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Films -> Policiers / Thrillers |
Requiem pour un traquenard avec Jacques Tourneur, Robert Mitchum, Kirk Douglas, Jane Greer Editions Montparnasse - RKO 2004 / 12.99 € - 85.08 ffr. Durée film 96 mn. Classification : Tous publics | Sortie cinéma : 1947, USA
Titre original : Out of past
Version : Zone 2/DVD 5
Format vidéo : 4/3
Format image : 1 : 33
Format audio : Dolby digital mono, Anglais
Sous-titres : Français
Bonus :
Présentation de Serge Bromberg
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Ce classique du film noir réalisé par Jacques Tourneur, sur un scénario que Daniel Mainwaring a adapté de son roman publié sous le pseudonyme de Geoffrey Homes, Build my gallows high, est tout dabord sorti en France sous un titre similaire, Pendez-moi haut et court. Ces paroles, prononcées par le héros, trahissent son réalisme et son pressentiment de courir inéluctablement à sa perte, tandis que le titre original du film, traduit par La griffe du passé, indique son impuissance à échapper à son passé.
Le passé rattrape Jeff Bailey, interprété par Robert Mitchum, lorsque Whit Sterling, un joueur professionnel joué par Kirk Douglas, lui fixe un rendez-vous. Bailey ou Markham, son véritable nom, explique alors à sa fiancée, grâce à un long retour en arrière, les zones dombre de son existence. Lépoque où il était détective privé à New-York et quil fut chargé par Sterling de retrouver Kathie Moffatt, une femme qui lui a dérobé une importante somme dargent après avoir tenté de lassassiner. Il la retrouve à Acapulco, tombe sous son charme et décide de fuir avec elle, mais Kathie finit par lui dévoiler son vrai visage lorsquelle abat froidement son ancien associé avant de senfuir avec largent quelle avait toujours nié avoir volé. Cinq années après ces événements, Markham retrouve Kathie, qui est retournée auprès de Sterling, lequel souhaite que lex-détective récupère des documents compromettants auprès dun comptable qui le fait chanter. Dès lors, le piège se resserre autour de Markham, qui, tout en comprenant le traquenard que lon veut lui tendre, réalise quil ne peut sy soustraire.
La fuite sans issue du héros, le suspens, la tension permanente qui monte crescendo et la présence dune femme fatale, incarnée par Jane Greer, constituent les ingrédients qui composent ce chef duvre du film noir. La technique du flash-back, lambiance vénéneuse et la damnation pour lamour dune femme, rappellent aussi dautres films du genre, comme Assurance sur la mort de Billy Wilder (1944) et Les Tueurs de Richard Siodmak (1946). Ces réalisations, à linstar de La Griffe du passé, inversent certains poncifs, car le romantisme et la passion des personnages masculins sopposent au pragmatisme et à la manipulation de femmes prédatrices et vénales. Markham avance désabusé, acceptant son destin avec résignation et fatalisme. Sa nonchalance et son détachement se distinguent du cynisme et du volontarisme de Sterling, mais tous les deux apparaissent, au final, comme des victimes dune obscure machination qui les broiera. Le personnage joué par Mitchum, contrairement à celui incarné par Douglas, a conscience de cela et apparaît plutôt comme une figure de rhétorique représentant langoisse, la souffrance, la solitude inhérentes à la condition humaine.
Les villes sont les lieux de leur perdition mais la nature ne leur propose aucune autre alternative. Le panoramique du début, montrant un paysage montagneux de louest des Etats-Unis, aboutit à lentrée, dans une petite ville, dune voiture qui scellera le sort de Markham. Il en est de même pour le décor paradisiaque dAcapulco, souvent filmé de nuit, de manière sombre et menaçante, notamment, lors de la scène où les deux amants décident de fuir et quun coup de vent, annonciateur de terribles oracles, ouvre violemment la porte du bungalow. Dans cet univers où tout est tronqué, seul le mensonge se révèle libérateur comme lillustre lultime échange entre la fiancée et lemployé sourd et muet de Markham, qui, comprenant les dernières volontés de son patron, la libère de son passé pour quelle puisse oublier cet épisode dramatique et reconstruire sa vie.
Jacques Tourneur applique sa vision personnelle et pessimiste, tout en accordant une dimension ontologique ainsi que métaphysique, à ses films de genre, que ce soit dans ce thriller ou dans des westerns, des films daventure ou dépouvante, comme La Féline (1942) où lhorreur est dautant plus présente quelle nest que suggérée. Ce goût pour lellipse et la litote ne se retrouve malheureusement pas dans ladaptation plus récente de luvre littéraire de Daniel Mainwaring, Contre toute attente (1984), réalisé par Taylor Hackford avec Jeff Bridges, Rachel Ward et la participation de Jane Greer, clin dil au film de Tourneur.
Corinne Garnier ( Mis en ligne le 03/11/2004 ) Imprimer | |
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