| Jeremy Black Les Grands chefs militaires et leurs campagnes La Martinière 2008 / 49 € - 320.95 ffr. / 304 pages ISBN : 978-2-7324-3787-3 FORMAT : 28cm x 33cm
Traduction de Christophe Jaquet.
L'auteur du compte rendu: Gilles Ferragu est maître de conférences en histoire contemporaine à luniversité Paris X Nanterre et à lIEP de Paris. Imprimer
On sait depuis Clausewitz que la guerre nest quun prolongement de la politique
mais assurèment, la politique, domaine de lémotion, noffre pas de construction rationnelle aussi satisfaisante quune bataille. A cet égard, la guerre, exercice stratégique et tactique, lui est supérieure, en ce quelle prétend à une rationnalité qui serait celle du jeu déchec («Il faut en finir avec la neutralité du jeu déchec», disait Goebbels, comme un écho lointain ). Et le joueur le plus doué, qui sait mêler logique et imagination est, en loccurrence, le stratège victorieux, le chef de guerre, environné dune aura quasi mystique.
Cest à ce personnage singulier que Jeremy Black, à la tête dune équipe dhistoriens chevronnés du fait militaire, consacre un bel et beau volume, explorant les destins, les campagnes et les batailles de quelques 59 chefs et stratèges militaires (plus de nombreux encarts pour les généraux moins cotés), depuis la Perse de Cyrus jusquau général vietnamien Giap
une liste respectable qui voit défiler les plus grands noms, tant de chefs politiques (Charlemagne, Alexandre, César, Auguste, Tamerlan
) que de soldats (Nelson, Grant, Manstein
) Mais quid des stratèges grecs - à commencer par Epaminondas - de lart (sic) de la guerre ?
Et la présentation est, comme de coutume pour les ouvrages de cette maison, impeccable : divisé en 4 parties chronologiques (époques antique, médiévale, moderne, contemporaine), le plan mêle orient et occident, terre et mer, et fait voisiner Charlemagne et Gengis khan, avec un passage au sein de larmée enterrée de lempereur Qin. Un bel objet assurément, cadeau idéal pour les amateurs dhistoire militaires et de faits darmes. Quon en juge : chaque portrait, de 2 à 8 pages, propose, outre un commentaire scientifique de présentation établi par un spécialiste, quelques illustrations comprenant photographie ou peinture, appareil cartographique (sur le principe quune bataille suppose déjà une campagne et une stratégie globale), une iconographie des batailles, et des sites (Hastings, petit bijou de la campagne anglaise, ou encore le krach des chevaliers
), des reproductions darmes, darmures, de vaisseaux
Outre le chef victorieux, les auteurs se sont attachés à développer le contexte et le «décor» de la bataille, lécrin dirait-on. À cet égard, il est difficile de prendre louvrage en défaut et le plaisir de lecture est constamment au rendez-vous. La guerre est donc jolie
Un bel ouvrage, une synthèse réussie, qui laisse une bonne impression dexhaustivité (même si les Rommel, Guderian
auraient mérité plus quun encart). 545 illustrations, des cartes de campagnes à foisons, des schémas de bataille à chaque chef mentionné : une belle illustration de ce que la vulgarisation intelligente, en histoire militaire, sait produire. Il ne sagit certes pas dune étude sur la stratégie à la Liddell Hart, mais plutôt, dans la foulée de louvrage de John Keegan, sur quelques grands chefs de guerre. On regrettera la bibliographie exclusivement anglo-saxonne (notamment pour certains chefs français), mais louvrage sadresse, il est vrai, à lorigine, au public anglo-saxon
Noël approche, et même les amateurs de guerre ont droit à un cadeau
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 23/12/2008 ) Imprimer
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