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Luton contre la peine de mort
Pierre Luton   Un espoir fou dans le couloir de la mort - Rencontre avec un condamné à mort américain
K&B 2006 /  18.00 € - 117.9 ffr. / 256 pages
ISBN : 2-915957-18-5
FORMAT : 16x24,5 cm
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En 1983, sous l’emprise de la cocaïne, Richard Rossi essaie de revendre une machine à écrire à un passant. La transaction a tôt fait de dégénérer et Rossi tue son interlocuteur. En s’enfuyant, il blesse grièvement une voisine alertée par le bruit. S’enclenchent alors les rouages qui le conduiront inexorablement vers le couloir de la mort.

Ni l’ouvrage que Pierre Luton a consacré à cette affaire, ni les propos tenus par Rossi, n’ont jamais l’indécence de justifier, d’atténuer ou de pardonner l’atrocité et l’horreur de l’acte perpétré. Un espoir fou dans le couloir de la mort prend plutôt le parti de pousser son auteur, et ses lecteurs, à réfléchir et à se positionner sur la pertinence de la sentence fatale. D’abord, d’un point de vue moral : celui adopté, notamment, par les abolitionnistes et les organismes – à l’instar d’Amnesty International qui a participé à cette publication – se battant pour que ces meurtres institutionnalisés disparaissent enfin des horizons judiciaires internationaux, en particulier des États qui se vantent de faire partie de la plus grande Démocratie du monde. Pour ce faire, l’ouvrage démontre aisément que la loi du Talion moderne «œil pour œil, vie pour vie» n’engendre pas le moindre recul de la criminalité d’un pays, contrairement à ce que d’aucuns prétendent.

Au-delà d’une problématique purement éthique relevant de l’appréciation et des convictions de chacun, il faut bien admettre que le verdict qui accable Rossi est injuste, tout simplement parce qu’il résulte d’une série de dysfonctionnements. Désargenté, Rossi est d’emblée (mal) défendu par un avocat pro deo. Celui-ci lui résume la situation comme suit : soit il plaide coupable et écope d’office de quarante-six ans de prison (habile stratagème qui a pour but discutable de désengorger les tribunaux) ; soit il se déclare non coupable et bénéficie d’un procès dont l’issue sera presque à coup sûr une injection létale (ou la chambre à gaz, le choix étant encore possible à l’époque…).

Sans plus de détails et étouffé par la seule perspective de passer le restant de ses jours en détention, Rossi tente sa chance. Bien entendu, si l’on n’avait pas négligé de lui expliquer quelques principes élémentaires du droit américain (comme l’existence des remises de peine), il aurait pris une option différente et serait libre à l’heure qu’il est. Ce faux-départ est symptomatique de son parcours et de ses déboires carcéraux. Pour exemple, pointons une aberration sans nom : Rossi sera jugé et sanctionné par… un magistrat toxicomane (pris par deux fois en flagrant délit et finalement rayé du barreau) qui n’accepte pas de considérer l’assuétude avérée comme circonstance atténuante ! Malheureusement, le cas de Rossi n’est pas une exception : son sort est partagé par de nombreux condamnés à mort, comme par hasard pauvres et (/ou) immigrés car, en plus de l’iniquité profonde que peut revêtir la justice du Nouveau Continent, certains États sont réputés pour exécuter à tour de bras, comme en Arizona, fief de Rossi.

Au milieu des recours interminables et des appels sans cesse reportés, des brimades et des privations quotidiennes, de la solitude écrasante, Rossi est parvenu, tant bien que mal, à survivre pendant vingt-cinq ans, avant de succomber à ce que l’on pense être une défaillance cardiaque. Durant ces longues années où il a croupi dans sa cellule, il a pensé, douté et s’est inlassablement introspecté. Il a aussi écrit et diffusé un livre, transmis feuille à feuille, au nez et à la barbe de ses geôliers, au réseau d’amis qui lui offraient un précieux soutien. Il entretenait en effet une quarantaine de correspondances, dont une depuis 2001 avec le journaliste français Luton. Fortement interpellé, celui-ci s’est petit à petit lié d’amitié avec lui. Des lettres échangées, de leur rencontre et de leur rapport particulier, il en a tiré ce témoignage, leur témoignage.

Voici donc un texte, parfois dérangeant mais sans concession, sur la condition de Rossi, mais également sur les questionnements, les engagements, les (res)sentiments propres à Luton, qui ouvre à des débats d’ordre général sur l’intérêt de l’incarcération à vie, la nature humaine, etc. Une démarche salutaire vers plus de tolérance dans une société qui en manque cruellement.


Samia Hammami
( Mis en ligne le 04/12/2006 )
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