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La vie de château
Bruno Botella   Petits secrets et grands privilèges de l’assemblée nationale
Editions du Moment 2013 /  16.50 € - 108.08 ffr. / 173 pages
ISBN : 978-2-35417-172-8
FORMAT : 14,2 cm × 21,2 cm
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«Si la démocratie n’a pas de prix, elle a un coût» et l’opulence du Palais-Bourbon en témoigne. Bruno Botella, rédacteur en chef du mensuel Acteurs Publics, mène une enquête indépendante et sans concession sur les us et coutumes de notre Assemblée Nationale ; il en dévoile le fonctionnement archaïque incontrôlé ou plus exactement, opportunément partiellement contrôlé. Une analyse édifiante qui milite pour une transparence des institutions.

Quasiment sacralisés dès leur entrée sous les dorures du Palais Bourbon, les fonctionnaires et députés ne résistent pas à la tentation : salaires mirobolants, dépenses somptuaires… tous participent pleinement à un jeu de castes asservi aux privilèges et soutenu par les questeurs. L’attitude d’une Marylise Lebranchu qui sermonne un haut magistrat de la Cour des comptes présentant son rapport sur la débauche d’argent et de luxe de l’Assemblée est révélatrice du symptôme de cette cage dorée : sans scrupules, elle et ses collègues, Philippe Briand et Yves Michel, sont totalement inconscients des privilèges et s’offusquent de l’outrecuidance d’un tel rapport ! La cour des comptes ne remettra plus les pieds à l’Assemblée. Incapables d’adapter leur mode de fonctionnement à une organisation rationnelle, ces députés tentent en vain de justifier les salaires et primes des 1250 fonctionnaires. Aux motifs aussi absurdes que devoir de confidentialité, des heures supplémentaires de nuit, ou pour des tâches aussi importantes que de jouer le pigeon voyageur entre les rangs de l’Assemblée, les salaires dépassent de 75 à 150% la moyenne des fonctionnaires nationaux, de 77% celle de leurs collègues allemands et 1,5 fois celle des anglais... Si tous les fonctionnaires assumant des missions confidentielles et de nuit étaient rémunérés au même niveau, ce serait la gabegie générale.

Dès lors, mieux vaut savoir présenter les bilans de manière positive et si possible opaque et ça tombe bien, l’Assemblée excelle dans ce genre d’exercice : par un tour de passe-passe magique, elle valorise une baisse de ses effectifs (-1,5 %) afin de coller aux objectifs gouvernementaux. Or, comme le souligne l’auteur toujours très lucide, c’est oublier l’augmentation concomitante de 3 millions € en charges du personnel : en effet, de 1997 à 2010, les heureux fonctionnaires de l’Assemblée ont vu leurs rémunérations augmenter de… 35,2% ; avec une fourchette allant de 17 750€ à 200 000 € /mois pour les 24 plus hauts fonctionnaires et les deux secrétaires généraux. Tous (fonctionnaires et députés) bénéficient de prêts bonifiés pour un montant de 127,85 millions € d’encours. Le financement de l’autre privilège, leur très avantageux régime de retraite, risque d’être explosif, mais ce sera pour plus tard. Pour l’heure, le calme règne à l’Assemblée.

Sachant qu’aucun fonctionnaire n’est censé disposer d’un véhicule de fonction avec chauffeur, la gestion du parc automobile laisse perplexe : 53 chauffeurs pour 86 voitures (1350000 km/an pour trois jours de sessions par semaine sur 9 mois…) + une douzaine de motos et une autre de vélos. Malgré la cinquantaine d’emplacements de parking dont elle dispose en biens propres, l’Assemblée loue 142 places supplémentaires dans les quartiers les plus chers de la capitale (343 000 €). Face à la démesure de ces moyens, comment expliquer la facture annuelle de taxi (1,28 millions €) ainsi que celle de la RATP : 230 000 € pour 400 Pass Navigo… Aux voyages en train et en avion s’ajoutent les vacances-voyages, subtilement intitulées «familiarisation outre-mer» toujours au frais du contribuable. L’auteur relate également les dépenses somptuaires qui caractérisent ce fonctionnement : l’institution aime l’art et investit – toujours largement - dans les œuvres qu’elle oublie même de négocier. Alors que l’installation d’une simple livebox à 30 € est envisageable, l’Assemblée sous-traite à 40 000€ ; de même, face aux offres commerciales compétitives, le forfait téléphone/internet des députés reste inchangé (6 150€/an). Tout est prévu pour devancer leurs désirs : salle de remise en forme (coût d’entretien 125 000€/an), coiffeur dont les prix imbattables nécessitent un renflouement régulier (26 000€/an). L’auteur poursuit son exploration par un savoureux chapitre sur les logements de fonction intitulé «La vie de château». Et pour cause…

Assise sur son tas d’or, dont l’origine est parfaitement expliquée dans cet ouvrage, l’Assemblée dispose au final d’un trésor de guerre de près de 300 millions d’euros qui génère chaque année un bénéfice de 50,1 millions d’euros et malgré cela, l’Etat continue de lui allouer 500 millions d’euros par an. Une telle débauche de moyens, une telle opacité dans les comptes et un tel train de vie, ne font que nourrir l’antiparlementarisme...


Marie-Claude Bernard
( Mis en ligne le 19/03/2013 )
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