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La success story d'un pape de la night | | | Claude Challe Party de vie
Panama 2006 / 25 € - 163.75 ffr. / 238 pages
ISBN : 2-7557-0120-X
FORMAT : 14,5cm x 20,5cm
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Le livre autobiographique de Claude Challe est incontestablement original. Par son aspect dabord. Tranchant avec toutes les couvertures habituelles, celle-ci est rose, joliment ornée et arbore en lettres vertes un titre bien trouvé, un brin flamboyant : Party de vie ! La dimension esthétique et marketing saute aux yeux. Elle ne cessera dans tout le livre de faire écho au personnage tel quil se raconte. Un livre original par son contenu aussi puisque plusieurs photos (en couleur, mais hélas sans légende) en agrémentent la lecture.
Or justement, quel personnage ! Claude Challe, est un héros onirique, extravagant et burlesque, qui aura tissé sa vie autour de quatre fils rouges : le sexe, les femmes, les discothèques et la musique. Sa success story a des allures de film hollywoodien. La vie quil raconte, de Tunis à Paris en passant par Bali, Ibiza, Los Angeles, Koh Phangan (Thaïlande) et Marrakech, est un mélange de Casino et du Studio 54 (la célèbre discothèque new-yorkaise quil a failli diriger), avec le côté parfois pathétique de Macadam Cow-Boy. Parti de rien, tour à tour coiffeur et fripier, hippy et dandy, clown et co-boss des Bains (entre autres boîtes), fauché et millionnaire, il collectionne les filles comme les dadas, jusquà sa dernière conquête, la seule peut-être qui soit une constante dans sa vie : la musique, dont il sapproprie la muse en simprovisant DJ
et ça marche ! On connaît tous ses compiles, celles du Buddha Bar ou dailleurs, un maelstrom réussi et bankable des musiques du monde. Mais on ne connaissait pas ou très peu - le personnage qui se cachait derrière.
Claude Challe est ainsi, et cest ce qui ressort le mieux de son autobiographie, un Janus post-moderne, à la fois héros et anti-héros, un hermaphrodite viril qui aime trop les femmes pour ne pas rêver den être une. Cest un héros de nos mythologies actuelles, pleines de fric et de minettes, de strass et de paillettes. Cest enfin un play-boy sympathique, autodidacte intégral, culotté et doté dun sex-appeal - paraît-il - à faire frémir de désir les plus belles créatures du musée Grévin. Car la Femme est son idéal. Il en a eu des dizaines, de toutes confessions, de tous horizons, de toutes professions. Certaines ne furent que des bibelots sexuels, dautres les dernières surtout sont plus que des «coups» ou des copines, elles sont des «compagnonnes», ce qui est une manière toute «chalienne» de dire quil les aime beaucoup !
Cest un séducteur oriental. Son bagou, son charisme et son audace, même décrits en termes très simples, sont impressionnants. On se dit quil en rajoute sûrement un peu, même beaucoup parfois, par exemple quand il raconte son amitié avec Jack Nicholson, mais lexagération, à coup sûr, fait aussi partie du personnage. Lequel devient carrément émouvant quand il parle de ses échecs, nombreux, tant dans le business quen amour, et de ses craintes sexuelles quant à la maladie un cancer de la prostate qui le ronge sur le tard. Car cest un autre trait saillant de Claude Challe, sincèrement révélé par son texte : son côté roulette russe, clignotant dans la nuit, flashy par intermittence, comme un stroboscope ! Comme Sisyphe, il ne cesse de gravir des montagnes, indéfiniment
De femmes en maîtresses, des boites de la Jet-Set aux boutiques du Sentier et de succès en faillites, il ne parvient pas à se fixer, ni dans une profession (il en aura plus de quinze), ni dans une relation (là, tout comptage est impossible !), ni même dans une ville.
Cette autobiographie se lit très facilement. Les anecdotes sont souvent étonnantes, surtout pour le profane de la «night». Ça sarrête là, car une fois le livre refermé, il ne reste à la surface que lécume tiède dune histoire baroque parmi tant dautres, racontée sans style (mais Claude Challe na jamais prétendu posséder ce style-là) et assez platement malgré les folles protubérances de ce personnage haut en couleurs. On se perd dans une chronologie très floue, voire inexistante (à la fin du livre, on ne sait toujours pas quel âge à Claude Challe), et la tentative de créer des mouvements à la place des chapitres est trop artificielle pour vraiment rythmer le texte et structurer lhistoire.
Sans doute les amateurs de tossing, de nuits torrides et de clubbing trouveront-ils dans Party de vie de quoi rêver et pardonneront à lauteur ses (trop) nombreuses digressions superficielles et (un peu) ridicules sur le sens de la vie, lorigine du monde, les vertus du tantrisme, de la paix et de lamitié entre les peuples. Comme dans ce «Final utopique», le dernier mouvement, où Claude Challe semble se prendre pour Zoroastre
! Il reste au total un personnage et un livre attendrissants, un brin amusants. Curieux aussi. Sans plus.
Karim Amellal
( Mis en ligne le 17/05/2006 )
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