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La ''croisade de la liberté universelle''
Frank Attar   Aux armes, citoyens ! - Naissance et fonctions du bellicisme révolutionnaire
Seuil - L'univers historique 2010 /  23 € - 150.65 ffr. / 394 pages
ISBN : 978-2-02-088891-2
FORMAT : 15,3cm x 24cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.
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«La liberté présente une masse de forces qu’elle n’avait encore eue chez aucun peuple ; mais elle est comprimée par une foule de contradictions qui menacent de l’étouffer, et elle ne cessera d’être en danger que quand vous aurez permis à ses défenseurs de renverser les obstacles qui arrêtent sa marche et son extension. Une guerre entreprise pour une telle cause ne doit pas être regardée comme le fléau mais le triomphe de l’humanité» (p.38). Se faisant messianique, c’est en ces termes qu’à la tribune de l’Assemblée nationale, le 20 avril 1792, Mailhe appela des ses vœux la guerre contre «le roi de Hongrie et de Bohême» (p.39).

Dans son sombre ouvrage Aux armes citoyens !, Frank Attar se penche sur la naissance et les fonctions du bellicisme révolutionnaire. Comment et surtout pourquoi la France révolutionnaire opta-t-elle le 20 avril 1792 pour la «croisade de la liberté universelle» (p.106), c’est-à-dire la guerre contre l’Autriche et la Prusse ? Cette marche vers la conflagration militaire n’allait pas nécessairement de soi. Par exemple, le 22 mai 1790, dans un contexte de changement de régime, la Constituante adopta en effet un décret de Déclaration de paix au monde.

S'assignant la tâche de réévaluer cet événement majeur de la Révolution française, l’auteur s’interroge sur l’historiographie traditionnelle : «pourquoi (…) s’est-elle obstinément appliquée à minorer l'événement, comme si elle cherchait à dissimuler maladroitement quelque inavouable secret ? La Révolution française, continue-t-il, n’est pas de ces rivages où l’on accoste innocemment»… Et pour cause, la guerre révolutionnaire a été entourée «d’une légende dorée pour laquelle (…) la France révolutionnaire avait été entraînée dans le conflit par les ennemis – tant intérieurs qu’extérieurs – qui rêvaient de l’anéantir». La vérité serait tout autre. C’est la raison pour laquelle Frank Attar entend «jeter un nouvel éclairage sur ces quelques semaines au cours desquelles, aussi rapidement qu’imperceptiblement, la nation française succomba à l’appel des armes» (pp.9-11).

L’historien détaille donc, d’abord, comment les Brissotins s’emparèrent du pouvoir dans le but de ferrailler contre les monarchies du Vieux Continent : après avoir «confisqué la voix de la Révolution» (p.49) pour s’en faire les figures de proue et s’en approprier l’esprit, les Girondins s’échinèrent à conquérir la légitimité à la fois «par le droit» (p.64) et «par le peuple» (p.136). Ceux-ci entendaient poursuivre la Révolution pour «rompre le lien entre la royauté et la France» (p.187), «construire une nation sans noblesse» (p.209) et «ouvrir les frontières de la liberté» (p.216).

Présentés comme «ignorants des réalités» (p.225) de l’époque, les Girondins inventèrent de «grandes trahisons» (p.245) et bénéficièrent d’«alliés objectifs» (p.253). Ce qui facilita la concrétisation de leur dessein : la «guerre de la liberté», dont Brissot disait en décembre 1791 qu'elle est «une guerre sacrée, une guerre commandée par le ciel, elle purifie les âmes. C'est au milieu des terreurs de la guerre libre que l'égoïsme disparaît, que le péril commun réunit toutes les âmes. Au sortir des combats, c'est une nation régénérée, neuve, morale» (p.221).

Faisant trop souvent fi du rôle des idées, l’auteur parait à la fois s’adonner aux facilités d’une illusoire conjuration orchestrée de bout en bout par «le parti de la guerre» et attribuer unilatéralement aux Girondins tous les torts, sans songer outre-mesure aux circonstances ni aux responsabilités de celui que Saint-Just nommera d'ici-peu «Louis Capet», de son entourage et des autres nébuleuses politiques siégeant à la Législative. Pis, Frank Attar semble assez paradoxalement faire montre d'angélisme en découvrant de quoi est constituée toute compétition politique, dans laquelle le calcul le dispute presque immanquablement à la conviction. De façon quelque peu abusive, l'historien clôt son propos en qualifiant le «projet politico-idéologique» girondin de «totalitaire» (p.321).


Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 15/06/2010 )
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