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Essais & documents -> Questions de société et d'actualité |
| André Grimaldi La Santé écartelée - Entre santé publique et business Editions Dialogues 2013 / 16.90 € - 110.7 ffr. / 220 pages ISBN : 978-2-918135-73-9 FORMAT : 11,8 cm × 19,2 cm Imprimer
Aujourdhui, lhôpital remplace bénéfice médical et santé publique par rentabilité et business plan. La santé publique va-t-elle être soumise aux lois du commerce ou aux règles déthiques ? Lhôpital doit-il vendre ou être utile socialement ? Comment faire «appliquer le juste soin au juste coût» tout en refusant déviance et opacité ? Pourquoi le Conseil de lOrdre, la Direction des Hôpitaux et les Ministères ferment-ils les yeux sur les pratiques denveloppes dargent liquide demandées aux patients ? Le professeur André Grimaldi, un des fondateurs du Mouvement de défense de lhôpital public, analyse toutes ces questions à travers lévolution de notre système hospitalier afin de mieux nous faire comprendre ses perspectives.
A lorigine, lhôpital est «un monde de bienfaisance déshumanisée» où le malade na pas dexistence en tant que tel, seuls ses symptômes intéressent : cest le règne de la discipline danatomo-clinique. Au colloque de Caen (1956), les jeunes biologistes, hématologues, hépatologues, néphrologues contraints dexercer aux États-Unis veulent abandonner la branche «hospice» et rapprocher la clinique et la recherche, les malades et les laboratoires. Après une (très) virulente hostilité des mandarins qui voient toute leur organisation féodale sécrouler, la création des CHU (Centres Hospitalo-Universitaires) est entérinée par la réforme Debré (1958). Dix ans après, la faculté de médecine vit sa grande révolution démocratique et arrache, en Mai 68, «lexternat pour tous» (à lancienneté et au rang mais non-soumis au népotisme des mandarins), le droit du malade (officialisé par la loi du 4 mars 2002 sur lautonomie du patient) et le droit des femmes (féminisation de la profession et fin de la double-peine après les avortements - le curetage à vif - pour avoir été «coupable aux yeux de la loi et de la morale»).
La fin du pouvoir mandarinal entraîne la multiplication des corporatismes : poids de ladministration, prise de pouvoir de lindustrie pharmaceutique, représentation des infirmières, etc. La communauté médicale permet aux politiques de prendre la tête de services dans lhôpital public, violant la loi de la République et favorisant des liens avec le pouvoir. Les gouvernements, toutes obédiences confondues, peinent à gérer la question de santé publique : Numerus clausus et 10 000 départs en retraite anticipés de médecins (financés par la Sécurité Sociale jusquen 2003) obligent à recruter
10 000 médecins à létranger ; second numerus clausus à lentrée des écoles dinfirmières et nouveaux recrutements dinfirmières espagnoles. Les 35 heures aggravent le déficit des hôpitaux. En 1982, la Droite crée le «secteur 2», que la Gauche renforce en 1987 : ce nest plus la défense de lhôpital public mais la médecine libérale qui motive la fronde. «Lhôpital entreprise» se profile : la T2A (Tarification A lActe) est appliquée comme une politique visant à introduire la concurrence entre les cliniques et les hôpitaux ; Bruxelles souhaite alors transformer le statut juridique de lhôpital public en entreprise, le soumettant à la loi de la concurrence.
Mais est-ce vraiment une difficulté de gestion
ou une privatisation rampante ? Bien en amont, lauteur révèle que sur la gestion de notre santé publique en France, des orientations sont prises par lOCDE, la Banque Mondiale, des Think Tanks, le Gourvernance Institute et lHIS (Institute Health Summit). Face à la puissance des lobbies du système de santé, André Grimaldi sinterroge sur la relation de confiance et les moyens de défendre le malade, qui ne peut pas être un consommateur éclairé du fait-même de sa pathologie, de ses angoisses, de sa douleur (liées à un accident, arrêt cardiaque, etc.). Comment accepter de dissocier le patient de son environnement ? Peut-on confondre la «bobologie» (qui peut relever de la médecine libérale) avec les actes spécialisés de haute technologie et la prévention ? Ny a-t-il pas plusieurs médecines qui se dessinent ?
Des enjeux vitaux qui nous concernent tous et nous interpellent.
Marie-Claude Bernard ( Mis en ligne le 29/05/2013 ) Imprimer | | |
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