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A la gloire du plus célèbre des moineaux
Emmanuel Bonini   Piaf, la vérité
Pygmalion 2008 /  21,90 € - 143.45 ffr. / 590 pages
ISBN : 978-2-7564-0191-1
FORMAT : 15,5cm x 24cm
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La véritable Romy Schneider, La véritable Dalida, La véritable Mireille Mathieu … et maintenant, Piaf, la vérité. Autant dire que tant la formulation que les sujets rendent quelque peu réticent l’amateur d’histoire. Et pourtant, le livre vaut la peine d’être lu, car l’auteur, Emmanuel Bonini, ne se contente pas d’ajouter un volume à la liste des biographies de la plus célèbre "chanteuse réaliste du XXe siècle". Et c’est que la liste est très longue : entre les fausses sœurs, les vrais demi-frères, les admirateurs inconditionnels et autres meilleurs amis autoproclamés, il y avait du mérite à essayer de débroussailler cette jungle d’écrits biographiques. Décortiquant chronologiquement la vie d’Edith Piaf, E. Bonini a réalisé un travail d’explorateur méthodique.

Sans doute entre autres grâce au récent film d’Olivier Dahan (La Môme, 2007), la vie et la carrière d’Edith Piaf (1915-1963) sont bien connues, tout comme les légendes qui les entourent. E. Bonini démonte tous ces mythes (la naissance supposée dans la rue, la cécité miraculeusement envolée grâce à Sainte-Thérèse et autres fadaises). Il retrace brièvement la carrière de son père et de sa mère, tout deux artistes. Il montre également que Piaf n’est pas tout à fait une misérable chanteuse des rues découverte un beau jour de 1935 à un coin de rue et charitablement embauchée par Louis Leplée, mais qu’elle est déjà bien insérée dans le monde du spectacle, ayant des contrats régulièrement dans divers cabarets. Mais ne diminuons pas le mérite du patron du Gerny’s, c’est bien lui qui a fait d’Edith Gassion la Môme Piaf. On sait l’assassinat mystérieux de L. Leplée en 1936 et le refuge qu’Edith Piaf trouve dans les bras de Raymond Asso, son premier parolier important. Même si R. Asso n’a pas eu le triomphe modeste - «Piaf, je l’ai un peu faite moi-même. J’ai accouché d’elle, souffrances comprises» (cité par E. Bonini, p.146) -, on ne peut nier son importance dans le deuxième lancement de celle qui a désormais trouvé son nom de scène définitif, Edith Piaf. C’est à cette époque qu’elle se lie d’amitié avec Marguerite Monnot, compositeur de plusieurs de ses chansons (L’Hymne à l’amour, Milord…).

L’oiseau vole maintenant de ses propres ailes, devenant, selon l’article de quatre pages paru dans Match en avril 1940, «une vedette». C’est à cette période que son ami Jean Cocteau écrit pour elle Le Bel indifférent, pièce qu’elle joue en 1940 avec Paul Meurisse. Les succès font suite aux succès, tant à Paris, en Province qu’à l’étranger (à New York notamment). Grande découvreuse de talents, Edith Piaf a mis le pied à l’étrier de nombre de chanteurs : Paul Meurisse, Yves Montand, Georges Moustaki, Les Compagnons de la chansons, Charles Aznavour, Eddie Constantine ou encore Théo Sarapo, son dernier mari. Une bonne partie de ces hommes furent aussi ses amants, le palmarès de la «mangeuse d’hommes» est bien connu. Car la vie privée chaotique d’Edith Piaf fait bien partie de la légende, savamment entretenue de son vivant par la chanteuse elle-même.

Edith Piaf a par ailleurs été actrice, au théâtre (La P’tite Lily, écrite pour elle en 1951 par Marcel Achard) comme au cinéma (Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry, French Cancan de Jean Renoir en 1954). Il est vrai que les films dans lesquels elle a joué ne sont pas tous passé à la postérité (Montmartre-sur-Seine de Georges Lacombe en 1941, ou Étoile sans lumière de Marcel Blistène en 1946 par exemple) et qu’ils valent parfois surtout pour sa voix extraordinaire.

Travailleuse acharnée, elle a enregistré plus de 350 chansons, dont 80 écrites par elle. On le sait peut-être moins, elle a également été auteur de chansons pour d'autres interprètes (pour Tino Rossi ou Eddie Constantine par exemple). Rongée par la maladie et par toutes les substances qu’elle absorbe pour y faire face, elle succombe à 47 ans, en octobre 1963. L’émeute qui fait suite à son décès et la foule qui accompagne son cortège au Père Lachaise disent assez sa popularité. Car elle fascine et n’a pas fini de fasciner, Emmanuel Bonini lui-même en est la preuve vivante, lui qui a consacré de son temps à écrire la biographie de «la plus grande chanteuse du monde» (p.80).

Et c’est l’un des problèmes que pose cette biographie : littéralement subjugué par son sujet et donc pas objectif pour un sou («A l’instar de Napoléon, elle fut de ces «petits» qui firent trembler le monde et les mots ne seront jamais assez vains pour la définir», p.173), il manque à E. Bonini un brin de recul. Indubitablement, cette hagiographie a des qualités : la quantité des sources brassées est impressionnante, le travail de reconstitution est minutieux, les archives et collections parfois privées auxquelles il a eu accès étaient visiblement pour une part inédites. Citons celles de Danielle Bonel, la dernière secrétaire d’Edith Piaf (dont les archives sont désormais à la Bibliothèque nationale de France), qui a ouvert ses cartons et ses souvenirs sans compter. La spécialité d’E. Bonini semble être l’utilisation des témoignages des personnes qui ont connu Edith Piaf (ou de leurs descendants) ; c’est effectivement intéressant, mais un peu dangereux dans l’emploi pas toujours critique qui en est fait. Par ailleurs, l’usage de ces sources est assez «affectif», permettant de distinguer les vrais amis des hypocrites ou intéressés. Évidemment le sujet s’y prête et sans doute qu’une partie du lectorat attend ces paragraphes obligés.

Il reste qu’Emmanuel Bonini est un peu trop friand d’anecdotes et de bons mots et peu enclin à citer précisément ses sources : il aurait été bienvenu de les énumérer toutes, on doute que la courte biographie citée en fin de volume ait fourni la matière à un travail si précis. Un index aurait été fort commode, un renvoi vers les listes exhaustives de chansons écrites ou pièces et films dans lesquels elle a joué (qui existent par ailleurs) utile. En somme, c’est de l’excellente vulgarisation mais il manque des qualités pour en faire un travail d’historien achevé.


Cécile Obligi
( Mis en ligne le 12/01/2009 )
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