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L’auberge qui devint une grande ville
Dirk Van der Cruysse   Le Cap
Fayard 2010 /  26 € - 170.3 ffr. / 600 pages
ISBN : 978-2-213-63237-7
FORMAT : 15,5cm x 23,5cm

L'auteur du compte rendu : Hugues Marsat est agrégé d'histoire. Enseignant dans le secondaire, il mène parallèlement des recherches sur le protestantisme aux XVIe-XVIIe siècles.
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Publier une histoire de la ville du Cap en cette année de coupe du monde sud-africaine revient à profiter de l’occasion. Par-delà la motivation commerciale, force est de reconnaître que l’ouvrage n’a rien de bâclé comme cela peut arriver et qu’une histoire du Cap vient enrichir la collection en présentant un réel intérêt. L’auteur, Dirk van der Cruysse, professeur aujourd’hui émérite à l’Université d’Anvers, ne s’est pas contenté de faire une synthèse des ouvrages sur une ville qu’il a déjà visitée. Il recourt à la documentation originale qu’il cite abondamment jusque sur les rabats de la couverture selon une pratique qui semble ancrée dans la collection désormais, et qu’il connaît très bien pour avoir déjà publié plusieurs récits de voyage aux Indes sur la route desquelles Le Cap a tôt fait de devenir une escale utile, si ce n’est nécessaire.

Justement, fournir une escale utile est le but premier poursuivi par les fondateurs, les directeurs de la fameuse V.O.C. (Vereenigde Oost-Indische Compagnie), après une longue hésitation de leur part. Il ne s’agit pas de coloniser mais de fournir aux navires qui font des trajets entre les Indes et l’Europe, un point de ravitaillement en eau et en produits frais au milieu du voyage, tout en fournissant un abri pour les navires aux abords du terrible Cap de Bonne Espérance.

Cependant, les directeurs n’entendent nullement qu’il soit un gouffre pour leurs précieux florins : il ne s’agit pas de distraire vers l’Afrique des investissements plus profitables en Asie ou des bénéfices plus à leur place dans leurs coffres mais juste de bâtir une auberge et de cultiver des jardins. S’ils se résignent en 1650 à financer l’établissement, c’est bien pour éviter que d’autres, Anglais ou Français, n’occupent un emplacement si favorable, par ailleurs connu des Européens depuis que les Portugais y ont débarqué en 1503, même si les contacts avec les autochtones Xhosas ne sont pas toujours faciles, comme l’illustre le tableau du massacre des Portugais en 1510 placé dans la couverture du livre.

La politique initiale est suffisamment importante pour être signalée, car jusqu’à 1795, année où les Anglais s’emparent de la ville, celle-ci reste sous le contrôle de ces messieurs de la Compagnie qui ne manquent pas de rappeler régulièrement que le but n’est pas de construire une ville, même si paradoxalement ils autorisent ponctuellement quelques individus à s’y installer définitivement, comme c’est le cas pour des huguenots après la révocation de l’édit de Nantes. Le Cap grandit, et Dirk van der Cruysse n’en néglige absolument pas l’urbanisme, bien au contraire, puis essaime, donnant naissance à d’autres villes.

Cette période de l’histoire du Cap, histoire d’une colonisation qui ne devait pas en être une, est d’autant plus essentielle que c’est alors que se dessinent puis se codifient les premiers rapports entre les Européens et les Xhosas, qui mènent à l’Apartheid. Aussi ne faut-il pas s’étonner que Dirk van der Cruysse consacre presque la moitié de son ouvrage à cette époque.

Quand l’arrivée des Britanniques brise les coutumes locales, notamment en abolissant l’esclavage, et amène progressivement ceux qui deviennent des Afrikaners à quitter la colonie dans un grand Trek, Le Cap s’anglicise et prospère dès lors non plus seulement grâce à la route maritime mais aussi au gré de la découverte et de l’exploitation de l’Afrique australe. C’est donc bien au pied de la montagne de la Table, dans ce qui ne devait être qu’une auberge, que se constitue par vagues successives les composantes de la Nation Arc-en-Ciel chère à Desmond Tutu. L’Afrique du Sud contemporaine nait au Cap.


Hugues Marsat
( Mis en ligne le 20/07/2010 )
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