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Quelque chose s'est brisé
 Collectif   Penser la crise de l'école - Revue de MAUSS - N°28
La Découverte 2006 /  30 € - 196.5 ffr. / 480 pages
ISBN : 978-2-7071-5001-1
FORMAT : 13,5cm x 22,0cm

L'auteur du compte rendu: Guy Dreux est professeur certifié de Sciences Economiques et Sociales en région parisienne (92). Il est titulaire d'un DEA de sciences politiques sur le retour de l'URSS d'André Gide.
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Ascenseur social en panne, massification plutôt que démocratisation de l'école, illettrisme persistant, violence et ghettoïsation… Voilà quelques-uns des maux dont souffrirait aujourd'hui notre école. S'il y a encore quelques années certains pouvaient encore affirmer que "le niveau montait", l'heure est plutôt à déplorer la perte de sens et un rapport à la culture scolaire qui est de plus en plus distant et compliqué. Sous des formes diverses, à travers des collectifs comme "Sauver les lettres" ou quelques pamphlétaires à succès comme Jean-Paul Brighelli (La Fabrique du crétin), des thématiques plus ou moins alarmistes se sont largement diffusées.

Et renvoyer tout cela à une simple effervescence conservatrice ne suffit certainement pas à comprendre ce qui se joue actuellement. Car maintenir des explications binaires en continuant d'opposer les républicains aux pédagos, les tenants des savoirs et les tenants de l'épanouissement de l'enfant, ou, dans un ultime effort de "clarification", opposer la droite et la gauche est certainement le meilleur moyen de passer à côté des enjeux actuels de la question scolaire. Sortir de ces oppositions (plus ou moins stériles ou pertinentes) ne s'impose pas dans un souci de consensus ; c'est indispensable pour prendre en compte des réalités nouvelles. Car il faut bien l'admettre, comme le souligne Alain Caillé en ouverture de ce numéro : en matière scolaire quelque chose s'est brisé.

Les fausses promesses de la démocratisation (Stéphane Beaud), l'inflation scolaire (François Dubet) ont indéniablement et puissamment transformé le système éducatif et la perception que ses acteurs (élèves, professeurs ou parents) en ont. L'individualisation des échecs et le sentiment de duperie dans l'obtention de diplômes sans valeur sur le marché du travail, comptent parmi les éléments qui déstabilisent fortement la relation pédagogique. "L'école injuste et inégalitaire d'hier avait au moins cet avantage que l'injustice sociale y était si manifeste qu'elle préservait paradoxalement l'individu du risque de perdre l'estime de soi" (François Dubet).

Ces réalités nouvelles posent un défi à chacun pour les comprendre et les analyser, et éventuellement lutter contre. Y faire face, c'est avant tout autre chose penser la crise de l'école, comme le pose Alain Caillé dans son introduction : "Tout se passe en tout cas comme si la critique, la pensée de gauche était restée "bloquée" à un état de la domination des classes populaires à l'intérieur du système scolaire dans les années 1960, sans voir que la massification a tout simplement remplacé l'élimination des élèves des catégories populaires par leur "conservation" en échec scolaire dans le système d'enseignement jusqu'à leur sortie. La fonction conservatrice de l'école s'exerce aujourd'hui aussi bien en préservant en situation de sous-sélection scolaire ceux qu'elle excluait dans l'état antérieur du système."

Se référant à Mauss aussi bien qu'à Jaurès, et plaidant pour une réflexion sur l'école qui ne soit pas dissociée de la question sociale, Christian Laval se demande si "la première tâche ne devrait [...] pas être l'abandon du mythe libéral de "l'égalité des chances" et son remplacement par un objectif politique plus clair, plus réaliste, sociologiquement mieux fondé : l'égalisation progressive des conditions concrètes d'enseignement et d'apprentissage ?". Se dessine alors, à travers les nombreuses contributions de ce volume, une opposition entre deux pentes ou conceptions, qui fournit une des clés de compréhension des difficultés actuelles de notre système éducatif : l'enseignement comme communication des savoirs utiles, opposé (ou au moins distingué de) à une conception anti-utilitariste de l'école. Il y a là certainement, une réalité insuffisamment perçue.

Mais ce n'est là qu'une présentation fort sommaire, puisque, comme à son habitude, la revue du MAUSS réunit ici une trentaine d'articles qui développent chacun un aspect du système éducatif actuel. Parmi eux, Laurent Lafforgue relate, dans un style enlevé, les raisons de sa démission du Haut Conseil à l'éducation quelques jours après sa nomination. Thomté Ryam évoque la "haine de l'école". Philippe Chanial développe et précise les liens entre les notions de démocratie, de don et d'éducation dans la pensée de John Dewey. Un seul article, celui de Stéphane Beaud concerne l'enseignement supérieur.

Une fois encore, la revue du MAUSS contribue avec rigueur et de belle manière à un des débats majeurs pour notre temps, en gardant le souci de la pluralité des points de vue comme de la mise à distance des thématiques les plus spontanées qui viennent trop souvent cacher les vrais enjeux.


Guy Dreux
( Mis en ligne le 19/02/2007 )
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