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Les arcanes d’Arcadi
Arcadi Gaydamak   Le Revers de la médaille - Mémoires
Fayard 2010 /  18,90 € - 123.8 ffr. / 286 pages
ISBN : 978-2-213-65479-9
FORMAT : 13,5cm x 21,5cm

L'auteur du compte rendu : Sébastien Laurent est maître de conférences habilité à l'Université de Bordeaux et enseigne également à Sciences-Po Paris. Il a assuré de 2006 à 2010 la direction scientifique d'un programme de recherche de l'ANR consacré au renseignement. Il a publié récemment avec O. Forcade : Général Louis Rivet, Carnets du chef des services spéciaux 1936-1944 (Nouveau Monde éditions, «Le Grand jeu», 2010).
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Dans les années 1920, Bernard Grasset a dit la nécessité pour un éditeur de promouvoir la «vogue». Il en est ainsi depuis et la vogue, désuète, est devenue le «buzz». L’édition favorise ainsi la mode du très court terme, souvent porteuse d’ouvrages de circonstances. Le Revers de la médaille en est une parfaite illustration.

L’auteur a été condamné en 2009 à six mois de prison ferme dans le cadre du procès dit de l’Angolagate. M. Arcadi Gaydamak, absent lors du procès, avait fait appel par l’intermédiaire de son avocat : Le Revers de la médaille est à la fois une réponse à l’instruction, estimée à charge, du juge Philippe Courroye mais probablement également une partie de la future plaidoirie. Quoique le terme mémoires figure dans le sous-titre, M. Gaydamak a rédigé, avec la collaboration du journaliste Frédéric Ploquin, une récusation précise de tout ce que la rumeur publique lui attribue. Ce livre en défense pâtit un peu de sa forme constituée d’allers et de retours dans le temps, qui brouillent une vie passablement complexe. Mais comme de nombreux Mémoires, ce livre n’a pas pour objet de faire toute la clarté sur son passé. Néanmoins plusieurs faits important paraissent établis : A. Gaydamak a joué un rôle majeur sinon décisif en lien discret avec les autorités françaises pour la libération en 1995 des deux pilotes de chasses abattus au-dessus de la République serbe de Bosnie, et en 1997 pour celle de quatre otages français de l’ONG Equilibre détenus dans la Caucase. Par nature, les discussions ayant permis cette libération sont demeurées secrètes mais le déroulement du procès de l’Angolagate n’a pas remis en cause le rôle joué par A. Gaydamak qui fut fait chevalier du Mérite en 1996. Enfin, sur un troisième point qui a entraîné la condamnation de 2009, il reconnaît avoir vendu des armes à l’Angola tout en avançant que l’opération n’a pas été effectuée depuis le territoire français et qu’il ne peut pas à ce titre être accusé d’avoir enfreint la loi.

S’il s’agit là d’un argument qui est aussi un point de droit et qui est à lui seul l’une des motivations du livre, Le Revers de la médaille est plus que cela. On y découvre en effet un personnage pour le moins étonnant. Tel un Rastignac mondialisé des temps modernes, Gaydamak, confronté à l’antisémitisme de la société et du système soviétiques, a quitté l’URSS natale en 1972 à l’âge de 20 ans pour s’installer en France sans argent. Il dit avoir révéré ce pays et ce sentiment transparaît fortement dans son ouvrage. Commençant par des «petits boulots» manuels, il est ensuite devenu en moins d’une quinzaine d’années un entrepreneur florissant dans des secteurs économiques aussi variés que le bâtiment ou la traduction. La disparition de l’Union soviétique a permis à Gaydamak d’accéder à la fortune, l’entrepreneur devenant un intermédiaire permettant notamment l’écoulement des stocks d’armement de l’ex-Armée rouge. On peinerait à faire une liste complète de tous les biens qu’il a achetés ou vendus dans les années 1990.

Ce livre permet de comprendre très concrètement ce qu’est un broker dans les affaires. Le Revers de la médaille contient ainsi des pages passionnantes sur la fin de l’URSS et sur son insertion dans l’économie capitaliste, sur le rôle de Pierre Falcone dans l’Angola des années 1990 ou encore sur le rôle majeur des intermédiaires dans le négoce international. Comme dans le reste du livre, la dimension subjective est forte mais A. Gaydamak parvient à restituer l’atmosphère particulière de l’URSS agonisante et de la Russie capitaliste émergente. Mais il y a plus que l’argent chez ce personnage qui tenta en vain en 2007-2008 une carrière politique en Israël où il avait trouvé refuge. Près de deux décennies de l’histoire post-soviétique sont évoquées dans un tourbillon d’événements entre lesquels les liens ne sont pas a priori toujours évidents. Chaque page ou presque fait naître une question et l’on ne pourra qu’être surpris par la multiplication des hasards – naturellement fortuits – dans les files d’attente ou dans les aéroports.

On est là dans un imaginaire mais aussi dans une réalité communs au monde de la coulisse : arcana imperii. Tout ceci dégage un certain charme mais ne répond pas à la question la plus importante : qu’est-ce qui fait courir Arcadi ?


Sébastien Laurent
( Mis en ligne le 11/01/2011 )
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