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Constat d'échec
Pierre  Mérot   Mammifères
Flammarion 2003 /  2.75 € -  18 ffr. / 250 pages
ISBN : 2-08-068556-2
FORMAT : 13,5 x 21 cm
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«Chaque famille classique se doit d’avoir un raté». Sur ce, voici le portrait du loser attitré d’une famille parisienne très comme il faut. Il s’agit de l’oncle du narrateur, alter ego qui s’efface derrière la troisième voire la deuxième personne pour mieux donner la parole au moi sinistré de son personnage. Une parole à la fois acerbe et tendre, à laquelle on prend goût dès la première page.

Couvé par une mère étouffante, diplômé et comme programmé pour avoir du succès, l’oncle ne réussira que son alcoolisme. «Est alcoolique celui qui prend conscience un jour que l’alcool est l’occupation la plus importante de sa vie». L’oncle s’adonne à la tâche, livrant au passage des descriptions poignantes de l’ambiance et la faune des bars de quartier ou des boîtes de nuit à Pigalle. Comme dans des polaroids pris au hasard parmi la foule des paumés, il reconnaît ses frères et sœurs devant et derrière le comptoir où l’on se soûle à mort pour se consoler du manque d’amour. Ce manque d’amour qui menace de les tuer, lui, eux, tous.

Aussi dépressif qu’un Houellebecq, mais plus fantasque, Mérot dissèque les étapes d’un échec sentimental et professionnel : les bureaux où l’on chope une dépression comme si c’était un rhume, le divorce avec garde alternée du chat, les cuites interminables financées par les Assedic, l’inaptitude à «s’intégrer sympathiquement à une famille monoparentale». Les crises d’angoisse, la thérapie stérile, la solitude bien arrosée.

A l’image du protagoniste, l’écriture est alcoolisée. Comment décrire sinon ce ton enlevé, frôlant souvent le délire, qui présente êtres et situations dans leur incarnation la plus absurde ? Prenons pour preuve la cocasserie des passages sur ce Père Ubu qui trône à la tête d’une maison d’édition, c’est-à-dire un endroit où l’on égare des manuscrits non lus et l’on côtoie «les plus grands égocentriques de la planète». Ou encore cette visite inopinée et forcément inopportune de la mère du protagoniste, relatée comme l’apparition d’une pieuvre qu’il essaye d’abattre avec une hache abstraite. La plume est ivre, et elle va vite. Vitesse du style, vitesse de pensée qui associe des données hétéroclites et se permet toutes les digressions pour condenser avec pétulance la complexité des choses. Le récit devient festin.

L’oncle n’en démord pas : sa vie est une course enragée pour échapper à l’influence néfaste de ce Grand Mammifère qui est sa mère. C’est sa respectabilité et sa bonne cuisine qu’il fuit dans sa quête des porteuses de string, c’est parce qu’elle a voulu le coloniser «sans bonté ni intelligence» qu’il est systématiquement la proie d’êtres qui le dominent sans l’aimer. L’oncle se sépare de ces êtres, jamais de sa mère. Il se contente de souhaiter sa mort, de l’attendre comme une délivrance. Il reste donc un peu enfant. Un enfant pour qui bière et liquide amniotique se confondent dans ces bars utérus qui lui «tendent les bras comme des mères horribles». Une créature somme toute assez puérile qui se remet peu en question et revendique son droit à pointer du doigt sa famille comme source de tous ses malheurs.

Malgré son cynisme convenu, en dépit de sa volonté de tout démolir par l’aphorisme, cet anti-héros devient terriblement attachant. Car il est fier de ses petites libertés : celle de rester au milieu de l’enfer sans (trop) en faire partie, celle de juger avec dureté sans pour autant mépriser, celle, enfin, de souhaiter longuement le bonheur de ceux qu’il a aimés. Un bel échec, presque, et un livre réussi.


Veronica Latourrette
( Mis en ligne le 17/10/2003 )
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