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Films -> Comédie dramatique |
Les Temps qui changent avec André Téchiné, Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Gilbert Melki, Lubna Azabal Aventi Distribution 2005 / 19.82 € - 129.82 ffr. Durée film 98 mn. Classification : Tous publics | César 2005 du meilleur jeune espoir masculin pour Malik Zidi et Ours d'Or au festival de Berlin 2005
Sortie Cinéma, Pays: 2004, France
Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.66 (couleurs)
Format audio : Français
Bonus :
Interview de Gilbert Melki (20 mn)
Bande annonce
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Si, après les excellents Roseaux sauvages et Ma Saison préférée, vous nêtes pas abonné aux films de Téchiné, la réunion de Catherine Deneuve et de Gérard Depardieu dans ce nouvel opus devrait vous convaincre ! Quel programme irrésistible et quel clin dil en effet : Antoine (Gérard Depardieu) revenant dans la vie de son premier amour, Cécile (Catherine Deneuve), pour la reconquérir trente ans après, même mariée. Car les deux acteurs ont de fait incarné il y a plusieurs décennies des couples légendaires : on songe à Je vous aime de Claude Berri, à Drôle dendroit pour une rencontre de François Dupeyron, et surtout au Dernier Métro de François Truffaut. On attend donc ces retrouvailles au tournant.
Dabord, malgré ce scénario, bannissez tout espoir de romantisme (espoir entretenu évidemment par la bande annonce) : le traitement de Téchiné se veut dénué de tout effet lyrique. Choix exigeant et sans doute judicieux sur le plan psychologique, si lon sait que lâge est certainement lennemi du romantisme et que nos personnages approchent de la retraite. Oui, Téchiné na pas opté pour la facilité. Et pourtant
Pourtant, on se prend à souhaiter que Deneuve et Depardieu vibrent davantage. Leur jeu nest pas en cause, toujours juste. Cest plutôt la faiblesse des remous quils provoquent mutuellement qui déçoit. Ces remous sont peut-être intériorisés, mais en tant que spectateurs, il nous en faut plus !
Sajoute à cela le traitement des relations entre Européens et Marocains. Car cest à Tanger que se déroule lintrigue : Antoine y est venu superviser un chantier, Cécile y anime une émission de radio. Or le regard du cinéaste sur le Maroc met plutôt mal à laise. On sait que le Maghreb occupe une place de choix dans les préoccupations de Téchiné. Quon songe à Loin, filmé au Maroc, aux Roseaux sauvages, sur fond de guerre dAlgérie, ou à certaines scènes des Voleurs qui donnent la parole à des Maghrébins installés en France. Dans Les temps qui changent, Bilal, lamant du fils de Catherine Deneuve, déclare en substance à son ami : « Tu es comme tous les Européens, toujours à texcuser ! » Eh bien, Téchiné donne tout bonnement limpression de sexcuser. Sil est animé de bonnes intentions, il en fait trop et sa vision, quil le veuille ou non, reste celle de ces expatriés privilégiés que sont Cécile, « trop gentille » avec Nadia, et Antoine, qui dès son arrivée à Tanger senquiert des techniques denvoûtement, ce cliché de lAfrique.
On nenlèvera pas pourtant à Téchiné son don pour décrire les rapports familiaux, les agaceries anodines qui en disent long sur lardoise des déceptions et frustrations de couple, les conversations prosaïques qui débouchent avec un réalisme stupéfiant sur des déclarations irréparables. On saluera sa capacité à mener un film choral autour de plusieurs membres de cette famille et leur entourage une de ses marques de fabrique. Mais pourquoi ici cette image tremblée, plutôt laide ? Elle ne dessert peut-être pas le propos, accentuant la facture réaliste du film, mais la gêne et le sentiment de disgracieux lemportent et nuisent au plaisir du spectateur.
Quelques mots sur le bonus sont loccasion dévoquer lexcellent Gilbert Melki, qui a vite accédé à des rôles subtils après son inénarrable prestation comique dans La Vérité si je mens. Depuis, les cinéastes samusent à lui faire incarner des parangons de virilité sommés daccepter lhomosexualité de leur progéniture ou la leur. Mari de Catherine Deneuve dans Les Temps qui changent, il nous livre dans une interview de vingt minutes sa vision des personnages du film et nous parle du tournage. Une vision subjective, qui nous en dit presque plus sur lacteur que sur luvre. Mais la surprise de cette interview est en fait la grande gêne de Melki, que lexercice consistant à soliloquer sans texte à lappui semble mettre au supplice. Il passe son temps à examiner ses mains. Une once de fragilité dans le monde rodé du cinéma !
Elise Goldberg ( Mis en ligne le 10/10/2005 ) Imprimer | |
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