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Sweet seventies...
Eric  Reinhardt   Le Moral des ménages
Stock 2002 /  2.75 € -  18.02 ffr. / 262 pages
ISBN : 2234054613
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Manuel Carsen est un chanteur raté qui a tendance à interpréter le manque de succès comme une preuve de talent (à artiste d’élite, public restreint). Sa femme et sa fille l’ont quitté, exaspérées par son immaturité et ses poses d’artiste maudit. Désabusé, Manuel s’épanche auprès de ses nombreuses conquêtes féminines (toutes affublées de prénoms exotico-beaufs hilarants). Il règle ses comptes en racontant l’enfer que fut son adolescence. Un père cadre moyen, moqué par ses collègues, humilié par ses clients, dominé par se femme, méprisé par son fils. Un homme qui prend toujours le parti des puissants, méprise les syndicats et tout ce qui est "popu", et pour qui posséder une Mercedes 480 SEL signifie avoir réussi sa vie. Une mère au foyer, obsédée par l’économie ménagère et aspirant au conformisme le plus plat. Un univers domestique peuplé de gratins de courgette, de camemberts "qui doivent faire la semaine", de vêtements reprisés et de tables en formica.

Ce roman est un jeu de massacre jubilatoire, une charge contre la famille et les valeurs étriquées de la classe moyenne. L’institution familiale ressort laminée de ces pages pleines d’une verve impitoyable. Avec, comme arrière-plan, les années 70, celles du giscardisme triomphant et de l’avènement de la société libérale avancée, Eric Reinhardt détaille férocement l’infinie médiocrité d’un foyer au sein duquel sont proscrits le plaisir, l’insouciance, et finalement le bonheur. En ces temps de crise, on thésaurise, on épargne, on recycle, on fait des économies de bouts de chandelle en attendant la reprise comme on attend Godot. La maîtresse de maison est la gardienne intransigeante des finances de ce triste ménage placé sous le joug du totalitarisme matriarcal. Manuel, adolescent délicat aux velléités artistiques, voit toutes ses aspirations broyées par le réalisme d’une famille aux préoccupations désespérément prosaïques. Il traîne douloureusement son mal être, tentant tant bien que mal de fuir cet enfer domestique à travers des rituels masturbatoires sur fond de catalogue Phildar, puis de revues plus sérieusement pornographiques. Tout est bon pour échapper à cette vision marchande du monde et tristement fonctionnelle de l’homme.

Noir, drôle, amer, Eric Reinhardt évoque le conflit de génération et la difficulté de ne pas reproduire les schémas familiaux. Et donne toute la mesure de son talent dans deux tirades d'anthologie : le jeune Manuel accable d’abord son père de reproches, le traitant de faible et de lâche. Devenu quadragénaire, il est à son tour agoni d’injures par sa fille. Cette dernière, matérialiste, pragmatique, vomit le snobisme et la superficialité de son père. Elle vante en revanche le sens des réalités de ses grands-parents. Lucide, Manuel conclut : "J’étais narcissique comme mes parents étaient matérialistes." Percutante analyse des complexes de la structure familiale, Le Moral des ménages est aussi un régal par son sens du détail, qui permet de restituer par petites touches méchantes l’esprit d’une époque.


Olivier Cleuet
( Mis en ligne le 01/03/2002 )
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