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Littérature  ->  Essais littéraires & histoire de la littérature  
 

Des choses que je sais d’elles
Pietro  Citati   Portraits de femmes
Gallimard - L'Arpenteur 2001 /  3.47 € -  22.75 ffr. / 375 pages
ISBN : 2-07-073786-1
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Pietro Citati, on le sait bien, n’est pas celui qui apporte sa petite pierre à l’édifice de la théorie critique (déjà bien pesant et qui n’a guère besoin de lui). Le grand critique italien nous propose des instantanés de vie. Tel Victor Sjöström dans Les fraises sauvages, il est le compagnon caché qui, depuis la coulisse, les regarde vivre et écrire. Et nous autres, les lecteurs, nous regardons à présent comme par-dessus l’épaule de Virginia Woolf, nous ressaisissons comment Flannery O’Connor s’y prend pour composer ses récits. Plus de place alors pour le dogmatisme : l’objet du livre n’étant ni la littérature ni la vie, mais bien plutôt leur entre-deux.

Qui sont-elles, ces femmes que Kafka reconnaîtrait sans peine comme ses sœurs ? Elles font entendre une autre voix. Ce que Citati dit en ouverture pour les mystiques italiennes concerne en réalité toutes les figures d’écrivains dont il va parler : "Au cours des derniers siècles, la société et la culture italienne ont presque entièrement ignoré la part féminine de leur âme, qu’elles cherchaient à réduire au silence". A travers Virginia Woolf ou Jane Austen, c’est l’importance de l’écriture épistolaire ou diariste qui se signale, littérature parallèle aux formes génériques d’expression littéraire et qui fait droit à l’expression de l’intime.

Passion, souffrance, révolte… Virginia Woolf, évoquant la folie qui la guettait : "Là, je ne peux ni lire ni écrire. Pourtant j’existe. Je suis. Alors je me demande qui je suis, et la réponse que j’obtiens est plus exacte, même si elle est moins familière, que celle que je reçois à la surface" ; Anna Maria Ortese, reconnaissant "n’éprouve[r] de respect que pour le mal absolu, avec lequel elle lutte à armes égales" ; Simone Weil se décrivant comme "un peu de chair nue, inerte et sanglante au bord d’un fossé, sans nom, dont personne ne sait rien". Il faudrait citer aussi la sombre Ingeborg Bachmann…

Elles ont lu Dostoïevski, Tolstoï, et les tragédies grecques. Hantées par la passion du Christ, doutant de Dieu jusqu’aux vertiges du nihilisme, quelque part entre Antigone et Les Frères Karamazov, toutes veulent l’absolu, et toutes cependant ont un sens aigu du tragique. La quête de l’idéal prend la tournure d’une descente aux abîmes. La libido sciendi est chez elles une fureur, l’héroïsme leur souffle et leur sang. Elles vivent l’écriture comme un sacerdoce, et la vie elle-même comme un sacrifice dont elles seraient tout à fois la victime et l’ordonnateur implacable. Elles ”brûlent des expériences” pour, à peine sorties de l’adolescence, se présenter nues face à leur destin.

On ne sait plus à laquelle d’entre ces femmes va son admiration la plus grande. Pietro Citati n’est en tout cas jamais plus éloquent que sur "cette petite Danoise pleine de rêves et d’ambitions" qui insuffla une nouvelle vie au genre séculaire du conte : Karen Blixen. Artisane d’une admirable "théologie du récit", elle fait se rencontrer l’austérité de la tradition calviniste et la pureté d’une prose qui se refuse à accueillir "la moindre bribe fortuite d’existence". Pietro Citati raconte comment la comtesse et ses serviteurs indigènes s’échangent des histoires : "Comme Schéhérazade au sultan, comme Ulysse à Eumée, comme les conteurs florentins du temps de la peste, elle leur contait ce que l’imagination occidentale avait conçu".

On l’aura compris, c’est de l’amour de la littérature et du plaisir de l’écriture qu’il est ici question. Un art consommé, et qui pourtant ne se prend pas au sérieux…


Thomas Regnier
( Mis en ligne le 27/08/2001 )
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