L'actualité du livre Dimanche 28 avril 2024
  
 
     
Films  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Films  ->  Drame  
Trans-Europe Express
avec Jacques Tourneur, Merle Oberon, Robert Ryan, Paul Lukas
Editions Montparnasse - RKO 2005 /  15  € - 98.25 ffr.
Durée film 86 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1949, USA
Titre original : Berlin Express

Version : DVD5 / Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.33
Format audio : Anglais, Français (dolby digital mono)
Sous-titres : Français

Bonus :
Présentation du film par Serge Bromberg


Imprimer


Après avoir tenté de l’assassiner dans l’Express pour Berlin, une mystérieuse organisation nazie kidnappe le Dr Bernhardt (Paul Lukas) lors d’une escale à Francfort. Afin de le retrouver, la secrétaire (Merle Oberon) de ce diplomate, œuvrant pour la réunification de l’Allemagne, sollicite l’aide de quatre passagers du train. A l’instar d’un film de propagande, le cinéaste applique les stéréotypes nationaux à ces quatre ressortissants des pays vainqueurs de la guerre à l’origine de la division de Berlin en secteurs d’occupation. Le militaire russe est rigide et froid, l’anglais flegmatique, le français élégant et ambigu tandis que l’américain, d’allure sportive, se montre pragmatique.

Jacques Tourneur, fils du cinéaste Maurice Tourneur, mena sa carrière principalement aux Etats-Unis, mais tourna ses premiers films en France au début des années 30. Il retrouve de nouveau Paris dans les premières scènes où Robert Lindley (Robert Ryan), en parfait touriste américain, visite au pas de charge les endroits incontournables de la capitale, de Montmartre à la Tour Eiffel. Ces images, véritables clichés touristiques, vont vite contraster avec celles des ruines de Francfort, détruite à 60% lors de la Seconde Guerre mondiale. Les protagonistes évoluent dans des décors naturels de villes dévastées, des décombres d’immeubles bombardés à la ténébreuse cave d’une brasserie désaffectée où les conspirateurs se réunissent. Le réalisateur, dans sa manière très personnelle d’aborder ce sujet, conserve l’art de la suggestion et du mystère qu’il a développé précédemment dans ses œuvres fantastiques. Tous les ingrédients du film d’espionnage se mêlent, tels que la manipulation, la trahison, le complot, l’enlèvement et la suspicion. Cependant, grâce à une voix off qui informe le spectateur, la clarté de l’action et le sens de la narration restent privilégiés. Un noir et blanc épuré sert également l’intrigue, tandis qu’un jeu d’ombres et de lumière traduit l’instabilité de ce monde en mutation.

Le Troisième homme, tourné la même année à Vienne par Carol Reed et produit par le cinéaste Alexandre Korda, l’époux de Merle Oberon, présente de nombreuses similitudes. L’atmosphère, le contexte historique, les lieux souterrains et sombres, sont assez semblables, toutefois le film de Reed se révèle moins humaniste et plus cynique. Les commentaires en voix off de Berlin Express ne manquent pourtant pas d’ironie, en soulignant que les Américains prirent soin d’épargner de leurs bombes l’immeuble d’I.G. Farben, le siège du groupe industriel de matériel de guerre où ils établirent leur quartier général après la guerre. Le marché noir, les difficultés de vivre de la population allemande, la violence des bombardements, prêtant à une comparaison entre les ruines de Berlin et celles d’Hiroshima, sont aussi abordés. Bien que la fin prémonitoire laisse présager les futures divisions, le cinéaste se raccroche à une vision utopiste assez démonstrative, notamment dans la scène où l’Américain tend une main fraternelle à l’officier russe.

Cette œuvre mineure de Jacques Tourneur comporte tout de même quelques scènes mémorables, dont l’ultime poursuite, à l’ambiance Hitchcockienne, dans le train. D’ailleurs on est assez proche par le sujet et le traitement d’Une Femme disparaît réalisé en 1938 par le maître du suspens. Cependant, le film se distingue surtout par la valeur du témoignage historique, au regard porté sur un pays dévasté ainsi que sur la brève période de transition avant la guerre froide. Berlin express a été tourné à une époque charnière, lorsque la victoire des alliés sur les puissances de l’Axe avait suscité l’espoir d’une paix durable dans un monde pacifié. Cette espérance n’a été que de courte durée car la rupture, véritablement concrétisée en 1948, entraîna une bipolarisation des relations internationales.

Ayant reçu l’aval des armées d’occupation, comme le précise un avertissement subséquent le générique du début, cette production évite pourtant d’être manichéenne, hormis la clairvoyance et la valorisation du héros américain. Cette position contraste avec les films de propagande violemment anticommunistes qui vont se multiplier à Hollywood, dès la fin des années 40. La RKO, à la demande de son nouveau président, produisit un film sur le “péril rouge”, I married a communist, dont le tournage mouvementé usa de nombreux cinéastes, tels que Nicholas Ray et Joseph Losey. Trois des acteurs de Berlin express participèrent à cette aventure. Merle Oberon et Paul Lukas, initialement engagés, furent remplacés par Laraine Day et Robert Ryan, qui par la suite lutta pour la suppression de la commission des activités anti-américaines à l’époque du maccarthysme. Sorti en 1949 sous le titre, The woman on Pier Thirteen, il fut finalement achevé par Robert Stevenson. Malgré une production et des acteurs communs aux deux réalisations, celle de Jacques Tourneur, de par sa thématique, se rapproche plus de La scandaleuse de Berlin (1948) du cinéaste d’origine autrichienne, Billy Wilder, et de Allez coucher ailleurs (1949) une satire de l’administration de l’armée américaine d’occupation en Allemagne par Howard Hawks.

Les DVD de la collection RKO des Editions Montparnasse se caractérisent par la sobriété de leurs suppléments, puisqu’ils consistent en une brève présentation du film par Serge Bromberg, le nouveau “Monsieur cinéma”, créateur, entre autres, de Lobster Films et animateur des séances Retour de flammes.


Corinne Garnier
( Mis en ligne le 14/03/2005 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd