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14-18 : sur la mer, du nouveau
Bertrand Larrera de Morel   L'Amiral Lacaze - Ministre de la Marine de la Grande Guerre (1915-1917)
Editions Christian 2004 /  23 € - 150.65 ffr. / 160 pages
ISBN : 2-86496-123-7
FORMAT : 16x24 cm

L'auteur du compte rendu: Agrégé et docteur en histoire, Jean-Noël Grandhomme est l'auteur d'une thèse, "Le Général Berthelot et l'action de la France en Roumanie et en Russie méridionale, 1916-1918" (SHAT, 1999). Il est actuellement PRAG en histoire contemporaine à l'université "Marc Bloch" Strasbourg II.
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Si ceux que l’on appelait dans l’entre-deux-guerres les «grands chefs» de l’armée française de 1914-1918 sont l’objet aujourd’hui du désintérêt, voire du dédain des historiens – en dehors de Pétain et de Lyautey –, que dire alors des officiers généraux de la marine de l’époque ? En dehors du Dictionnaire des marins français d’Etienne Taillemite, de quelques articles et de travaux universitaires (maîtrises, thèses en cours) non publiés, rares sont en effet les études récentes consacrées au corps des officiers de marine et encore moins à celui des officiers de la marine (c’est-à-dire les ingénieurs, mécaniciens, commissaires). Tout juste les médecins suscitent-ils une certaine production scientifique, à la confluence de l’histoire des voyages, de la colonisation et de la science (en témoigne la thèse en cours de Francis Grandhomme sur Jules Crevaux). Même celui qui fut autrefois une figure bien connue de tous les Français, l’amiral Ronarc’h, «héros» des combats de la course à la mer avec ses fusiliers marins à l’automne de 1914, est aujourd’hui à peu près tombé dans l’oubli.

C’est pourquoi il faut saluer la biographie que Bertrand Larrera de Morel, inspecteur général des finances, consacre à l’amiral Lacaze, personnage important non seulement de la marine mais aussi de la vie politique de la Troisième République. Passé par la voie royale – l’école navale de Brest, c’est-à-dire le navire-école Borda, qui forma des générations d’officiers -, Lacaze participe d’abord à l’expansion coloniale de la France, servant en Tunisie, en Egypte (qui reviendra finalement aux Anglais en 1882), à Madagascar, au Sénégal, au Tonkin et au Levant. Le parcours du personnage est fort judicieusement prétexte pour l’auteur à d’intéressantes digressions portant notamment sur le vif débat théorique qui oppose alors les «conservateurs» de la Royale à la «jeune école» ou encore sur les aspects de plus en plus techniques du métier (notamment «l’art» du torpillage).

Mais Lacaze est également un «homme d’influence», d’abord en sous-ordre comme attaché naval à Rome (1905-1907) et dans l’ombre de Delcassé, dont il devient finalement le chef de cabinet au ministère de la Marine (1911-1913). Au cours de la Grande Guerre, il est confronté à la menace austro-allemande en Méditerranée (surtout à la guerre sous-marine) et contribue à une organisation rationnelle et efficace des convois (en direction du front de Salonique notamment) ; il joue aussi un rôle important dans les affaires de Grèce, pays déchiré entre les partisans de l’Entente et ceux des Puissances centrales.

Toujours à mi-chemin entre ses fonctions de commandement et la diplomatie, entre la réserve exigée du militaire et un engagement qui peut être jugé politique, il assume les fonctions de ministre de la Marine dans le cabinet Briand entre novembre 1915 et mars 1917. Il consacrera sa retraite, fort longue puisqu’il atteindra l’âge vénérable de 95 ans (il meurt en 1955), au rayonnement culturel de la France et à la défense des missions catholiques outre-mer.

Dans cette biographie enlevée, sans doute par endroit un peu trop hagiographique (mais n’est-ce pas souvent la loi du genre ?), Bertrand Larrera de Morel redonne toute leur place aux marins dans une Grande Guerre qui, dès 1918, ne se résumait dans l’esprit des Français qu’à la boue des tranchées. On ne peut qu’espérer qu’il poursuive dans la même voie (ou qu’il suscite des vocations) en se penchant sur le destin d’hommes tels que Ronarc’h, Guépratte, Dartige du Fournet ou Merveilleux du Vignault, autres amiraux de la Grande Guerre qui mériteraient eux aussi leur biographie.


Jean-Noël Grandhomme
( Mis en ligne le 05/05/2004 )
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