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Derrière la porte de l’invisible…
Jean-Marie Brohm   Anthropologie de l'étrange - Enigmes, mystères, réalités insolites
Sulliver 2010 /  25 € - 163.75 ffr. / 318 pages
ISBN : 978-2-351-22063-4
FORMAT : 15cm x 22cm
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Dans son dernier ouvrage, Jean-Marie Brohm s’éloigne quelque peu de la sociologie des meutes sportives dont il est expert pour proposer un regard multidisciplinaire particulièrement stimulant sur les phénomènes que, d’habitude, le positivisme scientifique tend à reléguer dans les marges de la superstition ou du délire pur et simple.

Son Anthropologie de l’étrange est une réflexion exigeante qui se livrera dans toute sa richesse à qui franchira l’obstacle de la tendance quelque peu jargonnante de ses premières pages. Passé ce cap difficultueux, l’horizon du lecteur s’ouvre à 180 degrés et la démarche de décloisonnement que prône le chercheur apparaît en toute clarté.

Car l’idée est, au fond, très simple : d’après Brohm, les énigmes, les phénomènes paranormaux et plus généralement les visions mythiques comportent un irréductible noyau de réalité et doivent être considérés, au même titre que les manifestations de la nature ou de la pensée humaine, comme des sujets d’étude dignes de ce nom. Encore s’agit-il, lorsque l’on est comme lui membre d’institutions scientifiques prestigieuses, d’assumer cette position qui peut apparaître hérétique, et d’en justifier les fondements.

Pour ce faire, Brohm se positionne au carrefour de l’anthropologie, de la psychanalyse et de la philosophie. En les situant donc entre vision collective, individuelle et universalisable, il confère aux mystères et autres récits insolites qu’il envisage la densité d’authentiques révélateurs des mentalités et des identités humaines.

Si la première partie est exclusivement théorique (et il faut notamment en recommander le chapitre portant sur l’épistémologie du témoignage), la seconde, organisée sous un angle thématique, propose trois «actualisations» des champs d’investigation, toutes plus intéressantes les unes que les autres. ''L’Autre-Homme et l’Autre-que-l’Homme'' ébauche une méta-anthropologie, basée sur notre rapport à cette kyrielle de «doubles» qui sont les fruits de notre imaginaire : pré-humain, proto-humain, infra-humain, in-humain, sur-humain, extra-humain, etc. Brohm se balade ainsi d’une branche à l’autre de notre arbre généalogique préhistorique afin de montrer à quel point les reconstructions prétendument «scientifiques» de notre passé originel sont tributaire des schémas intellectuels de l’époque qui les voit naître.

Quittant le berceau de notre espèce, il s’enfonce ensuite dans la complexe urbanistique des villes invisibles, enfouies et fossiles. Les pages qu’il consacre à ces «dédales en surface», travaillés par leurs invisibles profondeurs, sont délectables car empreintes d’une poéticité que l’on s’attend rarement à rencontrer dans un essai.

L’ultime chapitre, bref mais non moins perturbant, aborde l’imaginaire des catastrophes cosmiques, notamment imputables aux astéroïdes susceptibles de percuter notre globe. L’occasion est ici offerte de réaffirmer à quel point cette forme de spéculation apocalyptique hante la science, «stimulée par la hiérophanie céleste, sa majestueuse puissance et ses colossales potentialités d’annihilation».

Le livre terminé, on en redemande… Non pas que l’on y aura enfin trouvé quelque amorce d’élucidation sur le Yéti, les ovnis, la Bête du Gévaudan ou les sanguinolents stigmates de Padre Pio, mais parce que, du bout de sa plume, Brohm nous aura inoculé le virus de sa vertigineuse érudition. La curiosité piquée au vif, nous serons un peu mieux convaincus, comme l’écrivait René Daumal, que «La porte de l’invisible doit être visible». Et nous la pousserons…


Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 15/06/2010 )
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