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Un embrouillamini !
Michel Winock   La Mêlée présidentielle
Flammarion 2007 /  18 € - 117.9 ffr. / 279 pages
ISBN : 978-2-08-120340-2
FORMAT : 13,5cm x 22,0cm
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L’époque justifiait qu’un historien s’en mêle et Michel Winock, professeur d'histoire contemporaine à Sciences-Po Paris, a toute la légitimité requise pour nous en proposer un rappel et un portrait aussi percutants que complets : voici donc, en quelques 300 pages, la fonction présidentielle dans tous ses états… et toutes nos républiques ! Car du président/empereur à la campagne actuelle, le Président à la française vit au fil des décennies son image évoluer, subir, même, de belles métamorphoses, malgré quelques constantes, aussi.

La plus remarquable est sans doute l’aura monarchique dont la Présidence s’est de tous temps parée, de «Napoléon le Petit» au «florentin» Mitterrand, en passant par le Général de Gaulle, qui se fit une Ve République sur-mesure, régime présidentialiste à défaut d’être présidentiel, glosent les constitutionnalistes. Quoique… Avec d’autres, Michel Winock pointe du doigt la désacralisation subie par la fonction, concomitante d’un désenchantement de la politique ayant lui-même beaucoup à voir avec la généralisation d’une démocratie d’opinion, entre "participation" et populisme… Et l’historien de nous faire l’histoire de la Présidence, de sa naissance en 1848 jusqu’à nos jours. Le but ici n’est pas de dresser le bilan des septennats et quinquennat (un seul pour l’instant) successifs, ni le portrait de nos Présidents, mais d’expliquer la genèse et les transformations de la fonction, et rappeler les différents épisodes des campagnes électorales, depuis la première en 1965 (exceptée celle de 1848), jusqu’à l’actuelle.

Nouveauté en 1962 en effet, la constitution, amendée par référendum, modifie le mode de désignation du chef de l’Etat. Tirant sa légitimité de sa haute fonction historique, de Gaulle explique à Alain Peyrefitte : «Il faut désormais que la légitimité soit directement conférée par le souverain, c’est-à-dire par le peuple.» (cit.p.19) Ita est : on a depuis, tous les 7 puis 5 ans, ce rendez-vous mobilisateur et toujours plus médiatique. Michel Winock nous en rappelle les moments clefs et les crises, De Gaulle mis en ballotage en 1965, Giscard d'Estaing à l'accordéon, Jacques Delors hésitant, trop frileux, manquant de la virtu machiavélienne quand d'autres en ont à revendre, la crise du 21 avril 2002, mais aussi les phrases qui font mouche à l'occasion d'un débat d'entre-deux-tours et les slogans de campagne («Vous n'avez pas le monopole du coeur», «la politique des boules puantes», la «force tranquille» - dont il nous dévoile une genèse insoupçonnée -, «la fracture sociale» jusqu'à la très contemporaine «bravitude»...). L'auteur s'autorise aussi des analyses goûteuses et imagées : De Gaulle/Quichotte et Pompidou/Pança en est une (p.51) ; Ségolène Royal en immaculée conception, une autre (p.257) !

De la crise du 21 avril, Michel Winock retient la cécité de tout un pan de la gauche devant ce qui devenait jour après jour le thème central de la campagne, l'hydre sécuritaire, empruntant ici à quelques faits avérés, là à l'engouement des médias et de certains candidats. L'auteur désigne alors «la coupure entre les classes populaires et les élites [...] : d'un côté le langage généreux de l'antiracisme qui masque des réalités déplaisantes, de l'autre côté des gens qui subissent les rackets, les agressions physiques...» (p.147). Michel Winock, partisan de l'«ordre juste» ?... On perçoit plutôt dans l'infratexte tous les regrets d'un homme attaché à cette forme de politique qui, en France, décidément, ne prend pas : la démocratie chrétienne, synthèse ailleurs possible du socialisme, du conservatisme et du libéralisme, dont Delors fut la vraie incarnation chez nous (ô déception), et Bayrou, aujourd'hui, l'avatar (idem.).

Un chapitre offre un portrait du parfait présidentiable. Le ton est amusé mais la photographie ne manque pas de panache : «Résumons-nous : un homme (ou une femme) dans la force de l'âge, expérimenté, crédible, excellent orateur, doté d'un charisme incontestable grâce à ses qualités physiques et morales, plutôt mégalo que parano, respectueux de la laïcité, ayant autant que faire se peut l'intuition de ce que le public attend de lui (ou d'elle), voilà le candidat idéal» (p.183) A qui ne manquent plus que l'appareil et la force de frappe d'un parti, les moyens financiers et l'expertise en communication...

Au final, entre oeuvre d'historien et essai politique, cette Mêlée présidentielle rafraîchira les mémoires et débroussaillera un peu ce maquis confus qu'est la politique en France. Plus qu'une mêlée, un embrouillamini !


Thomas Roman
( Mis en ligne le 04/04/2007 )
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