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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Histoire d’une hérésie contemporaine
Jacques Prévotat   Les Catholiques et l’Action française. - Histoire d’une condamnation. 1899-1939
Fayard 2001 /  33,60 € - 220.08 ffr. / 742 pages
ISBN : 2-213-60333-2.

Préface de René Rémond, de l’Académie française.
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Les éditions Fayard publient une thèse attendue. Soutenue en 1994, à Nanterre, sous la direction de René Rémond, la recherche de Jacques Prévotat apporte une somme d’informations considérable sur l’Action française dans ses rapports avec Rome.

En 1926, le monde catholique français connaît une crise grave, rappelant les temps lointains du jansénisme et de Port-Royal : l’Action française, mouvement créé en 1898 et dirigé par Charles Maurras, est condamnée par le Vatican, alors sous l’autorité de Pie XI. Le chef d’accusation est au moins double : c’est le nationalisme de l’Action française - sorte de gallicanisme mis au goût du jour - et le paganisme de l’auteur d’Anthinea qui sont principalement visés. Vingt-six ans d’une histoire faite de proximité et de collaboration entre la ligue royaliste et le monde catholique sont alors remis en question. L’Action française a besoin d’une clientèle catholique. Rome peut compter sur le mouvement maurrassien comme sur un bras séculier français pugnace. Mais les deux univers s’opposent également.

Jacques Prévotat refait l’histoire de cette collaboration improbable, fondée sur un malentendu qui ne durera donc pas : au « Politique d’abord » de l’école maurrassienne s’oppose la « Primauté du spirituel », pour reprendre le mot de Jacques Maritain. Chaque épisode de cette rupture annoncée est traité avec un souci d’exactitude et du détail qui force l’admiration. 1926 est en effet l’aboutissement d’un processus complexe. En 1914 déjà, Pie X met en garde l’Action française, agacé par les menées nationalistes du groupement maurrassien. Mais ce n’est qu’en 1926 que Pie XI passe à l’acte, avant que Pie XII ne lève l’Index en 1939.

Cette condamnation pontificale de 1926, aujourd’hui quelque peu oubliée, est un événement important dans la vie politique, intellectuelle et spirituelle française de la IIIe République. C’est tout le mérite de Jacques Prévotat que de la remettre en avant, en portant une attention soutenue aux questions théologiques, politiques et sociales entourant la question. Comprendre la conjonction des élites françaises et de tout un pan de la population catholique nationale avec le mouvement maurrassien est la problématique guidant l’historien. L’anti-libéralisme et l’antidémocratisme partagés par les deux populations, réunies grâce à la personnalité de Maurras - ce « sourd qu’on écoute » selon Antoine Blondin - expliquent ce rapprochement dans un contexte de déchristianisation accrue.

La pugnacité et le prosélytisme de l’Action française des premières années, celles précédant la Grande Guerre, est une autre raison. Conjointement à d’autres études contemporaines sur ce mouvement, la thèse de Jacques Prévotat permet de comprendre l’importance aujourd’hui sous-estimée ou oubliée d’un groupuscule puissant en son temps. L’Action française polarise en effet, aux lendemains de l’affaire Dreyfus, la scène intellectuelle, politique et spirituelle française. Les stratégies de conquêtes, pour ce qui est des milieux catholiques, sont parfaitement décrites par l’historien. Le cas de Dom Besse, véritable agent recruteur, est en l’occurrence emblématique.

Si l’historien n’a pas pu avoir accès aux archives du pontificat de Pie XI - toujours fermées à ce jour -, il a en revanche consulté les fonds diocésains et les fonds d’archives des grandes congrégations religieuses romaines et françaises. Notons que l’ouverture des archives du Saint Office et de l’Index en 1998 a permis d’enrichir l’édition de la thèse par rapport à l’original. C’est donc une contribution importante que Jacques Prévotat livre à l’historiographie contemporaine. Cette thèse éclaire de manière décisive l’histoire intellectuelle, culturelle et politique de la France du premier XXe siècle et apporte de nombreuses réponses sur la culture politique traditionaliste française.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 02/04/2002 )
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