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Histoire & Sciences sociales -> Biographie |
| Arnaud Teyssier Louis-Philippe - Le dernier roi des français Perrin 2010 / 23 € - 150.65 ffr. / 450 pages ISBN : 978-2-262-03271-5 FORMAT : 15,6cm x 24,1cm
L'auteur du compte rendu : Agrégé, Pierre Triomphe a soutenu une thèse sur «Les mises en scène du passé au Palais-Bourbon (1815-1848). Aux origines dune mémoire nationale». Il a publié LEurope de François Guizot (Privat, 2002). Imprimer
Louis-Philippe a régné durant près de dix-huit années, ayant ainsi une longévité supérieure à celle de tous les autres chefs de lEtat français depuis la Révolution, Napoléon III excepté. Cest à une réflexion sur ce règne que nous invite Arnaud Teyssier, comme le souligne le sous-titre de son ouvrage, «Le dernier roi des Français». Il ne sagit donc pas dune biographie classique, mais plutôt dune réflexion sur le rôle dun homme de pouvoir et sur une ligne politique, le «juste milieu» ou «lorléanisme». Cette tendance politique est souvent davantage associée aux milieux entourant le roi, et notamment à la bourgeoisie daffaires, quà Louis-Philippe lui-même. Arnaud Teyssier veut montrer le rôle premier du souverain et vise explicitement à le réhabiliter malgré sa chute lors dune «révolution du mépris» qui ternit encore son image.
Selon lauteur, Louis-Philippe na eu de cesse de vouloir «réparer» la société française, c'est-à-dire lui permettre de trouver un équilibre nouveau afin de concilier les acquis de la révolution française - liberté individuelle et égalité devant la loi - avec lordre public. Ce dernier doit être assuré par un pouvoir central fort dont la solidité est garantie par laction personnelle du monarque, qui ne se contente pas de régner, mais joue également un rôle actif dans le gouvernement, particulièrement dans le domaine des affaires étrangères, mais également, de façon souvent souterraine, en participant aux manuvres parlementaires et ministérielles. Les talents tactiques de Louis-Philippe lui assurent progressivement une influence croissante sur les différents ministères quil nomme avec laccord de la Chambre des députés. A partir doctobre 1840 et de larrivée de Guizot au pouvoir, il découvre un homme qui le complète et lui permet de parfaire sa politique, dont les limites se dévoilent au grand jour à loccasion de la révolution de Février. Une des raisons de cet échec est lincapacité du souverain à résorber la fracture mémorielle entre les deux France, en dépit dune politique active en ce sens, dont la célèbre galerie des batailles à Versailles, visant à célébrer la gloire militaire française, aussi bien monarchique que révolutionnaire, est sans doute le meilleur exemple.
La lecture de cet ouvrage destiné plus au grand public quaux érudits est aisée et dans lensemble agréable. On remarque cependant un certain nombre derreurs, le plus souvent secondaires : lauteur oublie ainsi que «Louis XVII» comme le comte de Chambord avaient chacun une sur aînée, il fait de Lamartine le leader de lopposition en 1843
Lexplication de certains événements historiques prête parfois à discussion, ainsi les mentions de la révolte des canuts de 1831 ou de la complexe affaire des mariages espagnols à la fin du règne.
Louvrage sappuie peu sur les sources archivistiques, davantage sur les témoignages de contemporains, souvent bien connus comme ceux des différents membres de la famille royale, épistoliers assidus et parfois diaristes ou mémorialistes informés, ou comme ceux de proches de celle-ci à linstar de la comtesse de Boigne. Il contient aussi de nombreuses indications historiographiques intéressantes, quoique non exhaustives. Nombreuses dans les premières pages, elles sont complétées par les indications bibliographiques finales, agrémentées dun long commentaire qui leur donne sens. Lauteur a cependant parfois tendance à forcer le trait dans ses critiques, notamment lorsquil éreinte la dernière biographie de référence du roi des Français, publiée par Guy Antonetti en 1994. La réflexion déployée dans les différents chapitres est agrémentée de citations pertinentes de spécialistes de la période, parfois oubliés aujourdhui. Outre Guglielmo Ferrero, dont Arnaud Teyssier reprend nombre de réflexions, on saluera les références au grand dix-neuviémiste Georges Weill.
Pierre Triomphe ( Mis en ligne le 26/10/2010 ) Imprimer
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