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Anne-Sophie 
Brasme Respire Fayard 2001 / 1.84 € - 12.06 ffr. / 150 pages ISBN : 2213610304 Imprimer
Une jeune fille, Charlène, nous parle depuis la cellule de prison où l'a conduite le meurtre de sa meilleure amie. Loin de faire son mea culpa, elle entreprend de justifier son crime, et clame haut et fort qu'elle ne se sent pas coupable. Car le meurtre a été pour elle un acte libérateur.
A quelles extrémités a-t-elle été poussée pour en arriver là ? Introvertie, incomprise et solitaire, la jeune Charlène, lycéenne appliquée, ouvre son cœur à Sarah, une comparse fascinante. Une véritable passion naît entre les deux adolescentes, d'autant plus fusionnelle que tout, en apparence, oppose. Après une petite enfance heureuse Charlène souffre de la mésentente de ses parents, de leur esprit étriqué. Mal dans sa peau, elle se dévalorise, n’aime pas son physique, a des tendances suicidaires. Sarah la captive, lui apporte tout ce qui lui manque : un regard d’amour, le sentiment d’exister. Mais la passion ne tarde pas à virer à la haine : à la rentrée suivante, Sarah fait mine d’ignorer Charlène, la nargue, la déçoit par sa superficialité, son comportement outré. Exclusive, Charlène vit alors un drame. Elle tente de renouer le lien, finit par séduire son amie, mais celle-ci l’utilise, l’humilie. Jeu cruel et pervers auquel se prête l'héroïne par amour. Elle accepte son sort mais prémédite sa vengeance : un meurtre, par étouffement. Pour mieux posséder sa rivale.
Le fil conducteur du roman est la respiration, sur le rythme de laquelle se calque la construction en courts chapitres - "Jouer", "Subir", "Perdre la partie". Asthmatique, Charlène décide de se tuer en cessant de respirer ; grâce à Sarah, elle trouvera un deuxième souffle ; mais elle finit par étouffer l’objet de son amour. Dans ce corps à corps, elle peut enfin respirer comme si l’autre lui transmettait son souffle, la délivrait. Ce "roman d'une obsession" étonne et effrayerait presque, de la part d'un si jeune auteur : à 17 ans, Anne-Sophie Brasme est la benjamine de la rentrée. Mais qu'on ne s'y trompe pas : la pénétration avec laquelle elle sonde le drame et la folie criminelle, la subtilité de son style montrent assez qu'elle n'usurpe pas le titre d'écrivain.
Emmanuelle de Boysson ( Mis en ligne le 21/09/2001 ) Imprimer |
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