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Energie et politique
Timothy  Mitchell   Petrocratia - La démocratie à l'âge du carbone
ERE - Chercheurs d'ère 2011 /  14 € - 91.7 ffr. / 114 pages
ISBN : 978-2-915453-81-2
FORMAT : 13,5cm x 20cm

Préface de Julien Vincent

Traduction de Nicolas Vieillescazes

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Dans L’Esprit des lois, Montesquieu avançait l’idée que les lois d’un pays dépendent au moins pour partie du «physique du pays», du «climat glacé, brûlant ou tempéré», de «la qualité du terrain, [de] sa situation, [de] sa grandeur». Autrement dit, le Baron de la Brède accordait une très grande importance aux particularités physiques des pays, ce qui signifie par exemple que certains systèmes politiques ne pourront jamais s’enraciner dans certaines zones géographiques.

C’est en partie avec cette idée que Timothy Mitchell parait renouer dans son récent essai intitulé Petrocratia. La démocratie à l’âge du carbone. Écrit sur la base d’un article scientifique paru dans la revue Economy and Society, cet ouvrage devrait déboucher d’ici la fin de l’année sur la publication en anglais d’un livre plus élaboré. Dans cet essai, le chercheur américain se fait particulièrement novateur. D’une façon très éclairante, il met en relation deux phénomènes majeurs de la modernité : l’évolution de la démocratie politique et la dépendance croissante à l’égard des ressources énergétiques fossiles.

En effet, comme le rappelle Julien Vincent dans la préface, «les ouvriers du pétrole, contrairement aux mineurs ou aux cheminots, sont absents de notre imaginaire collectif des conquêtes sociales». Pourtant, bien qu’assez largement méconnue, leur influence fut bien souvent décisive. Par exemple, ils furent au premier plan lors de la contestation qui accompagna la réforme des retraites et la remise en cause de la retraite à soixante ans. C’est pourquoi le préfacier est d’avis qu’il faut «placer le pétrole au cœur de notre compréhension de l’histoire et de la politique contemporaine».

Des connexions aussi puissantes qu’ignorées existeraient entre le régime énergétique des sociétés qui se considèrent comme la quintessence de la modernité et le régime politique que l’on désigne communément sous le nom de démocratie. Étayant sa position, le chercheur Timothy Mitchell se penche sur les débuts de la Révolution industrielle. A cette occasion, observe-t-il, l’Angleterre instaura un modèle d’économie et de société inédit dans lequel la plupart de l’énergie consommée provenait non pas de la matière organique et de la force musculaire, mais de ressources minérales enfouies sous la terre. La modernité politique serait donc le fruit du recours massif au carbone, c’est-à-dire d’abord du charbon, puis du pétrole.

La nature du travail au fond des mines et les problèmes posés par l’acheminement et le transport du charbon ont eu pour effet direct de remettre aux travailleurs de ces secteurs un pouvoir inédit grâce auquel ceux-ci purent peser sur les gouvernements nationaux. Ainsi put progressivement se mettre en place un mouvement ouvrier international. Toutefois, après 1930, l’avènement du pétrole contribua à faire évoluer les rapports de force aux dépens des ouvriers et au profit des ingénieurs et des experts. Les propriétés physiques et chimiques du pétrole façonnèrent le champ des possibles sociaux, économiques et politiques, notamment en restreignant le pouvoir que les ouvriers avaient naguère gagné grâce à l’utilisation du charbon.


Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 19/07/2011 )
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