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Histoire & Sciences sociales  ->  Historiographie  
 

Histoire de l’histoire
Philippe Poirrier   Introduction à l'historiographie
Belin - Atouts Histoire 2009 /  21 € - 137.55 ffr. / 191 pages
ISBN : 978-2-7011-4763-5
FORMAT : 16cm x 24cm

Philippe Poirrier collabore à Parutions.com

L’auteur du compte rendu : agrégée d’histoire et docteur en histoire médiévale (thèse sur La tradition manuscrite de la lettre du Prêtre Jean, XIIe-XVIe siècle), Marie-Paule Caire-Jabinet est professeur de Première Supérieure au lycée Lakanal de Sceaux. Elle a notamment publié L’Histoire en France du Moyen Âge à nos jours. Introduction à l’historiographie (Flammarion, 2002).

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Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne, Philippe Poirrier est spécialiste d’histoire culturelle. Avec cette Introduction à l’historiographie, il propose aux étudiants en histoire un manuel pour aborder les grandes lignes de l’historiographie, domaine qui s’est développé depuis une trentaine d’années à la suite des travaux fondateurs de Charles Carbonell (auteur en 1981 d’un «Que sais-je», L’Historiographie) et du premier manuel en collection poche sur la question, Les Écoles historiques de G. Bourdé et Martin (1ère édition, 1982, Points, Seuil) qui venait renouveler un manuel antérieur et un peu différent dans son approche, relevant davantage de l’anthologie : L’Histoire, de J. Ehrard et G. Palmade (1964).

Philippe Poirrier a conçu son ouvrage dans un esprit différent : la première partie, intitulée «Savoirs» (pp.7-123), reprend les très grandes lignes de l’écriture de l’histoire en France depuis le Moyen Âge (pp.7-42 : "Du Moyen Âge au XIXe siècle"), en accordant une place centrale à l’histoire qui s’est pensée et écrite depuis les Annales (pp.43-59). La réflexion porte assez largement sur les vingt dernières années (pp.60-123) avec un chapitre sur les territoires de l’histoire et un sur les enjeux actuels de l’histoire.

L’auteur présente de façon claire les différents chantiers actuels : doutes de l’histoire sociale, renouveau de l’histoire économique (sur ce point, on peut ne pas partager son optimisme ), réhabilitation de l’histoire politique (et ce pour toutes les périodes historiques), embellie de l’histoire culturelle (qui se taille la part du lion, ce qui correspond d’ailleurs à la réalité !), histoire du temps présent. Le dernier chapitre de cette partie aborde les enjeux sous divers angles : celui de la place de l’histoire dans la société (media et histoire), du métier d’historien, des relations entre l’histoire et les sciences sociales, qui viennent d’évoluer de façon très rapide, de l’internationalisation enfin. Le chapitre se termine sur les incertitudes qui agitent une profession fortement touchée par le malaise qui atteint l’université dans son ensemble, mais aussi par une demande sociale dans laquelle elle ne se reconnaît pas toujours.

Destiné à des étudiants et à de futurs enseignants, l’ouvrage consacre une réflexion à «être historien aujourd’hui», qui pose de façon claire la professionnalisation accrue et les cursus actuels ; notons simplement la réflexion sur la féminisation du corps des enseignants chercheurs (p.105). Philippe Poirrier constate à propos de la disparité entre les sexes : «l’agrégation féminine demeure jusqu'en 1970 une agrégation d’histoire et de géographie, ce qui contribue à cantonner les agrégées au sein de l’enseignement secondaire». En fait, cette situation, qui était aussi celle de l’agrégation masculine jusqu'en 1944 (et en histoire, l’agrégation est un concours de recrutement du secondaire…) concerne principalement les géographes, puisque ce n’est qu’en 1944 pour l’agrégation masculine et 1970 pour l’agrégation féminine qu’ont été fondées les deux agrégations de géographie masculine puis féminine (entre 1944 et 1970, des femmes peuvent aussi choisir de passer l’agrégation masculine, avec un classement séparé), selon les règles alors en vigueur. Ceci n’a pas empêché des femmes, certes peu nombreuses, de faire carrière dans l’université avant 1970 : citons pour mémoire, en histoire, Madeleine Rebérioux, Michelle Perrot, en géographie, Jacqueline Beaujeu Garnier, Jacqueline Bonamour ou encore Alice Saunier-Seité. Les raisons sont sans doute à chercher ailleurs : dans les comportements et les traditions universitaires… et Philippe Poirrier le dit d’ailleurs plus bas : «aujourd’hui encore, l’inégalité demeure frappante» (p.105), alors que les concours sont mixtes…

L’ambition de l’ouvrage est aussi de proposer des méthodes, et la première partie présente, à la fin de chaque chapitre, des documents commentés qui permettent d’illustrer les grandes lignes de l’évolution de l’écriture de l’histoire au fil des siècles : Guillaume le Breton et le récit de la bataille de Bouvines, le Manifeste de la Revue historique (1876). Un tournant critique, le manifeste du comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (17 juin 2005) et l’appel «Liberté pour l’histoire» (12 décembre 2005). Les documents sont intéressants et bien choisis.

La seconde partie, «Savoir-Faire» (pp.126-183), propose 9 dossiers : un commentaire de texte et 8 dissertations (parfois avec documents) sur des thèmes qui font débat ou constituent un passage obligé de la connaissance actuelle des études historiques, complétées par une bibliographie récente : sur le cinéma, un objet d’histoire ? les Cultural studies, la «micro-histoire» : un vent d’Italie, ou encore l’histoire des femmes et du genre en France. Les dossiers présentés composent un panorama des grands renouvellements et controverses en histoire aujourd’hui. Une approche pédagogique de l’écriture de l’histoire aujourd’hui, en s’appuyant sur les sources, en posant les controverses actuelles, en montrant la diversité des démarches. Enfin en annexes, un bref – et clair - glossaire, et une bibliographie classée.

Certes l’ouvrage reste très «français» (mais il ouvre – pp.110-111 - des pistes vers l’extérieur), très «histoire contemporaine» (en particulier, l’histoire de l’Antiquité est réduite à une portion très congrue), mais ces choix s’expliquent et se justifient aussi par la production dans ces domaines et les grands déséquilibres qui s’accentuent considérablement depuis une vingtaine d’années entre le secteur de l’histoire contemporaine et du temps présent, et les autres périodes.

L’auteur est contraint par les exigences de la collection - un manuel - et donc le lecteur plus exigeant restera souvent sur sa faim mais les pistes bibliographiques, précises et récentes, permettent d’aller plus loin. L’ouvrage est fort bien documenté, se lit avec intérêt, donne un très bon état des lieux de l’actualité historique en France, il répond donc absolument à ses objectifs : permettre à des étudiants de licence, de master et de concours d’aborder l’historiographie dans le cadre de leur préparation .


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 12/05/2009 )
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