se perpétuera pour la guerre et par elle.

Destiné à créer l'attachement au régime, le mythe du sauveur, propre au bonapartisme, apparaît dès l'an IX. L'adhésion nationale, essence du bonapartisme, est toujours recherchée, mais jamais sûre, car le système est privé des mécanismes réguliers de son expression : les administrateurs vont remplacer les élus, les "masses de granit" la représentation parlementaire. D'une facture très classique, d'une écriture sobre et nette, la synthèse de M. Lentz n'offre peut-être pas de vues assez critiques de ce point de vue et oublie trop vite la faiblesse intrinsèque du régime personnel. Faute de relais politiques, le pouvoir napoléonien poursuivra toujours vainement la quête d'une acclamation populaire versatile, car liée à un moment, et incertaine, car viciée dans son principe. Né du peuple mais détaché de lui, le titan se condamne lui-même.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 10/08/2001 )
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