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Animation / manga -> Japanimation |
Golden Ghost… avec Kenji Kamiyama Beez Entertainment 2008 / 99.99 € - 654.93 ffr. Durée film 650 mn. Classification : Tous publics | Sortie cinéma, Pays : 2005, Japon
Titre original : Kokaku kidotai : Stand Alone Complex
Version : 7 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3, Pal
Format image : 1.85 (couleurs)
Format audio : Japonais, Français, Anglais (Dolby Digital 5.1 et 2.0)
Sous-titres : Français, Anglais
Chaque coffret contient :
- 26 épisodes de la saison
- Guide des épisodes
- Concept art book Imprimer
Les fans de manga futuriste, tendance cyberpunk, connaissent forcément et apprécient sans doute Ghost in the shell, un manga où enfin, les objets inanimés ont une âme. Décliné en albums, en série TV et en films (Ghost in the shell, Innocence
), il narre lhistoire dun unité de police, la section 9, spécialisée dans la cybercriminalité
Et dans un monde où les intelligences artificielles sémancipent, où les robots sont devenus indispensables, où les cyborgs ne valent plus 3 milliards, et où les humains peuvent samouracher des machines, on peut dire que la section 9 a du travail. Avec Ghost in the Shell, stand alone complex, on retrouve le monde forgé par Masamune Shirow, adapté en série sur un scénario fourni par le créateur lui-même
Un luxe, ce qui permet de relier les films (qui narrent la naissance dune IA) et la série, plus centrée sur la section 9 et ses enquêtes, comme une plongée dans le futur halluciné dune improbable mégalopole nippone (Tokyo est devenue une ruine nucléaire) dans un futur proche (2030).
Lambiance Ghost in the shell est quasiment une marque déposée : des décors sombres éclairés au néon, un monde qui semble perpétuellement plongé dans la nuit, un univers urbain bétonné, métallique et démesuré, cyclopéen, où lhomme semble perdu, un art du clair obscur travaillé à la 3D, avec une attention particulière aux musiques autant quà lambiance, une animation fluide dune qualité rare dans lunivers du manga et qui, discrètement, louche vers le cinéma et ses ambiances, une tentative habile pour figurer la matrice infinie et complexe
bref, une série de qualité qui vise un public exigeant, celui des amateurs danimation et de SF cyberpunk qui, loin des robots de combats et autres conflits titanesques, cherchent un futur plus réaliste, entre anticipation à la John Brunner et thriller technologique inspiré de William Gibson. Le tout avec des vrais personnages et non des icônes. En effet, au sein de la section 9, quelques individualités se croisent : non pas des héros improbables en acier trempé, au sens où lon pourrait lattendre, mais des individus confrontés à un futur qui, progressivement, les dépasse, tels Kusanagi et Batô, le «couple» denquêteurs vedette.
Cette attention aux individus et aux émotions, aux affects, est un autre atout de ce manga en pleine maturité. Lhistoire, comme la réalisation, sont également ambitieuse : les scénaristes explorent, à partir de quelques hypothèses de bases qui sont autant de classiques de la SF (le robot, lIA, la matrice
), les diverses possibilités de cet univers. Le résultat, décliné épisode par épisode, est ébouriffant : la progressive intégration de la machine à lhumanité (ou, au contraire, la déshumanisation progressive de lindividu, quun terroriste génial parvient même à pirater), la progressive interconnexion entre les individus et la matrice (et la question, connexe de la / des réalités), la naissance dune IA et ses risques (avec lalternative, pour les IA, entre révolte et dépression), la difficulté dêtre à mi-chemin de lhumanité et de la machine (pour les cyborgs), la question du cyberterrorisme et de ses applications dans un monde où chaque être humain est relié à la matrice
Bref, lidée, générale, que la frontière entre «naturel» et «artificiel» est de plus en plus poreuse, et que lhumanité est en pleine transition vers une forme de symbiose techno, avec ses dangers. Charme de la série, sa conception très politique du futur fait que ces débats ne sont pas traités de manière factice, mais bien comme des enjeux de société, en prise avec dautres (nationalisme, démocratie, rôle de la justice
), qui supposent des positions partisanes. De même, les allusions au cinéma (Wenders par exemple, et ses Ailes du désir), à lactualité et à la littérature sont récurrentes, comme un jeu de piste.
Avec ces deux coffrets, comprenant les deux saisons et leurs deux intrigues centrales, on est gâté : dans la première saison (2002), le fil rouge est laffaire dite du «rieur», un hacker preneur dotages, et capable de pirater des individus
une affaire entremêlée dintrigues annexes qui en révèlent beaucoup sur les personnages et leur passé. La deuxième saison (2004) est dautant plus nécessaire que la première sachève sur la dissolution de la section 9, victime de laffaire du rieur. Cette saison, tout aussi réussie et scénarisée que la première, tourne autour des 11 individuels, autre affaire complexe de terrorisme nationaliste dans la société japonaise
une affaire qui mène à une crise politique et militaire sur lîle de Dejima (traditionnellement, lîle qui servait de sas entre le Japon davant louverture et le reste du monde, devenue un immense bidonville pour réfugiés). Chaque épisode de 25 mn explore les différents aspects de la crise, jusquà une apocalypse finale, dans un conflit à la fois politique et militaire au sein de lEtat.
Cest la version ultime, en tous les cas une version collector : lintégrale des deux saisons de Ghost in the shell, dans une présentation somptueuse, avec art book très conséquent (des centaines de croquis de tout lunivers Ghost in the shell, pour fans de graphisme SF), livret dexplication avec des commentaires des réalisateurs, le tout dans un beau coffret. En soi, lobjet est déjà séduisant et en plus il procure aux fans la version définitive de la série, ainsi quune réflexion sur la création même de la série et ses ambitions (dans les livrets annexes). Au final, si lensemble est incontournable pour les fans, il faut également espérer quil fera de nouveaux adeptes, sensibles à la qualité de lanimation autant quà lintrigue et à ses développements. Une bonne occasion de se convertir à un univers des plus cohérents et réussis.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 18/07/2008 ) Imprimer
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