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Films  ->  Policiers / Thrillers  
Je suis un assassin
avec Thomas Vincent, François Cluzet, Bernard Giraudeau, Karin Viard
France Télévisions Distribution 2005 /  25  € - 163.75 ffr.
Durée film 107 mn.
Classification : - 12 ans

Sortie Cinéma : France, 2003

Versions : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : DVD9 / Pal / Zone 2
Format image : 1.85 format respecté
Format écran : 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français, 5.1 Dolby Digital ou Dolby Stéréo

Bonus :
Le commentaire du réalisateur
Making-of promotionnel (15mn)
Scènes coupées commentées (30mn)
Bande-annonce du film
Galerie de photos sur les projets d’affiche

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Brice Kantor, écrivain à succès en panne d’inspiration, rencontre par hasard Ben Castelano, un auteur de polars en mal d’éditeur. Kantor lui propose un marché qui pourra les arranger tous les deux, faire paraître le manuscrit de Ben sous le nom de Kantor et s’assurer ainsi un beau succès de librairie. Mais l’ex-femme de Kantor possédant la moitié de ses droits, comment faire pour que les deux hommes puissent se partager la totalité des recettes ?
Simplement en tuant la gêneuse. Ben accepte le marché, et le fric qui va avec. La descente aux enfers commence.

Sur un pitch très classique, tiré du polar de Donald Westlake Le Contrat, Thomas Vincent nous livre un film acide, amoral et attachant. François Cluzet est parfait en homme dépassé par son destin, Giraudeau nous régale en « méchant que l’on adore détester », et Karin Viard est plus lunaire que jamais en femme de meurtrier basculant dans la folie pour continuer à vivre.

Si la rencontre entre les deux écrivains sur un quai de gare nous fait inévitablement penser à L’inconnu du Nord-Express, le reste du film s’en éloigne largement, et là où le film d’Hitchcock métaphorisait sur le double, le film ici, en introduisant le personnage de Suzy, la femme de Ben, focalise plutôt sur un trio infernal.
Le véritable intérêt de l’histoire ne repose donc pas sur la résolution de l’intrigue policière, prétexte à attirer un large public, mais bien plutôt sur l’évolution des trois personnages qui gravitent autour de ce meurtre, et particulièrement sur le personnage de Suzy, qui, après avoir encouragé son mari à passer à l’acte pour pouvoir changer de vie, ne s’en remettra pas.
On peut même penser qu’elle est le personnage central du film car c’est elle qui a la plus grande évolution dramatique et psychologique. Ben commet un crime affreux mais parvient à continuer à vivre comme si de rien n’était, et Kantor, l’écrivain mégalomaniaque, est malsain et pervers depuis le début.

Le film est structuré en trois parties, la première exposant les motifs des personnages et leurs hésitations, jusqu’au meurtre de Lucie Kantor par Ben. La seconde voit l’enquête policière progresser et les personnages amorcer leur dévissage de la réalité. Elle se conclut par la résolution de l’enquête, qui trouve en la personne du portier de l’immeuble de la victime, le faux coupable idéal. La troisième et dernière partie peut alors commencer, les personnages, libérés de la pression judiciaire, pouvant donner libre cours à leur folie destructrice.
Dans des décors provençaux arides et surchauffés, qui évoquent inévitablement l’enfer intérieur que vivent les personnages, Thomas Vincent nous entraîne dans leur folie jusqu’à un final au climat apocalyptique.

Si cette dernière partie est un peu plus lâche que le reste du film, très maîtrisé, elle est néanmoins surprenante par son étrangeté et son atmosphère. Thomas Vincent avoue dans son commentaire que c’est la partie du film qu’il préfère car c’est la plus radicale. Il sait aussi que c’est le côté le plus critiqué de son film, mais il l’assume complètement et affirme même que tout le reste du film, plus accessible et codifié, servait en fait à attirer le spectateur jusque là, jusqu’à ce Sud rêche et cauchemardesque, dans les profondeurs psychotiques de ces êtres qui pètent les plombs.

La question que pose Thomas Vincent, est « en quoi le fait de commettre un acte horrible modifie-t-il votre comportement et celui de votre entourage ? Et comment parvenez-vous ensuite à vivre normalement ? »
La réponse du film est que les deux personnages qui n’ont pas vécu concrètement le meurtre deviennent fous, par frustration de ne pas avoir ressenti cet état ultime, alors que l’auteur du crime parvient à assumer son acte et à passer à autre chose.
C’est lui qui réussira in fine à profiter de son geste alors que les deux autres protagonistes ne le supporteront pas.
Cette immoralité est une des réussites du film.

L’on pensait découvrir un polar machiavélique avec des manipulations et des retournements de situation. Thomas Vincent nous entraîne en fait très loin dans les mécanismes de l’âme humaine, ceux qui assimilent la mort au sexe, transformant ainsi un crime en acte d’amour sublime, ceux qui rendent les fantasmes obsédants et les passages à l’acte apaisants, ceux qui poussent les êtres à inverser les notions de bien et de mal pour supporter leur existence.

Dans la même veine qu’Harry, un ami qui vous veut du bien, le deuxième film de Thomas Vincent parvient à créer son propre climat d’« inquiétante étrangeté » et à plonger le spectateur dans le cauchemar éveillé que vivent les personnages.



Matthieu Charter
( Mis en ligne le 16/05/2005 )
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