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Pour une politique et une économie chrétiennes
Falk Van Gaver   Christianisme contre capitalisme ?
Cerf 2017 /  14 € - 91.7 ffr. / 171 pages
ISBN : 978-2-204-11991-7
FORMAT : 12,5 cm × 19,5 cm
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A l'heure où, après avoir jadis suivi une Margaret Thatcher qui, pour justifier sa politique libérale, invoquait une phrase de Saint Paul de manière éhontée, nombre de chrétiens se réfugient dans la grande étreinte rhétorique de Fillon, Macron ou Merkel, défendent la famille contre les homosexuels qui voudraient en fonder une mais pas contre les réformes du code du travail qui séparent les pères et les mères de leurs enfants pour mieux les vendre à la team d'entreprise, le petit ouvrage de Falk Van Gaver rappelle qu'un chrétien ne peut décidément pas être l'adepte aveugle d'un système économique - un automate ou une mégamachine, pour reprendre l'expression de Serge Latouche - voué à la production de richesses monétaires et basé sur la répartition inégale de celles-ci. Car le problème du capitalisme triomphant est double : d'une part, il a pour fin la production de l'Argent, pas celle de biens utiles ou d'échanges qui sociabilisent, d'autre part, il crée nécessairement des riches et des pauvres (voire les transforment en des misérables), c'est-à-dire des asymétries de pouvoir et de propriété au sein d'un système politique qui en garantit et en légitime la pérennité.

Van Gaver s'inscrit dans une longue lignée d'écrivains et de penseurs chrétiens, comme Ellul, Illich, Péguy, Bernanos, Ruskin, Bloy, Chesterton, Tolstoï ou encore plus récemment Gutiérrez, Boff, Bastaire et De Ravignan, qui pensent que l'on ne peut pas plus faire du Christ un pur esprit que du christianisme un simple spiritualisme. Dans le nouveau Testament, il y a bel et bien, outre une éthique, des fondements pour une politique et une économie chrétiennes. Du reste, il n'a pas fallu attendre Léon XIII pour que l'Eglise catholique – soit institutionnellement, soit par le biais de courants monachiques ou de figures majeures comme François d'Assise - critique l'usure, restreigne le droit et l'usage de la propriété (ce qui mériterait une étude synthétique) et favorise les premières organisations d'aide sociale. Et si, comme toutes les institutions qui assurent d'abord (et de manière souvent contre-productive) leur pérennité, elle a été trop souvent lâche, pusillanime, hypocrite, intéressée, complice voire coupable, l'Eglise ne mérite certainement pas les quolibets que lui vouèrent certains philosophes des Lumières qui défendaient fanatiquement le droit de propriété, un système politique dont le peuple était écarté par l'illusion de la représentation, croyaient que le «doux» commerce allait réguler les mœurs, sociabiliser les hommes, et ne se permettaient surtout pas d'imaginer que le progrès pourrait engendrer des Auschwitz, des Hiroshima, des problèmes climatiques, la fin des abeilles, des épidémies de cholestérol, des nanorobots et des perturbateurs endocriniens...

Car tout est dans tout, et les ressources intellectuelles qu'offre le christianisme pour s'opposer au capitalisme, il les offre aussi, comme le rappelle justement Van Gaver, pour la défense de l'environnement – mieux : pour l'écologisme. La lutte contre le capitalisme et contre la destruction de la pluralité de la vie sur terre implique en effet la fin de la société de consommation. Or, voici justement ce que le christianisme a, dès ses origines, rejeté de ses tripes à sa mystique, si l'on excepte – Illich l'a dénoncé avec acuité - l'erreur d'interprétation institutionnelle de la parabole du bon samaritain, qui a hélas favorisé et le colonialisme et le développementisme. La dernière partie de l'ouvrage est d'ailleurs consacrée à ce rejet de la société de consommation, avec l'appel aux chrétiens à s'engager concrètement dans la simplicité volontaire, le mouvement des NO-TAV en Italie et les ZAD en France. Finalement, si c'est une autre forme de théologie de la libération qui doit être mise en œuvre dans les pays dits «développés», l'exigence d'engagement est encore plus nécessaire.

La convergence du christianisme et de l'écologisme réside dans le fait que, pour les deux, la question socio-économique ne peut pas être traitée sans celle de l'autonomie, de la dignité humaine et de l'inscription de l'humanité dans le devenir planétaire. L'encyclique Laudato si du pape François ne dit rien d'autre, mais rappelle aux écologistes que cela implique aussi de traiter la problématique des biotechnologies, de l'avortement et du transhumanisme. L'appel du coude (et à la cohérence) de l'auteur aux manifestants de la Manif pour tous est une tentative de faire concrètement, politiquement la jonction... Pas sûr, hélas, que les gens qui brandissaient des affiches bleues et roses, aux couleurs du marketing des jouets pour enfants, comprennent le message...


Frédéric Dufoing
( Mis en ligne le 27/11/2017 )
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