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Une écriture de l'intérieur
Valère  Novarina   La Scène
P.O.L 2003 /  2.44 € -  16 ffr. / 208 pages
ISBN : 2-86744-983-9
FORMAT : 12 x 19 cm
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«L’anthropithropopanthrope est illico divisé en deux anthropopandules : l’anthropogène et l’anthropoclaste.» Dans sa dernière pièce, La Scène, qui s’est jouée en décembre au théâtre de la Colline, dans une mise en scène de l’auteur, Valère Novarina reste fidèle à son habitude de triturer les mots, les racines et la grammaire pour en extirper un langage qui lui est propre. Sa signature. Cette fois la distorsion du langage dépasse le simple exercice des énumérations – «Ereintée, fatiguée, kaputt, dans les choux, ras dans les choses, lessivée, plus bas que terre, dans les cordes, sur les rotules, à la ramasse, maffie, dans le potage, sur cent dix volts, vivement ce soir qu’on s’couche, schlass, naze, vannée, nazebrock, k.-o., rétamée, claquée, rincée, h.s., crevée, ratatinée, exténuée, vidée, morte, cassée, flapie, flagada, tête à zéro, rien dans les pattes, à plat, fourbue, cuite, groggy, foutue, dans l’creux, décalquée, épuisée, liquéfiée, au bout du rouleau, direction la boîte, détruite, au trente-sixième desous, raplapla, ruinée, cannée, dissoute, sur la touche, en panne, à ramasser à la petite cuiller, au bout du braquet» – pour créer des mots ou encore jouer avec l’absurde : «Sort un homme avec deux yeux au milieu surmontés d’une tête au milieu de la figure». La mise en souffle de cette « logo-dynamique », dirait l’auteur et metteur en scène, révélait toute la charpente de la rythmique, proche d’une chorégraphie physique du langage, dont l’architecture peut échapper à une simple lecture.

La Scène suit trois fils conducteurs : le théâtre, la philosophie et, bien entendu, la religion. Trois prismes qui permettent d’ausculter l’humain à la manière d’un animal aussi étrange que prévisible. En ayant l’air de regarder ailleurs, Valère Novarina convie bel et bien le lecteur à assister à une scène biblique : la quête des origines spirituelles de l’humain. Sur le papier, la dénomination des personnages révèle l’ensemble des thèmes sous-jacents abordés par le texte. Diogène discutaille avec Isaïe Animal, Trinité, la Sybille. Pascal ne pouvait pas être absent de la partie, bibliquement le pauvre est incontournable ; et comme il s’agit de théâtre, la Machine à dire la suite se charge de compléter les phrases et même les ouvriers du drame (comprenez les techniciens du théâtre) se mêlent de la conversation. L’humour et l’autodérision demeurent en filigrane lorsque l’auteur évoque – à sa manière – le Christ par la bouche d’Isaïe Animal : «Depuis le jour de ma naissance, le terme de crucifixion ne me convient pas : je ne ressens rien, je ne pense rien, je n’éprouve rien, je n’entends rien, je ne vois rien. Où va cet homme ?», ou sa propre fascination amusée pour le langage : «Que fait le langage ? L’air, absorbé par la brocarde grande ouverte ou les deux nasemurches, passe dans le tuyau sapiential : deux clapets le dirige alternativement vers les fongiques et les sponginiques 1 et 2, il irrigue le logunium puis passe en réseau… il devient en paroles et frappe les gens qui sont devant».

Valère Novarina livre tout au long de sa pièce des informations sur son art de façonner le langage et son texte, et nous fait partager sa réflexion sur la manière de la mettre en scène, dans quel rapport au théâtre. «Que représentes-tu ?» questionne Isaïe Animal. «Depuis le jour un de ma naissance, je ne suis pas dans la représentation mais dans la preuve», lui répond Pascal ; ce à quoi Diogène rétorque «Resterait à dire ce qui distingue un acteur véritable d’un imitateur d’homme». L’auteur semble donner l’essence et la matière de son écriture simultanément au texte fini. Un procédé qui donne la sensation d’assister à l’accouchement de la pièce de l’intérieur de la boîte crânienne de l’auteur.


Céline Jacq
( Mis en ligne le 17/12/2003 )
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