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Derrière l’amour, la haine ?
L’amour de la haine
Gallimard - Folio essais 2001 /  1.42 € -  9.31 ffr. / 512 pages
ISBN : 2-07-041784-0

Collectif, à l’origine un numéro de la Nouvelle Revue de Psychanalyse publié sous la direction de J.-B. Pontalis
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Poursuivant la publication des anciens numéros de la Nouvelle Revue de Psychanalyse dirigée par Pontalis (à qui l’on doit le célèbre Dictionnaire de psychanalyse en collaboration avec Laplanche), Folio propose aujourd’hui un collectif consacré à "L’amour de la haine". Depuis l’excellent Narcisses publié l’an dernier, L’Enfant et le tout récent L’espace du rêve, la collection a multiplié les publications de psychanalyse aussi excellentes qu’utiles tant il est vrai que ce genre d’édition est souvent coûteux et d’un abord malaisé. C’est donc mettre à disposition du grand public un format tout à fait efficace.

Ce collectif regroupe un peu plus d’une dizaine d’articles, témoignages et documents. Un témoignage de la Shoah jouxte le récit d’un analyste confronté à la toxicomanie et à l’échec de la cure. Chaque article est indépendant mais s’articule autour de la problématique de l’amour de la haine, l’amour que nous portons à notre propre haine ou l’amour que nous porte la haine. Ainsi, l’amour semble se définir moins dans son individualité que dans l’ambivalence de ce qui le différencie : la haine. L’amour cacherait la haine, la haine un amour fou. Pourtant convoquer cette ambivalence renvoie à parler du contraire de ce que l’on souhaite évoquer : le mouvement pendulaire est sans doute douteux et ne permet pas de fonder ce qui serait, avec rigueur, une approche clinique ou métapsychologique de la haine. Derrière cette ambivalence que l’on décèle sans mal et qui, chauffée à blanc, détruit ce dont elle parle - de ce qui fait différence - on distingue un autre couple : la pulsion de vie et la pulsion de mort. Mais cette dichotomie (qui est propre au dispositif pervers, cf. Catherine Millot, Intelligence de la perversion, Gallimard, 1996) est elle-même fausse. La haine ce n’est pas la passion de détruire. La haine exige un dispositif plus subtil : elle demande la permanence de son objet. Enlevons à la haine, l’objet de ses attaques : la différence moi/non-moi par exemple, elle ne peut survivre en tant que telle. La haine n’est pas le meurtre, haïr n’est pas détruire.

Paradoxalement, la haine garantit la continuité d’une relation d’amour. Aimer ou haïr détermine un jugement d’attribution, préalable au jugement d’existence. Elle incarne une fonction discriminante ou individualisante : elle reconnaît et peut-être abrite la différence. Mais cette différence qu’elle établit et perpétue n’est pas un acte positif. Robert Stoller y voit la disposition "méchante" propre à la perversion. Et finalement, l’amour de la haine pourrait se comprendre comme haine de l’amour. C’est pour cela qu’il faudrait rester vigilant sur ces discours positivistes qui établissent la différence comme division naturelle. Derrière la division pourrait se loger une réelle mutilation : "L’amour de l’objet ne vise qu’une chose : sa disparition comme objet, le retour à la continuité, qui est le rêve du vivan".

Interroger de telles symbolisations permettrait à notre culture de se penser dans ses limites : car les jeux, la lutte économique, le sport ou les idéologies éducatives sont les vecteurs de cette haine diluée: meurtre différé. Dans le choix de ses articles comme dans sa problématique exigeante, cette publication est remarquable. On peut ainsi saluer les remarques d’Antoine Compagnon, professeur en Sorbonne et à Columbia, sur une lecture étonnante de Proust ; le témoignage de François Gantheret ou l’article de Roger Dorey. Pertinent autant qu’efficace, cet ouvrage engage à penser la haine dans sa clinique, dans son histoire et dans sa métapsychologie. Interroger de telles symbolisations répond à une exigence impérieuse, la condition - pour nous - de rester vivants.


Olivier Sécardin
( Mis en ligne le 20/08/2001 )
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