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Une licorne en politique : le socialisme libéral
Serge Audier   Le Socialisme libéral
La Découverte - Repères 2006 /  8.50 € - 55.68 ffr. / 121 pages
ISBN : 2-7071-4711-7
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

L'auteur du compte rendu: Guy Dreux est professeur certifié de Sciences Economiques et Sociales en région parisienne (92). Il est titulaire d'un DEA de sciences politiques sur le retour de l'URSS d'André Gide.
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"Social libéralisme", "libéralisme social", "socialisme libéral" sont trois expressions souvent confondues pour désigner, la plupart du temps, la conversion des partis socialistes européens au libéralisme économique. En fonction des options choisies ces termes prennent une connotation plus ou moins péjorative. Mais d'où viennent-ils réellement ? Désignent-ils uniquement la fameuse troisième voie blairiste ou ont-ils une histoire plus ancienne ? Et d'ailleurs, la rencontre des ces deux termes a-t-elle véritablement un sens ?

Pour répondre à ces diverses questions Serge Audier entend exhumer les sources d'un courant politique qui, pour avoir eu de nombreux tenants en Angleterre, en France et en Italie, a largement été occulté au XXe siècle. La thèse défendue par l'auteur est la suivante : le "socialisme libéral" n'est pas réductible au libéralisme, même si l'on peut constater aujourd'hui une certaine instrumentalisation par des courants centristes. Le socialisme libéral ne constitue pas une simple révision du libéralisme mais bel et bien une mutation, une rupture : "Notre hypothèse sera que le socialisme libéral, loin d'être une simple version ou interprétation du libéralisme classique ouvre, au-delà de sa diversité, une voie originale. Car le libéralisme, par son évolution interne, ne pouvait muter spontanément en socialisme libéral." Pour réaliser cette mutation, il lui faudra emprunter et intégrer trois héritages : le libéralisme politique, le républicanisme et le socialisme.

C'est en Angleterre au XIXe, avec J. S. Mill, que cette histoire débute. Celui-ci entend critiquer le libéralisme classique sans pour autant renoncer à toute forme de propriété privée. Critique vis-à-vis de la frénésie du commerce (qui sévit notamment aux Etats-Unis, pays où "la vie de tout un sexe est consacré à la chasse aux dollars et la vie de l'autre sexe à élever des chasseurs de dollars"), J. S. Mill entend élaborer de nouvelles formes d'organisation de la propriété plus à même d'assurer l'émancipation du plus grand nombre et d'une équitable répartition des richesses et du travail.

En France, "le grand précurseur oublié du "socialisme libéral" est François Huet (1814-1869)", nous explique Serge Audier. Socialiste, républicain et chrétien, Huet élabore de façon originale un "droit au patrimoine", considérant que l'héritage est une source essentielle des inégalités sociales. Réaffirmant que toute richesse est sociale, cette disposition permettrait d'assurer une véritable égalité des chances. Plus tard, Alfred Naquet (1834-1916), très critique contre le "socialisme collectiviste" qui ne peut déboucher, selon lui, que sur un capitalisme d'Etat, s'illustre dans la défense des "services publics" et surtout dans la "dissémination de la propriété" ou encore la "démocratisation de l'actionnariat" par la promotion de l'actionnariat populaire. Jaurès préférant à cette dissémination de la propriété, la "propriété collective" des moyens de production.

On l'aura compris, Serge Audier propose une enquête particulièrement riche et fouillée des grandes étapes qui ont marqué la constitution de ce corpus idéologique que l'on attribue souvent à tort aux adaptations et résignations d'une gauche désorientée par les mutations du capitalisme contemporain. Il ne cesse de souligner comment ce courant fut, tout en restant très critique du communisme, à l'origine de nombreuses propositions qui, pour certaines, ne manquent pas de radicalité. Par-delà ses différentes orientations, Serge Audier retient en conclusion de cette très rigoureuse étude que le socialisme libéral, s'il n'apporte pas de solution toute faite pour le XXIe siècle, constitue néanmoins une source intéressante pour tous ceux qui ont à cœur l'exercice réel des libertés, le souci de la séparation des pouvoirs ou encore un certain penchant pour l'égalité des chances.


Guy Dreux
( Mis en ligne le 24/11/2006 )
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