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Monsieur de Saint-Simon
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Saint-Simon, monstre historique et littéraire
Georges Poisson   - 5e édition revue et augmentée
Nouveau monde 2007 /  14 € - 91.7 ffr. / 775 pages
ISBN : 978-2-84736-233-6
FORMAT : 13,0cm x 19,0cm

L'auteur du compte rendu : archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié : Les Demeures du Soleil : Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (Champ Vallon, 2003).
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Tout historien du «Grand Siècle» ou de l’ancienne société de cour doit un jour ou l’autre affronter ce monstre historique et littéraire : les Mémoires du duc de Saint-Simon, qui embrassent les années 1691 à 1723 et comportent, dans leur meilleure édition, celle dite de Boislisle, pas moins de soixante volumes. L’entrée dans ce monument ne se fait pas sans méfiance, car dès la fin du XIXe siècle ses exégètes ont mis en évidence la partialité extrême de l’auteur, voire un certain penchant à l’affabulation. Critique de Louis XIV, critique de Versailles, observateur féroce des élites de son temps, Saint-Simon passe pour la «mauvaise langue» du Grand Siècle, et son témoignage perd de ce fait en crédibilité ce qu’il gagne en agrément de lecture.

Une biographie du mémorialiste était indispensable pour donner les clefs d’une véritable approche critique des Mémoires comme source historique. Cette enquête, Georges Poisson l’a effectuée il y a déjà plus de trente ans et l’a depuis constamment remise à jour. Appuyée sur les recherches de plusieurs historiens, au premier rang desquels Mme Hélène Himelfarb, sur les travaux impulsés depuis 1971 par la Société Saint-Simon, elle confronte le témoignage des Mémoires, qui ne sont pas des mémoires intimes, avec les récits des contemporains, les correspondances de Saint-Simon et de ses familiers, les archives administratives ou domaniales où il apparaît, les lieux, les décors et les objets qu’il a connus.

De cette confrontation ressortent plusieurs résultats décisifs pour la compréhension de l’œuvre littéraire de Saint-Simon. Fils de vieux, élevé dans la nostalgie du règne de Louis XIII, Louis de Rouvroy, vidame de Chartres puis duc de Saint-Simon, s’est toujours complu dans la fréquentation des survivants des temps passés ; il a procédé à une sorte d’enquête d’histoire orale avant la lettre, dirigée vers les générations de courtisans qui avaient précédé la sienne. Son témoignage sur l’époque dont il n’a pas été directement acteur (les années 1660 à 1700), sujet à caution, garde donc une indéniable valeur de document d’ambiance.

Au tournant du siècle, le jeune duc (il est né en 1675) entre en rapport direct avec des personnalités de premier plan : le duc de Chartres, futur régent, les ministres Pontchartrain et Chamillart et d’autres dignitaires civils, militaires et ecclésiastiques. En 1715, avec la mort de Louis XIV, il accède enfin au pouvoir, dans le sillage du régent et entre au Conseil de régence. Les travaux les plus récents tendent à montrer que pour la période qui court de 1700 à 1723, son récit, puisé aux meilleures sources, est généralement digne de foi. Il s’agit même d’une source quasi directe de certains débats gouvernementaux.

On sait que Saint-Simon, dont le nom est attaché au Grand Siècle, est en fait un écrivain des Lumières, puisqu’il rédige ses Mémoires dans les années 1730 et 1740, une génération après les faits, et cela a conduit à imputer certaines erreurs à la distance du temps. Georges Poisson montre cependant que le mémorialiste a commencé à écrire très tôt, dès l’adolescence, et n’a plus jamais posé la plume. Avant les Mémoires, il y eut maintes relations, maints mémoires, maints travaux historiques et cérémoniels ; il y eut aussi des «pré-mémoires» et bien sûr les annotations au Journal du marquis de Dangeau. Si la vision de Saint-Simon – son «optique» pour employer la formule d’Yves Coirault – est déformante, le temps n’en est pas la cause, mais bien la passion propre à l’écrivain.

Monsieur de Saint-Simon démontre aux historiens qu’il faut prendre Saint-Simon au sérieux, quitte à mettre en évidence ses erreurs, ses approximations, ses interprétations tendancieuses, à faire la part du fantasme et celle de l’idéologie. Sa valeur historique n’est pas moindre que sa valeur littéraire. La lecture attentive des Mémoires demeure le point de départ de tout travail sur le règne de Louis XIV, à mettre en parallèle avec ces monuments moins illustres que sont les journaux de Dangeau et de Sourches, et surtout avec les archives de l’Etat et des particuliers. Au-delà, il y a le plaisir que procure un style exceptionnel et intemporel, un style qui a fécondé un autre monument de notre littérature : La Recherche du temps perdu.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 06/09/2007 )
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