L'actualité du livre Samedi 27 avril 2024
  
 
     
Films  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Films  ->  Policiers / Thrillers  
Requiem pour un traquenard
avec Jacques Tourneur, Robert Mitchum, Kirk Douglas, Jane Greer
Editions Montparnasse - RKO 2004 /  12.99  € - 85.08 ffr.
Durée film 96 mn.
Classification : Tous publics

Sortie cinéma : 1947, USA
Titre original : Out of past

Version : Zone 2/DVD 5
Format vidéo : 4/3
Format image : 1 : 33
Format audio : Dolby digital mono, Anglais
Sous-titres : Français

Bonus :
Présentation de Serge Bromberg

Imprimer


Ce classique du film noir réalisé par Jacques Tourneur, sur un scénario que Daniel Mainwaring a adapté de son roman publié sous le pseudonyme de Geoffrey Homes, Build my gallows high, est tout d’abord sorti en France sous un titre similaire, Pendez-moi haut et court. Ces paroles, prononcées par le héros, trahissent son réalisme et son pressentiment de courir inéluctablement à sa perte, tandis que le titre original du film, traduit par La griffe du passé, indique son impuissance à échapper à son passé.

Le passé rattrape Jeff Bailey, interprété par Robert Mitchum, lorsque Whit Sterling, un joueur professionnel joué par Kirk Douglas, lui fixe un rendez-vous. Bailey ou Markham, son véritable nom, explique alors à sa fiancée, grâce à un long retour en arrière, les zones d’ombre de son existence. L’époque où il était détective privé à New-York et qu’il fut chargé par Sterling de retrouver Kathie Moffatt, une femme qui lui a dérobé une importante somme d’argent après avoir tenté de l’assassiner. Il la retrouve à Acapulco, tombe sous son charme et décide de fuir avec elle, mais Kathie finit par lui dévoiler son vrai visage lorsqu’elle abat froidement son ancien associé avant de s’enfuir avec l’argent qu’elle avait toujours nié avoir volé. Cinq années après ces événements, Markham retrouve Kathie, qui est retournée auprès de Sterling, lequel souhaite que l’ex-détective récupère des documents compromettants auprès d’un comptable qui le fait chanter. Dès lors, le piège se resserre autour de Markham, qui, tout en comprenant le traquenard que l’on veut lui tendre, réalise qu’il ne peut s’y soustraire.

La fuite sans issue du héros, le suspens, la tension permanente qui monte crescendo et la présence d’une femme fatale, incarnée par Jane Greer, constituent les ingrédients qui composent ce chef d’œuvre du film noir. La technique du flash-back, l’ambiance vénéneuse et la damnation pour l’amour d’une femme, rappellent aussi d’autres films du genre, comme Assurance sur la mort de Billy Wilder (1944) et Les Tueurs de Richard Siodmak (1946). Ces réalisations, à l’instar de La Griffe du passé, inversent certains poncifs, car le romantisme et la passion des personnages masculins s’opposent au pragmatisme et à la manipulation de femmes prédatrices et vénales. Markham avance désabusé, acceptant son destin avec résignation et fatalisme. Sa nonchalance et son détachement se distinguent du cynisme et du volontarisme de Sterling, mais tous les deux apparaissent, au final, comme des victimes d’une obscure machination qui les broiera. Le personnage joué par Mitchum, contrairement à celui incarné par Douglas, a conscience de cela et apparaît plutôt comme une figure de rhétorique représentant l’angoisse, la souffrance, la solitude inhérentes à la condition humaine.

Les villes sont les lieux de leur perdition mais la nature ne leur propose aucune autre alternative. Le panoramique du début, montrant un paysage montagneux de l’ouest des Etats-Unis, aboutit à l’entrée, dans une petite ville, d’une voiture qui scellera le sort de Markham. Il en est de même pour le décor paradisiaque d’Acapulco, souvent filmé de nuit, de manière sombre et menaçante, notamment, lors de la scène où les deux amants décident de fuir et qu’un coup de vent, annonciateur de terribles oracles, ouvre violemment la porte du bungalow. Dans cet univers où tout est tronqué, seul le mensonge se révèle libérateur comme l’illustre l’ultime échange entre la fiancée et l’employé sourd et muet de Markham, qui, comprenant les dernières volontés de son patron, la libère de son passé pour qu’elle puisse oublier cet épisode dramatique et reconstruire sa vie.

Jacques Tourneur applique sa vision personnelle et pessimiste, tout en accordant une dimension ontologique ainsi que métaphysique, à ses films de genre, que ce soit dans ce thriller ou dans des westerns, des films d’aventure ou d’épouvante, comme La Féline (1942) où l’horreur est d’autant plus présente qu’elle n’est que suggérée. Ce goût pour l’ellipse et la litote ne se retrouve malheureusement pas dans l’adaptation plus récente de l’œuvre littéraire de Daniel Mainwaring, Contre toute attente (1984), réalisé par Taylor Hackford avec Jeff Bridges, Rachel Ward et la participation de Jane Greer, clin d’œil au film de Tourneur.


Corinne Garnier
( Mis en ligne le 03/11/2004 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd