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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
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La première grande bataille du XXe siècle | | | Patrick Garreau 1914, une Europe se joue sur la Marne Economica - Campagnes et stratégies 2004 / 23 € - 150.65 ffr. / 250 pages ISBN : 2717849467 FORMAT : 16x24 cm
L'auteur du compte rendu : Agrégé dhistoire et titulaire dun DESS détudes stratégiques (Paris XIII), Antoine Picardat est professeur en lycée et maître de conférences à lInstitut détudes Politiques de Paris. Ancien chargé de cours à lInstitut catholique de Paris, à luniversité de Marne la Vallée et ATER en histoire à lIEP de Lille, il a également été analyste de politique internationale au ministère de la Défense. Imprimer
Tout le monde le sait : voici plusieurs années que la Première Guerre mondiale est à la mode. Les témoignages des acteurs, et en premier lieu des combattants, les études sur la violence et la brutalisation des sociétés quelle engendra, la quête frénétique dune «mémoire», dont on ne sait pas toujours très bien quoi faire lorsquon la trouvée, font désormais partie du paysage des librairies et du catalogue des éditeurs, au côté des biographies, des sommes et des synthèses. Mais on continue également de travailler et décrire sur un aspect plus traditionnel : celui de lhistoire militaire.
Cest ce qua fait Patrick Garreau, sur un sujet très classique, avec 1914, une Europe se joue sur la Marne. Il sagit, finalement en peu de pages, dune présentation et dune analyse très précises et très réussies des premières semaines de la guerre sur le front français.
Le sujet est classique, le plan aussi. Lauteur nous expose dabord la situation politique en Europe à la veille de la guerre, puis les plans dopérations et la doctrine de combat des deux principaux adversaires, la France et lAllemagne. Il présente ensuite les chefs, Joffre et von Moltke, et les armées quils vont diriger. On passe alors aux opérations elles-mêmes. Mobilisations et premiers combats jusquau 15 août, batailles des frontières du 16 au 23 août, repli français et invasion du territoire national du 24 août au début de septembre, contre-attaque et victoire de la Marne du 5 au 14 septembre. Avant de conclure sur limportance stratégique de cette victoire, qui en évitant à la France de perdre la guerre lui permettra de la gagner quatre ans plus tard, au prix dincroyables sacrifices, Patrick Garreau livre son point de vue sur quelques-uns des débats qui font tout le sel de lhistoire militaire. La retraite allemande du 10 septembre était-elle nécessaire, au vu de la situation sur le terrain, et les Allemands nont-ils pas perdu là une bataille quils pouvaient encore gagner ? Les Français, ne pouvaient-ils pas remporter une victoire encore plus nette, avec des conséquences opérationnelles vraiment décisives à court terme ? A la première question, arguments à lappui, il répond oui. A la seconde, non.
Le style de Patrick Garreau est sobre. Il décrit et analyse de manière concise et précise. Le militaire quil est, général de brigade 2S, apporte à lhistorien son expérience et son coup dil. Sans délaisser la tactique, il sintéresse surtout au commandement, à ce que lon nommait alors la stratégie. Au prix de quelques répétitions sans doute évitables, il explique laction et les choix de Joffre et de Moltke aux différents moments de la campagne. Il décèle les hésitations ou les erreurs dans leur conduite respective de leurs armées. Il explique dans quelles conditions furent prises les décisions, surtout celles qui savérèrent néfastes. Il souligne les mérites dans les succès et les responsabilités dans les échecs. Cette attention portée aux grands chefs montre que, à ses yeux, la victoire de la Marne fut dabord celle du commandement français sur son rival allemand. Cette campagne fut la première de lhistoire où saffrontèrent des armées aussi nombreuses, sur un théâtre aussi vaste et sous le commandement de deux généraux, entourés détats-majors très réduits. Elle illustre comment on était entré dans la guerre moderne avec des conceptions encore largement imprégnées des modèles napoléoniens. Doù limportance des choix des grands chefs. Si Joffre ne fut pas un génie, il commit moins de fautes que Moltke, il sut mieux corriger ses erreurs et apprécier la situation.
La dernière qualité de ce livre réside dans sa retenue. Patrick Garreau évalue, mais il résiste à la tentation tellement fréquente de juger, de faire de lhistoire pour régler des comptes ou pour se mettre en valeur. Il sait que la position de lhistorien est souvent plus confortable que celle de lacteur et que le rôle du premier consiste à savoir retrouver et exposer les conditions dans lesquelles a agi le second.
Antoine Picardat ( Mis en ligne le 01/03/2005 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Joffre de Roger Fraenkel Dictionnaire Perrin des guerres et des batailles de l'histoire de France de Jacques Garnier , Collectif Le Chemin des Dames de Denis Defente , collectif | | |
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