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| Christof Koch À la recherche de la conscience - Une enquête neuro-biologique Odile Jacob 2006 / 39.00 € - 255.45 ffr. / 460 pages ISBN : 2-7381-1712-0 FORMAT : 15,5x24 cm
L'auteur du compte rendu : Antoine Bioy est docteur en psychologie et psychologue clinicien. Il vient de co-signer l'ouvrage Souvenirs d'anorexie (éditions K&B, mai 2006).
Traduit de l'anglais (américain) par Christophe Pallier. Imprimer
Christof Koch est Professeur de biologie de la cognition et du comportement au California Institute of Technology. Il fait ici le point sur le domaine dans lequel son expertise est internationalement reconnue : celle de la conscience. Une préface du Nobel et ami de lauteur Francis Crick présente louvrage.
Christof Koch approche la question de la conscience dans la plus pure tradition des neurosciences : en considérant quelle recouvre lensemble des évènements physiologiques qui permettent au cerveau danalyser les sensations et les perceptions. Ceci, dans une recherche à peine voilée de ce que pourrait bien recouvrir la notion de «subjectivité humaine» qui ne trouve pas ici, malgré ce quen dit la quatrième de couverture, de véritable réponse (pas plus que dans dautres écrits dans ce champ de recherche). Koch suppose quelle pourrait être due à quelque chose de lordre de la signification (attribuer au bleu de la tasse un souvenir denfance) mais avoue ne pas pouvoir en dire plus. Une question se dégage qui guide les propos de lauteur : quels sont les mécanismes neuronaux minimaux suffisants pour engendrer un percept précis ? En dautres termes, ce qui est recherché sont les corrélats neuronaux de la conscience (NCC). Le pari de lauteur repose sur une analogie : comme la description de la double hélice dADN a permis davancer des lois de lhérédité (via la réplication moléculaire), la description des NCC devrait permettre davancer une théorie de la conscience (via les percepts).
Louvrage est loccasion de faire une revue des connaissances dans le domaine de la conscience, essentiellement en sappuyant sur les études portant sur les percepts visuels, et en laissant de côté notamment tous le champ des émotions, tel quétudié entre autres par Damasio ou Edelman. Quelques métaphores scientifiques assez novatrices et propres à lauteur sont présentées, comme celle du liage dynamique des activités neuronales dans différentes aires corticales pour expliquer une certaine forme de conscience, ou encore la théorie des «zombis» (systèmes qui sous-tendent des comportements sensori-moteurs stéréotypés rapides, cest-à-dire sans sensation consciente). Des questions affleurent alors comme le fait de savoir pourquoi nous ne sommes pas simplement des «zombis inconscients», cest-à-dire des organismes vivants simplement mus par des activités réflexes ? La question reste sans réponse (l'auteur ny voit pas de «raison logique») et pourrait se réfléchir dans dautres champs, comme celui de la philosophie, mais Koch sy refuse en reconnaissant à peine que notamment ce champ de réflexion sait bien poser les questions, mais ne saurait trouver de réponses. On se demande alors si justement ce qui pourrait être nommé conscience ne serait précisément pas là où le cherche lauteur, mais dans tous ces «à-côtés» qui font que justement nous ne sommes pas quune somme de «zombis» tels que définis par Koch
On laura compris, À la recherche de la conscience est un ouvrage académique, bien quécrit dans un style plus accessible que celui des grandes revues internationales portant sur le sujet des neurosciences. Le postulat de départ est que la conscience est un fait neuronal, dont il faut sattacher à décrypter le fonctionnement en cherchant les liens causalistes qui le sous-tendent. Louvrage de Christof Koch est à la fois une bonne synthèse universitaire des connaissances actuelles en neurosciences (en ce qui concerne le traitement cortical des sensations), avec quelques données liées à ses propres recherches avec Crick. On souhaite à Koch la même aventure quà son comparse : plus de dix ans dhypothèses décriées avant de pouvoir être prouvées
Mais il reste que lon se demande toujours, à la fin de louvrage, si un énorme quiproquo ne subsisterait pas dans ce que lauteur nomme «la conscience». Ne serait-il pas temps que des chercheurs dhorizons différents se mettent enfin autour dune table pour mieux délimiter et définir les concepts évoqués plutôt que de nommer de la même façon des notions aux contenus et aux approches si différents ? À limage de ce que lauteur dit notamment de la philosophie (mais aussi dautres courants tels que le cognitivisme), on en est encore à vouloir écarter dun revers de main les points de vue autres plutôt que dengager une réflexion plus intégrative
Antoine Bioy ( Mis en ligne le 06/06/2006 ) Imprimer | | |
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