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Les paroles gelées
Maurice  Martin du Gard   les Mémorables 1918-1945
Gallimard 1999 /  5.83 € -  38.17 ffr. / 1089 pages
ISBN : 2-07-075329-8
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"J'y étais". Ces trois mots, brefs et banals, qui ouvrent le fort volume des Mémorables réédités par Gallimard pourraient s'appliquer, avec bonheur, à l'ensemble de ces chapitres-séquences surgis de la mémoire et de la patience d'un des plus célèbres journalistes littéraires de l'entre-deux guerres, Maurice Martin du Gard, fondateur des Nouvelles littéraires. Et de fait, comme il était là, l'oeil et l'oreille tout au plaisir d'entendre, de noter, de voir! Tout au plaisir également de nous transmettre, habillée de pied en cap, une époque recomposée, avec ses rites, ses rires, ses humeurs, ses vacheries, ses grandeurs et ses mesquineries, perceptibles aux seuls familiers des coulisses d'un univers dérobé, d'ordinaire, aux simples mortels...

Très moderne dans sa composition fragmentaire, en "clips" de plus ou moins grande amplitude, le texte des Mémorables (qui couvre plus de trente années) se déploie comme un fabuleux éventail aux multiples plis et replis, tel une marqueterie dont le lecteur serait un peu le façonnier. A charge pour celui-ci de confronter les divers portraits livrés au fil des ans d'une illustre galerie, dont les noms sont plus éblouissants les uns que les autres: Barrès, Proust, Jammes, Giraudoux, Mauriac, Drieu la Rochelle, Claudel, Larbaud, Léautaud, Anna de Noailles, Cocteau, auxquels on aurait joint quelques hommes politiques, Caillaux, Poincaré, Léger, Mandel, Laval...

On les voit paraître, seuls, en groupe, reparaître, errer entre les pages, d'une année à l'autre, au gré d'une actualité qui les transforme ou les laisse semblables à eux-mêmes, en des profils souvent bien éloignés des biographies officielles.

Certes, manquent à l'appel des noms, des figures, que Martin du Gard aurait sans doute mieux qu'un autre éclairés et qui animeraient les arrière-plans du tableau : Marcel Aymé, Malraux, Giono, Guilloux, Saint-Exupéry, Julien Green. Mais les Mémorables ne sont point un palmarès...

Frappe plus que tout l'excellence des dizaines de portraits dont Martin du Gard a parsemé les scènes de ce livre à grand spectacle, primitivement diffusé en trois "époques", comme les peplums des années cinquante. Ceux de Proust et de Montherlant, pour ne citer que ces deux-là, sont remarquables, tant s'y reconnaît la patte du grand écrivain et du parfait chroniqueur.

1921. Neuilly. Chez la comtesse de Riancey, grand'mère de l'auteur des Olympiques : "Montherlant debout, râblé et braqué, lourd de sang, dans un air de caste, a du séminariste péremptoire et du saint-cyrien en permission. Une brosse de châtain foncé auréole le front large ; de l'honneur dans le nez busqué, de l'enfance sérieuse dans l'oeil gris où du vert pointe et se brouille, une lèvre voluptueuse qu'il avale pour durcir ce masque de caractère ; les oreilles larges, un peu écartées, féodales ; le menton moins impérieux, fin, levé ; un cou ; des épaules dignes; une poitrine ample dans un veston serré à la taille et sombre. Plus sensible qu'il ne s'offre, mais aussi droit qu'il s'affiche, son affectation, la seule, est dans la sorte de secret supérieur et brutal qui tend toute sa personne, la retient par l'imagination au-dessus de la jeunesse facile, l'empêche d'être tendre et de sourire comme il est".

Aussi puissantes, sinon, moins ramassées, les innombrables conversations entendues au cours de dîners, dans les bureaux des journaux, où Maurice Martin du Gard, observateur discret mais efficace, sait mettre en scène, sans en avoir l'air, tel échange savoureux entre Mauriac et son éditeur Bernard Grasset, "pointer" leurs bons mots ou les répliques qui firent mouche, en un lointain soir de février 1924.

Mais l'on aurait tort, bien tort, de se laisser seulement charmer par le miroitement plaisant de nostalgiques et succulents instantanés d'un temps qui n'est plus. Martin du Gard nous livre aussi (et surtout !), à profusion, maintes notations sur le métier d'écrivain, sur sa solitude, ses difficultés, ses angoisses. Parfois, l'on pourrait imaginer que nous est ainsi montré l'envers d'une somptueuse tapisserie, avec les arrêts de la laine, les croisements de fils, les étranges bigarrures de couleurs qui en disent long sur les efforts, les silences, les reprises multiples qu'il a fallu admettre avant de parvenir à une oeuvre.

Préfacier attentif du volume, François Nourrissier n'a pas tort : Maurice Martin du Gard ne serait-il pas le Saint-Simon irremplaçable d'une singulière cour politico littéraire, mondaine et en apparence futile, dont on pouvait croire, jusqu'ici, qu'elle avait subi le sort d'on ne sait quel Titanic perdu dans les glaces de notre siècle.


Olivier Rony
( Mis en ligne le 21/03/1999 )
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