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Mesrine : sortie de mythe
avec Hervé Palud
Wild Side Video 2006 / 19.99 € - 130.93 ffr.
Durée DVD 120 mn.
Durée film 90 mn.
Classification : - 16 ans |
Sortie Cinéma : 1984, France
Version : DVD 9 Zone 2
Format vidéo : PAL, format 1.66
Format image : 16/9e compatible 4/3
Format audio : Français mono
Sous-titres : non
Bonus :
Jacques Mesrine, retour sur un mythe criminel (24 min)
Articles de presse
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En 1984 sort en salle Mesrine, profession ennemi public, un documentaire d'Hervé Palud, fruit de plus de deux ans de travail et de très nombreuses rencontres qui ont mené le réalisateur à travers la France et le Canada. On peut s'étonner de la sortie discrète du film à l'époque (aujourd'hui en DVD chez Wildside Vidéo) : il s'agit du seul documentaire existant alors que le personnage, devenu mythe, hante l'actualité de façon récurrente depuis sa mort.
L'histoire : 2 novembre 1979, Porte de Clignancourt à Paris, fin de cavale et fin de partie pour Jacques Mesrine. Après des années de poursuite, il tombe sous les balles de l'Antigang du commissaire Broussard. C'était il y a 27 ans ; pourtant, Mesrine fascine toujours. Preuves de cet intérêt, les deux films qui sont actuellement en préparation, l'un pour la télévision et l'autre pour le cinéma avec, a priori, Vincent Cassel dans le rôle titre. Mais il semble que la préparation du film, sous la production de Thomas Langman, soit un peu compliquée... On ne sait pas si le personnage porte la poisse ou si la fascination fait peur : malgré différents projets existant dès avant la mort du gangster, aucun n'a abouti à ce jour. Aucun, mis à part celui réalisé par Palud. Au départ, le réalisateur voulait travailler sur une fiction mais, ayant amassé seul une large documentation, il décide de se lancer dans la réalisation d'un documentaire. On peut alors être surpris que ce soit le même Hervé Palud qui réalise ensuite les plus ou moins fameux Un indien dans la ville, Les Frères Pétard ou encore Mookie...
Fascination et répulsion entourent le personnage, répétons-le. Ces sentiments animent le réalisateur et cette ambivalence est au cur de son travail, tout comme à l'uvre chez le spectateur. Mesrine est charismatique, expert en communication et au jeu du chat et de la souris qu'il joue avec la police. Il est né le 28 décembre 1936, comme nous l'apprend ici sa mère. Une des qualités du documentaire réside en effet dans les nombreuses rencontres avec les personnages qui ont côtoyé Mesrine : sa mère, ses compagnes, ses anciens complices. Seuls les policiers sont absents. Palud n'a pas obtenu l'autorisation de la préfecture de police pour ses interviews. Ils ne sont présents que dans les compléments présents sur le DVD, par la biais de Charles Pellegrini, chef opérationnel de la BRI à l'époque des faits, les concurrents de l'Antigang. Le réalisateur tente de comprendre comment s'est créée la mythologie criminelle autour de Mesrine. Il tente aussi essentiellement de justifier la fin tragique du truand. Celle-ci a d'ailleurs fait couler beaucoup d'encre : tentative d'arrestation classique qui a mal tourné ou exécution sommaire ? Malgré la confirmation de la justice, il subsiste des doutes, notamment chez le réalisateur qui penche pour la première version.
Car ce truand exemplaire, mélange de Robin des Bois et de Clyde Barrow, inspirait une certaine forme de respect, même au sein de la police. Il y avait aussi chez lui du Arsène Lupin, pour sa capacité à se grimer mais aussi, et peut-être surtout, à s'évader. Quant à la référence au héros de Sherwood, ici prononcée parfois, on acquiesce moins volontiers, car Mesrine n'a jamais pratiqué une quelconque redistribution aux pauvres...
Après la découverte des armes pendant la guerre d'Algérie, il lui reste une certaine fascination pour celles-ci qui deviendront ses outils favoris. Tout d'abord au Canada où il semble qu'il ait vraiment pris son envol avec quelques actions d'envergure. Celle consistant à attaquer la prison où ses complices étaient prisonniers a sans doute marqué les esprits. Du Canada, il lui reste aussi cette propension à utiliser les médias tous comme ces derniers l'utiliseront. De même en France. Talents aussi pour la mise en scène lorsqu'il accueille le commissaire Broussard venu l'arrêter avec du champagne et du caviar. Monsieur sait vivre ! Il aime la provocation aussi, annonçant qu'il s'évadera de la prison de la Santé. Ce qu'il fera alors qu'il était enfermé dans un des fameux QHS (Quartiers de Haute Sécurité), quasiment inventés pour lui. Une dernière cavale durera 18 mois au cours desquels il enlèvera un journaliste de Minute et essaiera de l'assassiner. 18 mois pendant lesquels il ridiculise la police et par là-même le gouvernement français, le ministre de l'Intérieur Bonnet en tête. De là à extrapoler que son arrestation a été simplement organisée comme une exécution
Malgré ce côté fascinant et romanesque, Palud parvient à dresser un portrait sans concession qui fait la part entre la mythologie d'une action que Mesrine revendiquait comme politique et sa réalité plus prosaïque de gangster. Une très bonne mise en bouche, juste et historique, avant de découvrir un Mesrine de fiction dans quelques mois.
Judicaël Tracoulat
( Mis en ligne le 14/06/2006 )
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