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Trans-Europe Express avec Jacques Tourneur, Merle Oberon, Robert Ryan, Paul Lukas Editions Montparnasse - RKO 2005 / 15 € - 98.25 ffr. Durée film 86 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : 1949, USA
Titre original : Berlin Express
Version : DVD5 / Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.33
Format audio : Anglais, Français (dolby digital mono)
Sous-titres : Français
Bonus :
Présentation du film par Serge Bromberg
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Après avoir tenté de lassassiner dans lExpress pour Berlin, une mystérieuse organisation nazie kidnappe le Dr Bernhardt (Paul Lukas) lors dune escale à Francfort. Afin de le retrouver, la secrétaire (Merle Oberon) de ce diplomate, uvrant pour la réunification de lAllemagne, sollicite laide de quatre passagers du train. A linstar dun film de propagande, le cinéaste applique les stéréotypes nationaux à ces quatre ressortissants des pays vainqueurs de la guerre à lorigine de la division de Berlin en secteurs doccupation. Le militaire russe est rigide et froid, langlais flegmatique, le français élégant et ambigu tandis que laméricain, dallure sportive, se montre pragmatique.
Jacques Tourneur, fils du cinéaste Maurice Tourneur, mena sa carrière principalement aux Etats-Unis, mais tourna ses premiers films en France au début des années 30. Il retrouve de nouveau Paris dans les premières scènes où Robert Lindley (Robert Ryan), en parfait touriste américain, visite au pas de charge les endroits incontournables de la capitale, de Montmartre à la Tour Eiffel. Ces images, véritables clichés touristiques, vont vite contraster avec celles des ruines de Francfort, détruite à 60% lors de la Seconde Guerre mondiale. Les protagonistes évoluent dans des décors naturels de villes dévastées, des décombres dimmeubles bombardés à la ténébreuse cave dune brasserie désaffectée où les conspirateurs se réunissent. Le réalisateur, dans sa manière très personnelle daborder ce sujet, conserve lart de la suggestion et du mystère quil a développé précédemment dans ses uvres fantastiques. Tous les ingrédients du film despionnage se mêlent, tels que la manipulation, la trahison, le complot, lenlèvement et la suspicion. Cependant, grâce à une voix off qui informe le spectateur, la clarté de laction et le sens de la narration restent privilégiés. Un noir et blanc épuré sert également lintrigue, tandis quun jeu dombres et de lumière traduit linstabilité de ce monde en mutation.
Le Troisième homme, tourné la même année à Vienne par Carol Reed et produit par le cinéaste Alexandre Korda, lépoux de Merle Oberon, présente de nombreuses similitudes. Latmosphère, le contexte historique, les lieux souterrains et sombres, sont assez semblables, toutefois le film de Reed se révèle moins humaniste et plus cynique. Les commentaires en voix off de Berlin Express ne manquent pourtant pas dironie, en soulignant que les Américains prirent soin dépargner de leurs bombes limmeuble dI.G. Farben, le siège du groupe industriel de matériel de guerre où ils établirent leur quartier général après la guerre. Le marché noir, les difficultés de vivre de la population allemande, la violence des bombardements, prêtant à une comparaison entre les ruines de Berlin et celles dHiroshima, sont aussi abordés. Bien que la fin prémonitoire laisse présager les futures divisions, le cinéaste se raccroche à une vision utopiste assez démonstrative, notamment dans la scène où lAméricain tend une main fraternelle à lofficier russe.
Cette uvre mineure de Jacques Tourneur comporte tout de même quelques scènes mémorables, dont lultime poursuite, à lambiance Hitchcockienne, dans le train. Dailleurs on est assez proche par le sujet et le traitement dUne Femme disparaît réalisé en 1938 par le maître du suspens. Cependant, le film se distingue surtout par la valeur du témoignage historique, au regard porté sur un pays dévasté ainsi que sur la brève période de transition avant la guerre froide. Berlin express a été tourné à une époque charnière, lorsque la victoire des alliés sur les puissances de lAxe avait suscité lespoir dune paix durable dans un monde pacifié. Cette espérance na été que de courte durée car la rupture, véritablement concrétisée en 1948, entraîna une bipolarisation des relations internationales.
Ayant reçu laval des armées doccupation, comme le précise un avertissement subséquent le générique du début, cette production évite pourtant dêtre manichéenne, hormis la clairvoyance et la valorisation du héros américain. Cette position contraste avec les films de propagande violemment anticommunistes qui vont se multiplier à Hollywood, dès la fin des années 40. La RKO, à la demande de son nouveau président, produisit un film sur le péril rouge, I married a communist, dont le tournage mouvementé usa de nombreux cinéastes, tels que Nicholas Ray et Joseph Losey. Trois des acteurs de Berlin express participèrent à cette aventure. Merle Oberon et Paul Lukas, initialement engagés, furent remplacés par Laraine Day et Robert Ryan, qui par la suite lutta pour la suppression de la commission des activités anti-américaines à lépoque du maccarthysme. Sorti en 1949 sous le titre, The woman on Pier Thirteen, il fut finalement achevé par Robert Stevenson. Malgré une production et des acteurs communs aux deux réalisations, celle de Jacques Tourneur, de par sa thématique, se rapproche plus de La scandaleuse de Berlin (1948) du cinéaste dorigine autrichienne, Billy Wilder, et de Allez coucher ailleurs (1949) une satire de ladministration de larmée américaine doccupation en Allemagne par Howard Hawks.
Les DVD de la collection RKO des Editions Montparnasse se caractérisent par la sobriété de leurs suppléments, puisquils consistent en une brève présentation du film par Serge Bromberg, le nouveau Monsieur cinéma, créateur, entre autres, de Lobster Films et animateur des séances Retour de flammes.
Corinne Garnier ( Mis en ligne le 14/03/2005 ) Imprimer | |
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