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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Vilnè, la ville disparue
Henri Minczeles   Vilna, Wilno, Vilnius - La Jérusalem de Lituanie
La Découverte - Textes à l'appui 2000 /  29.77 € - 194.99 ffr. / 496 pages
ISBN : 2-7071-3201-2
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Rien ne laisse deviner, à qui parcourt aujourd'hui l'Europe centrale et orientale, que des juifs y ont vécu pendant près de six siècles. C'est cet univers disparu que M. Minczeles fait revivre un moment, en évoquant l'histoire particulièrement complexe de l'actuelle Vilnius. Le récit clair et vivant n'est pas uniquement centré sur le judaïsme; si le regard porte plus particulièrement sur la Vilnè juive, il va bien au-delà sur l'ensemble de la ville et de sa région.

Depuis le XIVe siècle, Wilno était un ville polonaise, peuplée pour les deux tiers par les Polonais et pour un tiers par les Juifs. La campagne environnante était lituanienne et biélorusse. Les juifs de Wilno se définissaient comme des Litvaks, des juifs "lituaniens". Le terme prête d'ailleurs à confusion : le Litvak est un Juif ayant pour langue maternelle le yiddish, pour langue de relation extérieure le russe et habitant le territoire de l'ancien grand-duché de Lituanie - État ayant Vilnius pour capitale et le biélorusse pour langue de chancellerie -, soit la Lituanie, la Biélorussie et le nord de l'Ukraine.

Dans ce pays de confins, le sentiment identitaire était parfois confus. L'appartenance nationale avait moins de sens que la religion. La foi "polonaise" (catholique) s'opposait à la foi "russe" (orthodoxe). La frontière la plus hermétique séparait les catholiques des juifs. Dans l'élite juive du XIXe siècle, très russifiée, les conversions se firent à l'orthodoxie ou au protestantisme, jamais à la religion catholique.

C'est le XIXe siècle, justement, qui marque l'apogée de la communauté juive de Vilnius et le commencement de son déclin. Sous le règne d'Alexandre II, l'ouverture des lycées russes aux israélites entraîna un essor culturel exceptionnel, dont l'auteur nous brosse le tableau dans les première et troisième parties de son étude. C'est pour une grande part à Vilnius que se bâtissent le sionisme et le socialisme juif. La population juive commença à décroître vers 1890, suite aux pogroms et à l'émigration vers l'Europe occidentale et les États-Unis.

Le XXe siècle est l'âge des tourments. En 1918, la ville changea huit fois de mains. En 1919, elle passa sous domination polonaise. En octobre 1939, après la l'invasion et le partage de la Pologne, Vilnius et son district furent cédés par Staline à la Lituanie pour six mois... avant d'être récupérés par les Soviétiques en juin 1940 et envahis par les Allemands en juin 1941. Entre 1941 et 1943, les Allemands exterminèrent plusieurs dizaines de milliers de juifs de la région. En 1945, la ville était annexée à l'U.R.S.S. et attribuée à la République soviétique de Lituanie.

Ainsi, entre le Wilno de 1930 et celui d'aujourd'hui, y a-t-il bien peu en commun. À présent, la population de la ville est à 80 % lituanienne et à 10% russe, héritage de l'époque soviétique. La campagne demeure "polonaise", c'est-à-dire slave et catholique. Les Juifs ont presque entièrement disparu.

Il faut saluer la richesse de cet ouvrage, le très grand effort d'objectivité déployé par l'auteur et son absence de misérabilisme dans la description des événements les plus terribles. Cette pudeur et cette sobriété donnent à l'entreprise d'autant plus de force et de grandeur tragique.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 20/04/2000 )
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