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Téléologique
Serge Métais   Histoire des Albanais - Des Illyriens à l'indépendance du Kosovo
Fayard 2006 /  25 € - 163.75 ffr. / 450 pages
ISBN : 2-213-62894-7
FORMAT : 16,0cm x 24,0cm
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Serge Métais est un ami sincère des Albanais ; contrairement à ce que le titre de son ouvrage pourrait laisser supposer, il ne s’agit pas d’une monographie de l’histoire de ce peuple, mais d’un plaidoyer en faveur de l’indépendance du Kosovo. Cette thèse est pourtant loin de faire l’unanimité au sein de la communauté internationale. L’auteur objecte que la volonté de la grande majorité des Albanais du Kosovo est celle d’une véritable indépendance, dans le cadre d’une république qui d’ailleurs existe clandestinement depuis 1990.

Cet ouvrage, excellemment renseigné sur le mouvement indépendantiste kosovar, très documenté également sur l’histoire balkanique, souffre cependant d’un très net parti pris en faveur d’une des nombreuses nationalités qui occupent la péninsule. L’auteur, entrepreneur en Europe de l’Est après avoir enseigné aux Etats-Unis, s’improvise visiblement historien des Balkans. Cette Histoire des Albanais présente ainsi un travers classique de la littérature occidentale consacrée aux Balkans : celle d’un engagement aveugle en faveur d’une nationalité, promue ainsi au rang de pet nationality, ou nationalité mascotte, selon l’expression inventée en Grande-Bretagne au début du XXe siècle pour qualifier les différentes manies des voyageurs de retour des Balkans.

Plusieurs chapitres sont ainsi consacrés aux origines plus ou moins mythiques du peuple albanais, avec un leitmotiv : la présence albanaise est antérieure à celle des Slaves, arrivés au VIe siècle. Même si le propos est prudent, une telle insistance peut surprendre : le but de l’ouvrage semble résider dans la proclamation de «droits historiques» du peuple albanais. Cette position ethnocentrique interdit à l’auteur d’adopter une position objective sur la question kosovare, qui constitue le fond du problème. Il présente ainsi comme inéluctables l’indépendance du Kosovo en 2006 et son entrée, conjointement à l’Albanie et aux autre pays balkaniques, dans l’Union Européenne avant 2015. Ce destin rêvé est présenté comme une nécessité historique, une réparation morale pour un peuple albanais victime de l’histoire. Cette victimisation s’appuie sur les malheurs réels des Albanais ; elle fait bon marché, cependant, du reste des Balkans, dont elle oublie le destin commun. La distinction entre les mauvais nationalismes grec et serbe, jacobins et agressifs, et un nationalisme albanais défensif, est ainsi particulièrement choquante. C’est pourtant cette vision ontologique et téléologique qui sous-tend l’ensemble de l’ouvrage.

Pour Serge Métais, l’Occident a trahi ses valeurs en tolérant la «machine infernale» du rouge-brun Milošević. Que Milošević ait été un dictateur sanglant, cela n’est pas contestable. Cependant, l’auteur a tôt fait de qualifier de génocidaire la politique serbe au Kosovo. Curieusement, ce n’est que lorsque l’UÇK, l’armée de libération nationale kosovare, passe à l’action, que Belgrade tombe le masque et entreprend le génocide, heureusement empêché par une Amérique qui passe outre la pusillanimité des Européens de l’Ouest.

Le lecteur français ne peut certes que ressentir de la sympathie pour un peuple constamment agressé ; pourtant, les rôles de bourreau et de victime ne sont pas attribués une fois pour toutes par le destin. Le sort de la minorité serbe du Kosovo, à son tour exposée aux exactions, le montre bien. Plutôt qu’à des règlements de comptes historiques et à des redécoupages frontaliers, il est urgent de se consacrer à la recherche de solutions juridiques originales pour permettre la coexistence de nationalités diverses sur un même territoire.


Frédéric Jammes
( Mis en ligne le 04/10/2006 )
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