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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
| Bill Rawling Survivre aux tranchées - L'armée canadienne et la technologie (1914-1918) Athena 2004 / 29.90 € - 195.85 ffr. / 304 pages ISBN : 2-922865-31-2
L'auteur du compte rendu : Thérèse Krempp mène une recherche en doctorat à l'Ecole des hautes études en sciences sociales sur l'armée française d'Orient pendant la Première Guerre mondiale. Avec Jean-Noël Grandhomme, elle a publié Charles de Rose, pionnier de l'aviation de chasse (éditions de la Nuée Bleue, septembre 2003). Imprimer
La Première Guerre mondiale fut à lorigine dun développement technologique sans précédent et cette transformation radicale des instruments de guerre (apparition darmes nouvelles mais aussi perfectionnement des outils existants) entraîna une transformation des tactiques militaires.
Historien à la direction Histoire et Patrimoine du ministère de la Défense nationale du Canada, Bill Rawling nous propose ici la traduction dun ouvrage paru en 1992 à Toronto sous le titre Surviving Trench Warfare. Technology and the Canadian Corps, 1914-1918. Il analyse comment les forces britanniques, et plus particulièrement le corps darmée canadien, réussirent à faire face puis à vaincre larmée allemande sur le front de lOuest. Il sattache pour cela à létude de la relation entre les soldats et les outils de la guerre, et à lévolution de la tactique militaire qui en découle. Comme le souligne lauteur, le comportement des soldats canadiens face aux nouvelles techniques fut le même que celui des corps expéditionnaires britannique et américain, ainsi que des soldats français et allemands.
Louvrage est divisé en huit chapitres chronologico-thématiques qui couvrent toute la durée du conflit. Avant létude de lannée 1915 (deuxième bataille dYpres), le premier chapitre est en partie consacré aux leçons tirées par larmée britannique de la guerre des Boers et du conflit russo-japonais. B. Rawling évoque ensuite les difficultés rencontrées avec certaines armes déficientes (mitrailleuse Colt et carabine Ross entre autres) et leur remplacement progressif par un armement mieux adapté. Le corps expéditionnaire canadien, mal formé et mal organisé, sentraîna longuement (notamment avant et après la terrible bataille de la Somme) et les différentes tactiques doffensive et de défensive sadaptèrent petit à petit au potentiel destructeur des nouveaux armements. Le cinquième chapitre présente une analyse tactique très fouillée de la bataille de Vimy pendant laquelle lartillerie canadienne soutint linfanterie, en obéissant à un plan complexe comprenant cinq fonctions différentes.
La tactique canadienne, élaborée selon la méthode «feu et mouvement», fut utilisée lors de la bataille de Vimy et lors de la troisième bataille dYpres, ou Passchendaele, pendant laquelle les pertes humaines furent terribles (juillet-novembre 1917). Elle «permettait deffectuer une trouée dans des positions statiques de plus en plus profondes», mais les pertes encourues restaient élevées. Elle convenait bien à une guerre dusure, mais, à partir de 1918, les Canadiens se trouvèrent confrontés à un type de guerre différent, plus proche de la guerre de mouvement. Jusquà lété 1918, ils se préparèrent donc à cette guerre dun genre nouveau, «dans laquelle le corps darmée tout entier, et non plus la seule infanterie, ferait mouvement, et au cours de laquelle lavance se mesurerait en kilomètres plutôt quen centaines de mètres». Cette nouvelle méthode de combat trouva son application dans les offensives de 1918, sujets du dernier chapitre, qui virent le percement et leffondrement du front allemand.
Une intéressante présentation des sources, un index, et un tableau qui comptabilise, mois par mois, les pertes du corps darmée canadien, viennent compléter létude de Bill Rawling. A la fois clair et dense, cet ouvrage nous montre bien que lévolution de la tactique militaire fut, durant toute la guerre, «symptomatique de lévolution des rapports entre larmement et ceux qui en faisaient usage».
Thérèse Krempp ( Mis en ligne le 23/05/2006 ) Imprimer | | |
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