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Génération perdue
Philippe Benassaya   Les Hussards perdus de la République - L'échec de la droite libérale
Bourin Editeur 2007 /  21 € - 137.55 ffr. / 329 pages
ISBN : 2-84941-056-X
FORMAT : 14,0cm x 21,5cm

L'auteur du compte rendu : Mathieu Zagrodzki est diplômé en droit privé de l’Université Paris II et de Sciences-Po Paris. Il est actuellement doctorant au sein du Pôle Action Publique du Centre de Recherches Politiques de Sciences-Po (CEVIPOF).
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C’est l’histoire d’une génération qui devait conquérir le pouvoir et révolutionner la scène politique française. C’est l’histoire d’une idée à la mode dans les années 80, qui n’est pas parvenue à s’installer durablement. C’est l’histoire d’une époque pas si lointaine, mouvementée, celle de l’arrivée de la gauche au pouvoir, de la montée du Front National, de la guerre Giscard/Chirac, des «rénovateurs», de l’explosion du marketing politique. C’est avec une nostalgie à peine dissimulée que Philippe Benassaya raconte l’épopée de la «bande à Léo» et, à travers elle, celle d’un libéralisme français incarné par les Républicains Indépendants puis le Parti Républicain.

Après avoir retracé la genèse de ce mouvement libéral, qui puise ses racines dans les années 50 et le Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP), dont Antoine Pinay fut la figure emblématique, l’auteur s’attarde sur le parcours de Valéry Giscard d’Estaing, qui demeure à ses yeux la figure fondamentale de ce libéralisme humaniste et modéré, attaché aux droits individuels, à l’Etat limité, à la modernité et à la construction européenne. De la campagne «à l’américaine» de 1974, qui voit la victoire d’un jeune homme politique de 48 ans hostile à la fois au socialisme étatiste et à un gaullisme traditionnel souvent chauvin, à l’amère défaite sept ans plus tard d’un Président devenu quelque peu distant et excessivement confiant, en passant par les profonds changements sociétaux entrepris sous son mandat, le destin présidentiel de VGE est bien connu. Mais cette deuxième moitié des années 70 voit aussi l’émergence de jeunes loups ambitieux, venus d’horizons aussi divers que le groupuscule nationaliste Occident, la gauche humaniste chrétienne ou encore le radicalisme, qui constitueront le fer de lance du Parti Républicain quelques années plus tard.

En effet, et là est le paradoxe décrit par Philippe Benassaya, la victoire de la gauche en 1981 précipitera l’ascension d’une droite libérale aux idées novatrices, plaçant Philippe Léotard, Alain Madelin ou encore Gérard Longuet sur le devant de la scène. Profitant de l’usure des anciens cadres du RPR et de l’UDF, la «bande à Léo» devient un acteur incontournable de la scène politique française, au cours d’une décennie marquée par les victoires électorales de Reagan et de Thatcher, la fascination pour la bourse et les entrepreneurs, et la médiatisation à outrance de la vie politique. Plus dure fut la chute… Après deux années au gouvernement lors de la première cohabitation, censées marquer un nouvelle étape vers la conquête du pouvoir, Léotard est obligé de renoncer à la présidentielle de 1988 devant la popularité de ce que l’on appellerait un éléphant s’il appartenait au PS et non à l’UDF, à savoir Raymond Barre. Fin de l’aventure pour une génération libérale aux dents longues qui n’a pas pu (su ?) saisir une chance qui ne se représentera plus. En effet, aux paillettes d’une décennie 80 libérale succède une décennie 90 austère, marquée pour nos protagonistes par le déclin politique et les affaires judiciaires.

Au final, l’affection assumée de l’auteur pour cette génération politique ne nuit pas à la qualité d’un récit clair, vivant et souvent entraînant. Cependant, il est parfois malaisé de déterminer ce que Philippe Benassaya veut raconter dans ce livre et qui est le «héros» de l’histoire : VGE ? Le libéralisme ? La bande à Léo ? Les années 80 ? Les nostalgiques savoureront cet ouvrage qui les replongera dans un pan important de la vie politique de la Ve République, les sceptiques se demanderont ce qu’il apporte de nouveau. Néanmoins, il n’est parfois pas désagréable de se rafraîchir la mémoire, par exemple en relisant les propos d’un Jacques Chirac mettant aujourd’hui libéralisme et totalitarisme communiste sur le même plan, qui, emporté par la mode politique du moment, déclarait en 1985 : «le libéralisme n’est pas un choix mais une nécessité». Les temps changent…


Mathieu Zagrodzki
( Mis en ligne le 02/03/2007 )
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