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Un Reich d’illusions, d’impasses et de catastrophes
Jean-Marie  Flonneau   Le Reich allemand - De Bismarck à Hitler (1848-1945)
Armand Colin - "U" 2003 /  3.82 € -  25 ffr. / 318 pages
ISBN : 2-200-26233-7
FORMAT : 16x24 cm

L’auteur du compte rendu : Éric Alary, agrégé d’histoire, Docteur ès Lettres de l’IEP de Paris – thèse sur la ligne de démarcation publiée en 2003 chez Perrin -, est professeur en Lettres Supérieures et en Première Supérieure au lycée Camille Guérin de Poitiers. Il est chercheur associé au CHEVS/ FNSP et au CRHISCO/ Université Rennes II.
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Avec Le Reich allemand, Jean-Marie Flonneau, ancien professeur de Première supérieure, chercheur associé à l’IHTP/ CNRS et spécialiste de l’histoire allemande, propose un manuel de référence pour comprendre l’histoire de l’Empire allemand – fondé en 1870-1871. Les bornes chronologiques encadrent soixante quatorze années, de 1848 à 1871. L’auteur prend en compte la séquence 1848-1871, ce qui est pertinent, car il faut comprendre le passage vers le Reich impérial, puis vers le Reich républicain et in fine vers le Reich nazi. De 1848 à 1871, l’on peut évoquer un Reich qui n’est pas encore achevé. La naissance de l’Empire dure une vingtaine d’années alors que l’Allemagne est encore largement un puzzle qui se regroupe autour de la Prusse conservatrice.
Les années 1848 à 1945 sont particulièrement riches puisque le peuple du Reich allemand a connu une histoire singulière : ses choix idéologiques et politiques l’ont conduit à deux guerres mondiales. La seconde marque l’effondrement du Reich.

En quatre chapitres, suivant une problématique sans faille, au fil d’un plan chronologique, Jean-Marie Flonneau, à la lumière d’une bibliographie sélective en plusieurs langues, démontre que la recherche de puissance du Reich a conduit en partie aux deux guerres mondiales. Les chapitres suivent d’abord pas à pas l’empire allemand de 1871-1918 – non sans l’étude des années précédentes de gestation d’un Reich en construction à partir de 1848, l’année du printemps des peuples -, puis la République de Weimar (1919-1933), la construction du Troisième Reich (1933-1939), et enfin l’échec de l’expansion européenne et mondiale des nazis (1939-1945).

D’emblée, une question se pose : pourquoi et comment le Reich a-t-il suivi un chemin spécifique au sein des grandes puissances industrialisées ? L’auteur prévient qu’il ne s’agit nullement de faire une histoire à rebours de l’Allemagne, mais bien de comprendre très précisément les causes objectives qui ont conduit le Reich édifié par Bismarck à la catastrophe nazie et aux désordres considérables déclenchés en Europe. Il entreprend donc de décrypter le dessein qui visa à trouver le ciment entre le principe d’une unité bâtie hâtivement et le principe de liberté. La construction allemande de 1871 repose sur un socle fragile : selon Bismarck, l’empire allemand –avant tout autour de la puissance prussienne - serait enfin une Allemagne unie pour la première fois. Certes l’Allemagne apparaît alors au monde comme un pays à la pointe du progrès social – rappelons-nous seulement l’Etat-providence bismarckien -, culturel, technique et scientifique, mais Bismarck, prudent et intelligent à l’extérieur, maintient un système de gouvernement autoritaire bien qu’il accorde corrélativement le suffrage universel masculin. Toutefois, le nouveau Reich reste monarchique ; le système parlementaire et national est incomplet. Les classes dirigeantes traditionnelles tiennent encore les leviers du pouvoir. C’est une contradiction majeure pour un Etat qui se veut moderne.

