L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Histoire & Sciences sociales  ->  
Biographie
Science Politique
Sociologie / Economie
Historiographie
Témoignages et Sources Historiques
Géopolitique
Antiquité & préhistoire
Moyen-Age
Période Moderne
Période Contemporaine
Temps Présent
Histoire Générale
Poches
Dossiers thématiques
Entretiens
Portraits

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Histoire & Sciences sociales  ->  Témoignages et Sources Historiques  
 

Du souvenir à la réflexion
Primo Levi   Ainsi fut Auschwitz - Témoignages (1945-1986)
Les Belles Lettres - Le goût des idées 2019 /  14,90 € - 97.6 ffr. / 280 pages
ISBN : 978-2-251-44910-4
FORMAT : 13,0 cm × 19,0 cm

Marc Lesage (Traducteur)
Imprimer

."Voici l'expérience dont je suis sorti, et qui m'a marqué en profondeur; elle est symbolisée par le tatouage que je porte sur le bras ̶ mon nom du temps où je n'avais pas de nom, le numéro 174517. Elle m'a marqué, mais elle ne m'a pas retiré le désir de vivre, au contraire. Elle l'a fait grandir, car elle a conféré un but à ma vie, celui d'apporter mon témoignage, afin que rien de semblable ne se reproduise plus. C'est le but vers lequel tendent mes livres". (P. Levi, Ce train pour Auschwitz, 1979)

Né à Turin en 1919 et mort en 1987 d'une chute dans un escalier, Primo Levi est le grand écrivain italien de la déportation. Un genre triste auquel son témoignage mondialement célèbre Si c'est un homme (1947) ne peut que renvoyer. L'écrivain italien, chimiste de formation, a également développé une œuvre littéraire, même si elle est intimement liée avec son expérience des camps. Citons La Trêve (1963), Le Système périodique (1975) ou encore le très bel essai Les Naufragés et les Rescapés (1986). Les Belles lettres ont eu la juste idée de réunir les témoignages annexes à l'œuvre de Levi ainsi que ceux de Leonardo De Benedetti (1898-1983), un médecin italien injustement boudé sur la couverture du livre, déporté la veille du convoi de l'écrivain pour Auschwitz.

Internés en février 1944, jusqu'à la libération d'Auschwitz en janvier 1945, les deux hommes ont accepté de témoigner très rapidement sur leur condition de détention : le Rapport sur l'organisation hygiénique et sanitaire du camp de concentration pour juifs de Monowitz (Haute-Silésie) est leur premier texte écrit à deux mains sur les conditions de vie et de soin des prisonniers. Séparément mais conjointement, les deux hommes acceptèrent au fil des ans de témoigner à l'écrit pour les procès Hess, Eichmann, Bosshammer. Les autres textes de Primo Levi sont des témoignages, des lettres, des hommages (dont le touchant Souvenir d'un homme bon dédié à son compagnon d'infortune De Benedetti, mais là encore le nom du médecin n'est cité qu'en notes...), des entretiens, des dépositions, des articles. Levi fit parti des 3% de survivants des 650 personnes déportées le même jour que lui. Résistant et juif, le profil du jeune homme devait le conduire illico dans les chambres à gaz, mais sa bonne santé et sa formation de chimiste lui permirent d'être utilisé en tant qu'ouvrier manutentionnaire. Levi précise justement que cette capture tardive, en janvier 1944, lui a permis d'échapper à la mort. En effet, passé un an dans les camps, il était rare de survivre.

Ce qui frappe dans la chronologie des témoignages, c'est le rapport de Levi à ses textes, qui évolue au fil du temps. S'il décrit très précisément les conditions de vie dans le camp durant la première décennie de son retour, son approche devient plus didactique par la suite. En effet, après avoir connu l'horreur absolue et tenté de rentrer vivant en Italie, le temps des questionnements arrive logiquement. Levi, en survivant, n'a qu'un seul but : témoigner pour les générations futures afin qu'une telle idéologie mortifère ne se reproduise plus jamais. Après avoir décrit l'horreur des camps, il réfléchit sur la question totalitaire.

Si l'on n'apprend pas grand-chose de plus que ce que Levi avait déjà livré dans son œuvre autobiographique, il est nécessaire de se plonger dans ces textes humbles, précis, cliniques sur la condition du déporté, sur l'organisation du système concentrationnaire, l'attitude des puissants, le courage des forçats. La vie au camp (notamment l'infirmerie dont le bloc opératoire est magnifiquement décrit ou encore le rôle des médecins, notamment Mengele qui d'un geste méprisant désignait du doigt les condamnés à la chambre à gaz) et le rôle de chacun renaissent le temps de cette rapide lecture.

Ces textes fondamentaux doivent être lus avant de se plonger dans l'œuvre plus imposante de Primo Levi, ce grand écrivain italien. Le livre est accompagné d'une étude iconographique.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 20/03/2019 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd