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Trois dialogues sur un procès célèbre
  Platon   Le procès de Socrate - Eutyphron, Apologie de Socrate, Criton
J'ai lu - Librio philosophie 2004 /  0.31 € -  2 ffr. / 94 pages
ISBN : 2-290-34147-9
FORMAT : 13x21 cm

L'auteur du compte rendu : Sébastien Dalmon, diplômé de l’I.E.P. de Toulouse, est titulaire d’une maîtrise en histoire ancienne (mémoire sur Les représentations du féminin dans les poèmes d’Hésiode) et d’un DEA de Sciences des Religions à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (mémoire sur Les Nymphes dans la Périégèse de la Grèce de Pausanias). Ancien élève de l’Institut Régional d’Administration de Bastia, il est actuellement professeur d’histoire-géographie.
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La collection de poche Librio édite, après Le Banquet, trois dialogues de Platon qui constituent des sources intéressantes sur le procès de Socrate, maître de l’auteur, et qui n’a pas laissé lui-même d’écrit. Cette édition reprend la vieille traduction de Victor Cousin, qui date de 1822, revue et modernisée par Sylvaine Guyot. Une courte introduction de Gilles Van Heems permet de préciser le cadre historique de l’œuvre.

La mort de Socrate, citoyen d’Athènes et philosophe condamné à boire la ciguë par sa Cité en 399 avant notre ère, est presque aussi connue que celle de Jésus de Nazareth, et reste dans les esprits comme le symbole du scandale de la mise à mort d’un innocent. Ce procès nous est connu par le témoignage contemporain de deux disciples de Socrate, Platon et Xénophon. C’est au premier qu’on s’intéresse ici. Il nous livre dans les trois textes de l’Eutyphron, l’Apologie de Socrate et le Criton des œuvres consacrées aux dernières semaines de Socrate, du procès et de la condamnation qui s’ensuivit, à son exécution, un mois après, par empoisonnement.

L’Apologie (étymologiquement, en grec, le discours de défense présenté par l’accusé à son procès) représente bien plus que la simple retranscription du discours prononcé par Socrate devant ses juges. Tout en respectant la forme qu’il a dû prendre et son contenu probable, Platon écrit un véritable éloge de son maître, qui a su rester tout au long du procès fidèle à ses principes. Le contradicteur de Socrate est ici Mélétos, un poète, qui – avec l’appui du riche tanneur et puissant démocrate, Anytos, et celui de Lycon, un orateur peu connu – a déposé plainte auprès de l’archonte-roi et accusé Socrate non seulement d’être impie (en introduisant de nouvelles divinités et en refusant les cultes civiques traditionnels), mais encore, par son enseignement, de corrompre la jeunesse. Le procès se déroule devant les héliastes, jury composé de plusieurs centaines de citoyens tirés au sort et chargés de trancher dans les actions publiques. L’accusé n’avait pas d’avocat pour se défendre et prononçait son propre plaidoyer (il pouvait avoir recours aux services d’un logographe, sorte d’écrivain public spécialisé dans la rédaction de plaidoyers, ce que Socrate ne fit pas). Le procès se déroulait en trois temps : l’accusé prononçait un premier discours destiné à réfuter les arguments de la partie adverse ; puis le jury décidait de la culpabilité ou de la non culpabilité de l’accusé ; ensuite, s’il était jugé coupable, chacune des parties prononçait un nouveau discours proposant une peine ; le jury devait choisir entre l’une des deux. Enfin, une fois le châtiment connu, l’accusé tenait son dernier discours. L’Apologie montre bien cette triple articulation. Socrate réfute tout d’abord les accusations qu’on a portées contre lui ; il propose ensuite comme «peine» d’être nourri au Prytanée, c’est-à-dire nourri aux frais de la Cité ; il prononce enfin un dernier discours une fois sa condamnation à mort arrêtée.

L’Eutyphron, écrit peu après l’Apologie, sans doute à l’occasion du retour de Platon à Athènes en 396 av. J.-C., vise à illustrer, comme l’indique son sous-titre, «De la piété», la véritable et profonde piété de Socrate et l’inanité des chefs d’accusation religieux portés contre lui. Son interlocuteur est ici le devin Eutyphron, qui le rencontre à l’occasion de son dépôt de plainte devant l’archonte-roi contre son propre père, au motif que celui-ci a puni un esclave meurtrier d’un autre esclave, et que cette punition, par négligence du père d’Eutyphron, a entraîné la mort du serviteur coupable. Socrate lui fait part de l’accusation portée contre lui par Mélétos, puis la discussion se porte sur la piété. Par sa méthode maïeutique, Socrate le trouble et lui fait comprendre les contradictions de sa pensée. Il ne cesse de l’interroger, et le devin fier de son savoir finit par s’avouer vaincu par les questions et la feinte ignorance de Socrate.

Le Criton vient compléter le portrait du philosophe, en présentant son respect des lois de la Cité qui l’a vu naître, Athènes. Alors que son ami Criton vient lui signifier en prison qu’il a organisé son évasion, Socrate refuse de le suivre et décide de mourir dans la dignité, illustrant ainsi sa profonde conviction que faire de la philosophie, c’est se préparer à mourir. Dans la célèbre «prosopopée des Lois», Socrate fait imaginer à Criton le dialogue qu’il pourrait avoir avec les Lois personnifiées, qui interrogent ainsi le philosophe lui-même sur sa conception du devoir du citoyen.

La lecture de ces trois textes doit inciter à la prudence : ils sont l’œuvre de Platon et non de Socrate, qui, lui, n’a jamais rien écrit. Il n’est donc pas sûr que ce soit un témoignage objectif, et l’enseignement est peut-être plus empreint de platonisme que de véritable socratisme. Il s’agit néanmoins d’œuvres de jeunesse, et l’objectif de Platon est de toute évidence la réhabilitation de son maître.

Quant aux raisons du procès, il faut garder à l’esprit le contexte historique. Athènes connaît alors une grave crise politique ; elle a perdu la guerre du Péloponnèse et Sparte y a imposé un régime oligarchique sanglant. La démocratie est rapidement rétablie, mais le climat est à la méfiance et au découragement. Le peuple finit par soupçonner les intellectuels, habiles orateurs et penseurs audacieux, d’avoir miné les valeurs qui avaient fait la grandeur d’Athènes et, en définitive, d’être la cause de sa défaite face à Sparte. On comprend mieux, dès lors, pourquoi Socrate a pu être accusé de «corrompre la jeunesse», et pourquoi il constituait le bouc émissaire idéal dans une Cité en plein désarroi.


Sébastien Dalmon
( Mis en ligne le 05/09/2004 )
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