En France, la fin des notables bonapartistes et légitimistes permet en partie l’émergence de la IIIe République et son enracinement jusqu’en 1914. En Allemagne, rien de tel, comme si les élites étaient restées aveugles aux changements sociaux qui s’opèrent au sein d’une société de plus en plus urbaine, avec l’émergence de couches moyennes et ouvrières. Pour devenir une grande puissance, malgré l’absence d’un empire colonial et de «frontières naturelles», le Reich tente de s’allier aux Anglais, dès la fin des années 1890, ce en vain. Les perspectives d’une telle alliance étaient liées à l’ouverture du marché mondiale, mais l’alliance consentie par Guillaume II avec l’empire d’Autriche-Hongrie contredit la politique de Bismarck. L’empereur allemand espère mener une politique d’expansion au cœur de l’Europe. Cela ne peut qu’éloigner la Grande-Bretagne.

A l’intérieur, le refus des classes dirigeantes traditionnelles de se remettre en cause débouche sur la catastrophe de 1914-1918. En 1918, l’empire a échoué. Après l’écrasement de la révolution spartakiste, la république de Weimar a tenté de résoudre la contradiction d’un Etat très industrialisé doté d’une direction politique d’un autre temps. C’est en vain. La crise économique de 1929 a brisé l’essai démocratique. Les classes dirigeantes traditionnelles n’ont pas renoncé à faire de l’Allemagne une grande puissance mondiale agressive et nationaliste. Hitler précise ses objectifs dès son accession au pouvoir en janvier 1933 : la réconciliation entre le Peuple et la nation. Le «socialisme national» est la voie offerte aux Allemands, mais la recherche d’un Etat national s’inscrit dans la continuité des projets bismarckiens. Hitler fait plusieurs constats : le pays ne possède aucune matière première, ce qui le rend dépendant des autres puissances industrielles. S’ajoutent un «déficit frontalier» et une «puissance démographique» qui nécessitent de nouveaux débouchés. En conséquence, sur le plan diplomatique, le comportement du Reich oscille entre l’agressivité militaire et commerciale à l’encontre des Etats voisins et un comportement qui le conduit à opérer des manœuvres en apparence pacifistes. Le Reich devient donc dans les années trente une menace dès lors qu’il souhaite être une puissance hégémonique. A cela, Hitler ajoute le racisme et le dessein de conquérir un «espace vital» (Lebensraum).

Avec une très grande minutie, l’auteur décortique la construction de l’Etat hitlérien -le Führerstaat - qui exclut et qui réprime. La société allemande, galvanisée par l’idée de «renaissance nationale», s’est résignée. Des tentatives de résistance (Widerstand), tant dans les milieux de gauche que dans les milieux plus conservateurs de l’armée, ont été durement réprimées et très souvent vaines. Nombre de savants et d’intellectuels ont fui l’Allemagne. Le Reich nazi a semé la mort en Europe et sa chute fut brutale. Hitler n’avait aucune vision géostratégique à long terme. L’auteur rappelle alors que la rupture de 1945 est «beaucoup plus radicale que celle de 1918-19.» L’échec de l’expansion mondiale et raciste du IIIe Reich conduit à la construction d’une Allemagne démocratique et moderne. Le nationalisme à outrance a conduit à l’impasse.

La démonstration fait de ce manuel un véritable essai d’histoire politique, diplomatique, sociale et économique. Tous les aspects sont parfaitement synthétisés : les crises économiques et financières, l’étude des grandes familles politiques, les remises en cause du Traité de Versailles, le putsch raté de Hitler, des rappels sur l’évolution de la culture de masse dans les années vingt, l’ère Brüning et le passage au système présidentiel, une étude fine du NSDAP, accompagnée d’un utile portrait de Hitler, l’impasse réactionnaire sous von Papen, la dictature «légale», les mises au pas économique, politique, sociale et culturelle des années trente, l’absolutisme hitlérien, la propagande et ses rouages, l’ascension des SS et la violence sélective, l’expansion ethnique, la décision et la mise en place de la shoah, sans oublier les phases guerrières et le pillage de l’Europe.

Assurément, le livre de Jean-Marie Flonneau deviendra une référence pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire allemande contemporaine, complétée par un index des noms propres et plusieurs cartes.


Eric Alary
( Mis en ligne le 12/01/2004 )
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