| Robert Giraud Le Peuple des berges Le Dilettante 2013 / 12 € - 78.6 ffr. / 128 pages ISBN : 978-2-84263-750-7 FORMAT : 12,0 cm × 18,0 cm Imprimer
Les éditions du Dilettante se sont faits une spécialité réjouissante de rééditer des ouvrages disparus dauteurs peu connus, parfois tombés dans loubli, dautres au bord du précipice. Tous les ans, dans des éditions soignées, renaissent des textes oubliés. Merci !
En ce qui concerne Robert Giraud, lentreprise a commencé à la fin des années 1980 et se poursuit toujours. Il sagit ici dune série de reportages que Giraud avait réalisé en 1956 pour lhebdomadaire de faits divers Qui ? Détective et qui navaient donc jamais été réunis en un seul volume. Jeune ancien résistant limousin au sortir de la guerre (il est né en 1921), Robert Giraud décide de tenter sa chance à Paris mais va connaître la misère jusquau milieu des années 1950, dormant souvent à la cloche et fréquentant linframonde des clochards parisiens du temps où les Halles existaient encore et où Mouffetard nétait pas le quartier que lon connaît. Mais cette période difficile, parfois semée de désespoirs, semble être la matrice de ce qui devint son uvre de romancier dans laquelle on trouve des chefs duvre comme Le Vin des rues, publié en 1955.
Dans Le Peuple des berges, Robert Giraud dessine une géographie parisienne très particulière, où lon navigue entre les quais de Seine et Mouffetard, les Halles et Maubert, croquant des figures de gueux extravagants, de rois de la cloche, de ramasseurs de mégots, de prostituées en guenilles, de voleurs de chiens et autre Nénette créchant dans une alvéole du Pont Neuf. Si lon trouve dans cette galerie de portraits lhumour des arrières salles de bistrot dun Paris secret, Robert Giraud ne cherche pas à cacher la crasse, le désespoir et la mort anonyme au goulot dun litron, qui est le lot commun des clochards.
On sait ce que fut le bouleversement de la fermeture des Halles au début des années 1970, quelle provoqua un cataclysme, notamment pour ce peuple souterrain et loqueteux qui y trouvait de quoi manger ou gagner trois sous. A lire Robert Giraud ou bien alors son contemporain Jacques Yonnet, on déambule, interloqué et sans doute mélancolique, dans un Paris disparu, quon ne connaîtra jamais mais qui demeure dans limaginaire français, avec sa gouaille et sa dureté, comme un peu de la vérité parisienne, un Paris «authentique» qui appartenait aussi au vrai peuple, celui des forts et des pouilleux. Désormais presque de la mythologie
Amélie Bruneau ( Mis en ligne le 19/04/2013 ) Imprimer | | |