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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
| Alexis Neviaski Képi blanc, casque d’acier et croix gammée - Subversion et contre-espionnage au coeur de la Légion étrangère Fayard 2012 / 22.90 € - 150 ffr. / 406 pages ISBN : 978-2-213-66217-6 FORMAT : 15,3 cm × 23,5 cm Imprimer
Docteur en histoire, conservateur du patrimoine à la Direction de la mémoire du patrimoine et des archives du Ministère de la défense, Alexis Neviaski est un ancien officier de la Légion étrangère. Il vient de publier un ouvrage intitulé Képi blanc, casque dacier et croix gammée, paru chez Fayard, dans lequel il relate létrange combat que la France et lAllemagne se livrèrent, au cours de lentre-deux-guerres, dans le corps de la Légion étrangère française.
Cet ouvrage a été permis grâce à lapport des archives de Moscou : les services secrets français avaient en effet été volés durant la Seconde Guerre mondiale, puis emportés outre-Rhin par lAllemagne pendant le conflit ; après la défaite du Troisième Reich face aux Alliés, les précieux documents français furent saisis par les Russes.
De nombreux Allemands ayant été engagés au sein du corps de la Légion étrangère, lAllemagne y prit pied non seulement pour tenter de le neutraliser, mais aussi pour étendre son influence dans lempire colonial français. En infiltrant des Communistes ou des Nazis dans la Légion, lobjectif consistait à faire capituler ladversaire sans combattre en postulant en nombre pour tarir les effectifs de la Légion étrangère et en sattaquant au moral de la troupe pour atteindre son loyalisme. Il sagissait ni plus ni moins de déstabiliser lempire colonial français.
Les premiers Allemands qui frappèrent à la porte de la Légion étaient des réactionnaires, qui fuyaient la guerre civile en Allemagne. La République de Weimar navait pas réussi à instiller de stabilité politique, loin sen faut, et les conflits politiques étaient très violents. La Légion accepta ces recrues venues doutre-Rhin, car lAllemand était alors considéré comme un bon soldat, apte à leffort physique. A tel point quil y eut une sur-représentation des Allemands dans ce corps. La Légion se germanisa beaucoup.
La presse nazie se servit plus tard de la Légion pour renforcer son influence et elle tenta aussi de la discréditer. Les Allemands parlaient à cet égard de la mise en esclavage de leur peuple. On reprochait à la France de recruter sur un territoire souverain. Les Allemands firent courir le bruit que la Légion étrangère française subissait nombre de mutineries. Pour dissuader les recrutements, les Nazis essayèrent même de contrôler plus rigoureusement la frontière entre la France et lAllemagne sur le Rhin. Les mineurs allemands qui furent pris par les autorités allemandes durent aller en prison, avant dêtre ensuite redonnés à leurs parents.
Servir à la Légion étrangère française était donc considéré comme une infamie outre-Rhin. La Légion étrangère, explique Alexis Neviaski, était lobjet de véritables tentatives de subversion, de campagnes de dénigrement systématique, de démoralisation, de désertions, despionnage, denvoi dagents. Pour contrer ces manuvres, les procédures dengagement furent revues afin de développer lesprit de corps et aussi pour permettre aux légionnaires de retourner à la vie civile dans de bonnes conditions. En outre, un service de contre-espionnage fut mis en place. Ce fut une lutte sans merci.
Au fil des pages, lauteur dévoile comment des cérémonies, des rituels et finalement des traditions façonnèrent durablement les hommes ayant servi dans la Légion. On créa un hymne et le képi blanc fut rétabli en 1920. Avec la littérature, on sefforça par ailleurs de construire une véritable mémoire de la Légion. Toutefois, le rétablissement du service militaire en Allemagne à partir du 16 mars 1935 posa gravement problème à la Légion. La Gestapo, avec laide danciens Légionnaires amis, exerça une répression sur les Légionnaires et leur famille. Les anciens Légionnaires furent par la suite internés dans des camps à Kislau. La durée dinternement était variable et pouvait durer plusieurs mois.
Il sagissait de faire en sorte que le Légionnaire retrouve «lâme allemande». Peu à peu, les Légionnaires dorigine allemande devinrent des parias. Les autorités allemandes essayèrent de leur reprendre leurs pensions et de les désavantager financièrement, si les anciens Légionnaires parvenaient néanmoins à toucher leur dû. Les Allemands organisèrent des cellules qui visaient à faciliter la désertion des Légionnaires, en lien notamment avec la marine marchande allemande. En France, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les ressortissants allemands furent regroupés dans des centres comme par exemple le stade de Colombes en banlieue parisienne.
Un ouvrage passionnant et très sérieux.
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 16/10/2012 ) Imprimer | | |
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