|
Essais & documents -> Politique |
| Alberto Toscano Ces gaffeurs qui nous gouvernent Fayard 2011 / 15 € - 98.25 ffr. / 196 pages ISBN : 978-2-213-66234-3 FORMAT : 13,5cm x 21,5cm Imprimer
Alberto Toscano, journaliste italien en poste à Paris depuis un quart de siècle, nous propose un panorama des gaffes, erreurs et autres bourdes dont les hommes politiques du monde entier nous gratifient généreusement. On ne cherchera pas ici à savoir si cette corporation a une prédisposition particulière à la gaffe ou si elle est simplement plus exposée à ce que ses bourdes soient davantage médiatisées que celles dautres milieux. On se bornera à remarquer la contribution offerte par le progrès technique, les micros se faisant oublier de ceux qui les portent (cas de Gordon Brown auprès de la veuve travailliste, malencontreusement qualifiée par lui publiquement de vieille bigote) ou ceux qui oublient que les caméras continuent à tourner. Ou le fait que la moindre erreur enregistrée fasse désormais le tour du monde et se promène en boucle dans le monde entier.
Le lecteur appréciera léclectisme des exemples, pris dans de nombreux pays, lun des chapitres sintitulant même «Tour du monde». De même, lauteur commence son propos par un florilège varié de lapsus «freudiens», dont lun des exemples les plus récents et les plus connus est dû à une ancienne garde des Sceaux. Toutefois, cest lEurope qui se taille la part du lion, et, principalement, lItalie et la France.
La première est bien servie grâce à linépuisable activité du Cavaliere Berlusconi dont la faconde nest pas suffisamment connue en France. Lauteur, qui connaît bien son sujet, éclaire le lecteur français sur quelques épisodes peu ou mal connus. En réalité, on saperçoit que nombre de ses gaffes sont dues à des tentatives malheureuses de faire de lhumour blagueur pour détendre latmosphère, ce que les Italiens nomment «barzeletta». Les Français connaissent essentiellement le «bunga-bunga» et la pulpeuse Ruby mais ignorent les bourdes accumulées par «Sua Emittenza». On leur laisse découvrir ses perles et autres gaffes diplomatiques.
Dans notre pays, le partage de la gaffe est équitable entre nos deux derniers présidents, même sil sagit de registres différents. Pour lancien président Chirac, les anecdotes sont nombreuses, mais bien dautres auraient pu être citées : que lon se souvienne du micro ouvert qui laisse passer «Mais qu'est-ce qu'elle me veut de plus, cette ménagère ? Mes couilles sur un plateau ?», lancé à la cantonade en parlant de Margaret Thatcher lors dune négociation tendue au sommet européen de Bruxelles, en février 1988. Pourquoi aussi ne pas voir cité linterrogation transmise par un micro indiscret à la fin dune présentation de micro-informatique lors de linauguration de la BNF en 1996 : «Mais enfin, quest-ce que cest que cette souris dont on me parle tout le temps ?», souris devenue «mulot» par la grâce des Guignols de linfo et qui a fait rire la France entière. Il y a aussi le Chirac distrait : en 1992, après la mort d'Alexandre Dubcek, il adresse ses condoléances à son épouse, décédée en 1990. Il est vrai que le président Giscard dEstaing avait félicité un président de la Confédération helvétique qui nétait plus en fonctions depuis plusieurs années, ignorant, lui élu pour sept ans, que la présidence tournait tous les ans en Suisse.
Au total, un livre qui se lit agréablement et qui nous rappelle que la politique, cest aussi le royaume de lhumour involontaire.
Jean-Etienne Caire ( Mis en ligne le 19/10/2011 ) Imprimer | | |
|
|
|
|