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Plus qu'un film, Salò est un jalon de l'histoire de l'art avec Pier Paolo Pasolini, Paolo Bonacelli, Helene Surgere, Giorgio Cataldi Carlotta Films 2009 / 19.99 € - 130.93 ffr. Durée film 117 mn. Classification : Tous publics | Sortie cinéma, Pays : 1976, Italie
Titre original : Salò o le 120 giornate di Sodoma
Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3, PAL
Format image : 1.85 (couleurs)
Format audio : Italien (mono restauré)
Sous-titres : Français
Bonus :
- Salò d'hier à aujourd'hui (32 mn) : Un portrait de Pier Paolo Pasolini au travail à travers des images darchives, des photos de plateau, des interviews du réalisateur à lépoque et les témoignages de ses proches collaborateurs
- Salò, le dernier film de Pier Paolo Pasolini (10 mn) : Sur un montage de photos inédites, Pier Paolo Pasolini dirige dans un climat parfois détendu la scène finale de Salò
- Enfants de Salò (20 mn) : Entretiens avec quatre cinéastes français marqués et influencés par Salò : Bertrand Bonello, Catherine Breillat, Claire Denis, Gaspard Noé
- Galerie photos
- Bande annonce
Inclus, un livret (72 pages) comprenant l'intégralité du dossier de presse d'époque et de nombreuses photos de plateau inédites Imprimer
Vers 1944-45, dans la République de Salò, quatre notables fascistes décident de passer 120 journées dans une villa pour y assouvir leurs fantasmes pervers. Ils font enlever huit jeunes femmes et huit jeunes hommes qui doivent se plier à leurs exigences, organisées en trois "cercles" : des passions, de la merde et du sang. Trois "historiennes" les excitent par leurs récits...
Sulfureux, indigeste, violent, pornographique, les qualificatifs pleuvent à l'évocation de Salò ou les 120 journées de Sodome, le dernier film de Pier Paolo Pasolini. Plus de trente ans après sa sortie, ce chef-d'uvre du septième art suscite toujours autant de curiosité et de fascination chez les cinéphiles. Hervé Joubert-Laurencin est professeur à la faculté des arts dAmiens. Spécialiste de luvre de Pasolini, il est lun des traducteurs français de lécrivain cinéaste. Il décrypte le film à loccasion de sa réédition en Blu-ray et DVD.
Parutions.com : Peut-on dire que Salò est un film maudit ?
Hervé Joubert-Laurencin : Pas vraiment. Le seul aspect «maudit» du film, c'est qu'il précède la mort de Pasolini. Le cinéaste est assassiné près de Rome dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975. Il aura tout juste eu le temps de finaliser Salò. D'ailleurs, la veille de sa mort, il est à Paris pour superviser le doublage français. Mais Salò est un film à gros budget qui a finalement beaucoup été vu. Le film maudit, c'est celui qui ne trouve jamais son public. Or, s'il a été mal accueilli à sa sortie, Salò est aujourdhui reconnu comme un chef-duvre.
Parutions.com : «Mal accueilli à sa sortie», c'est à dire ?
Hervé Joubert-Laurencin : Trois erreurs d'interprétations ont souvent été commises. D'une part, le film a été associé, à tort, à la mort du cinéaste. Pasolini ne s'est pas suicidé, le film et sa mort n'ont rien à voir. D'autres ont pensé que Pasolini voulait adapter fidèlement l'uvre du marquis de Sade. Ce n'est pas le cas. En tant que critique littéraire, Pasolini déteste Sade, il trouve que c'est du carton-pâte. Enfin, certains ont vu dans Salò une restitution de l'esprit libertaire des années 70. Comme si Pasolini avait voulu faire de la provocation en associant sexe, politique et sado-masochisme. Une fois de plus, ce n'était pas son propos, Pasolini voyait bien au-delà.
Parutions.com : Justement, quel est le véritable sens du film ?
Hervé Joubert-Laurencin : Pasolini prend deux événements, l'un littéraire (le livre de Sade), l'autre historique (la république fasciste fondée dans la ville de Salò à la fin de la Seconde Guerre mondiale) pour en faire une allégorie de la société de consommation. Le film parle de «l'aliénation en temps de paix», un concept que Pasolini évoque aussi dans ses écrits sous l'appellation «Nouveau Fascisme» ou néo-capitalisme. C'est une illustration de l'horreur de l'aliénation et des vies qui deviennent insupportables à vivre.
Parutions.com : Beaucoup de films, réputés violents à leur sortie, ne sont plus aussi choquants quelques dizaines d'années plus tard. Salò, lui, est toujours insoutenable. Pourquoi ?
Hervé Joubert-Laurencin : Effectivement, même si le spectateur d'aujourd'hui est armé face aux images violentes et pornographiques, Salò reste insupportable trente-cinq ans après sa sortie. C'est dû à la façon dont Pasolini construit la durée et l'intensité à l'intérieur des séquences. Dans la plupart des films, lorsque la tension monte, ça finit par exploser et le spectateur reprend son souffle. Dans Salò, Pasolini coupe avant la décharge. Une séquence enchaîne avant qu'on ait eu le temps de se remettre de la précédente.
Parutions.com : Si le film est si dur, pourquoi le regarder ?
Hervé Joubert-Laurencin : Cinématographiquement cest formidable, c'est le film le mieux réalisé de Pasolini avec une lumière et des cadrages parfaits, une mise en scène glacée et géométrique. Surtout, le film possède un intérêt extra-cinématographique. Il marque les esprits et la pensée, il dit des choses sur notre siècle. Plus quun film, cest un jalon de lhistoire de lart qui restera à jamais gravé dans le marbre. Le réalisateur français Jean-Claude Biette estime que regarder Salò est un acte citoyen, au même titre que Nuit et Brouillard, le film d'Alain Resnais sur la Shoah.
Propos recueillis par Dorian Chotard ( Mis en ligne le 15/05/2009 ) Imprimer
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