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L’instinct de mort
Michel Ardouin   Mesrine, mon associé
Toucan 2008 /  17.90 € - 117.25 ffr. / 231 pages
ISBN : 978-2-8100-0150-7
FORMAT : 14cm x 22,5cm

Avec la collaboration de Jérôme Pierrat.

L'auteur du compte rendu : Essayiste, romancier, Jean-Laurent Glémin est titulaire d’un troisième cycle en littérature française. Ayant travaillé notamment sur les sulfureux Maurice Sachs et Henry de Montherlant, il se consacre aujourd’hui à l’écriture de carnets et de romans. Il n’a pas publié entre autres Fou d’Hélène, L’Imprésent, Fleur rouge, Chair Obscure, Continuer le silence.

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Michel Ardouin a raconté son parcours de truand dans Une vie de voyou (2002). Dans son dernier ouvrage, il «s’attaque» à son célèbre complice d’un temps, Jacques Mesrine (1936-1979), l’ennemi public numéro 1. Entre 1973 et 1977, année de leur procès commun, Ardouin va être le cerveau de l’équipe (très restreinte) de Mesrine, planifiant les braquages, assurant leur bon déroulement, et se fournissant en armes. Deux destinées parallèles qu’il tente de mettre en lumière avec son langage cru, en phase avec le quotidien du grand banditisme français des années 70.

Dès le début, on comprend l’idée générale du livre : désacraliser le mythe Mesrine en pointant du doigt la médiocrité du personnage, son orgueil démesuré, et bon nombre d’erreurs qu’il a commises. Mais Ardouin n’oublie pas de souligner aussi son courage, parfois sa loyauté, et son côté, au final, extrêmement complexe. Dans sa préface, il annonce la couleur, et il faut avouer que de la part d’un ex-criminel, l’effet ne passe pas inaperçu : «Pour moi, le héros des temps modernes c’est peut-être le mec qui se lève tous les matins à six heures, qui embrasse sa femme et qui se barre en bus ou en métro travailler, celui qui se bat toute la journée pour nourrir trois gosses et payer les traites de sa voiture. C’est pas le malfrat».

L’inverse exact de ce que raconte au fil des pages Ardouin sur la vie de Mesrine, qui vivait la nuit, dormait le jour, jouait au poker, braquait des banques et ne travaillait pas ! Leur rencontre a été déterminée par le «milieu» et les deux bandits vont faire parler d’eux durant leurs cinq années de collaboration. Si dans le privé les deux acolytes ne s’entendent pas vraiment par manque d’affinité, ils se complètent merveilleusement durant leurs braquages. Chacun, à son poste de prédilection, remplit son contrat avec détermination. En cas d’arrestation, l’un ira délivrer l’autre, tel sera leur code, ce qui entraînera la célèbre évasion de Mesrine en juin 1973 alors qu’il comparaissait en plein tribunal. Ardouin avait soigneusement dissimulé une arme dans les toilettes du tribunal afin qu’il braque le juge pour s’enfuir avec.

En racontant Mesrine, Ardouin se livre aussi. Deux parcours parallèles qui se retrouvent la plupart du temps pour un braquage de banque. Ardouin souligne le caractère singulier de Mesrine, qui au final, connaissait très mal le monde du grand banditisme, agissant la plupart du temps par impulsion, orgueil, besoin urgent d’argent ou caprice de malfrat. Au prix d’une image médiatique d’ennemi public qu’il souhaitait à tout prix, il commettra souvent l’irréparable. Ce qui explique ses erreurs, ses débordements et ses agissements curieux comme la tentative d’exécution du journaliste Jacques Tillier en septembre 1979. Mesrine, de par son comportement fougueux et imprévisible, était relativement seul dans le milieu et n’avait que très peu de relation ; d’où la présence et le côté méticuleux d’Ardouin qui pouvait lui fournir armes, planques et faux papiers plus facilement. Mais pour cela, il fallait respecter ce milieu, ce que Mesrine ne faisait pas toujours.

Là où le talent de Mesrine ressort, c’était lors des braquages où il faisait preuve d’un sang froid et souvent d’humour tout en évitant (la plupart du temps) le bain de sang. Lors des procès également où son aura clouait sur place les jurés, et sa verve convainquait l’assemblée. «Charisme» est le mot qui revient sans cesse dans le vocabulaire d’Ardouin. C’est ce caractère trempé qui lui permit de s’évader trois fois, d’emmener sur sa route d’autres truands comme François Besse ou encore de corrompre des avocats. Mais suite à ce procès de 1977, Ardouin écopa de 10 ans. Il ne prit pas part aux deux dernières années de Mesrine qui périt sous les balles policières ce 2 novembre 1979. Le 2 janvier 1980, il sort de prison. Mesrine est mort ; lui, il a pour volonté de poursuivre son activité de bandit, et cela durant vingt ans, nous dit-il.

Un livre qui retrace avec dureté et précision quelques pages sanglantes de notre histoire récente. Ardouin s’efface souvent au profit de son compère, puis revient sur lui lors de son incarcération à la Santé. On suit avec intérêt et parfois interrogation ces deux destins à la fois soudés et distants. Un livre qui nous montre la violence d’un milieu secret mais aussi ses codes, sa philosophie et sa folie.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 07/01/2009 )
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