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Histoire & sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

"Ni réaction, ni révolution" : naissance d’un centre
Rosemonde  Sanson   L'Alliance républicaine démocratique - Une formation de centre (1901-1920)
Presses universitaires de Rennes - Collection Carnot 2003 /  4.27 € -  28 ffr. / 562 pages
ISBN : 2-86847-825-5
FORMAT : 16x24 cm

L'auteur du compte-rendu: Christophe Badel, professeur d'histoire romaine à l'Université de Rennes II, est un spécialiste des structures politiques et sociales de la Rome impériale. Il a dirigé un recueil de documents, Sources d'histoire romaine, Ier siècle av. J.-C.-début du Ve siècle apr. J.-C, (Larousse, 1993), et rédigé plusieurs ouvrages liés au programme de l'agrégation et du CAPES (dont L'Empire romain au IIIe siècle après J.-C., Textes et documents, SEDES, 1998). En histoire contemporaine, il a participé à plusieurs ouvrages collectifs, dont le Dictionnaire des ministres, de B. Yvert (Perrin, 1990).
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Depuis une vingtaine d'années, l'histoire des partis politiques modérés ou libéraux connaît un regain de faveur par rapport aux partis "extrémistes", de droite ou de gauche, longtemps considérés comme des avant-gardes plus porteuses d'avenir. Rosemonde Sanson, maître de conférences à l'Université de Paris I, a consacré toute sa carrière scientifique à l'étude de l'Alliance démocratique, l'une des deux grandes formations modérées de la Troisième République, et les résultats de ses recherches sont enfin publiés dans ce livre alors qu'elle vient de prendre sa retraite. C'est donc l'oeuvre d'une vie que cet ouvrage.

L'Alliance démocratique fut créée en 1901, à l'époque du Bloc des Gauches, pour rassembler les républicains modérés dreyfusards, partisans du Bloc, face à leurs alliés radicaux qui organisaient à la même date le Parti républicain radical et radical-socialiste. R. Sanson suit son destin jusqu'en 1920, période qui représente une forme d'apogée, puisque l'Alliance fut l'organisatrice et le grand vainqueur du Bloc National. Son ouvrage a adopté un plan chronologique, scandé par les deux dates pivots de cette histoire (1907 et 1911).

La première période analyse la formation de l'Alliance et sa politique à l'époque du Bloc des Gauches (1901-1907). La référence fondatrice en fut Waldeck-Rousseau, premier président du conseil du Bloc, et la présidence en fut assurée par Adolphe Carnot, frère du président de la République Sadi Carnot, mais la cheville ouvrière de l'opération fut le journaliste Charles Pallu de la Barrière, secrétaire général jusqu'en 1919, auquel R. Sanson rend justice. Association, et non pas parti, l'Alliance républicaine démocratique obtint un succès modeste aux élections de 1902 (39 députés et non pas une centaine comme on le pensait jusqu'ici) et soutint loyalement la politique du Bloc, même à l'époque de Combes.

La désagrégation du Bloc et la peur de la menace socialiste entraînèrent à partir de 1907 un glissement à droite qui tendit les rapports avec les radicaux. En 1911, la transformation de l'association en parti, le Parti républicain démocratique, concrétisa cette évolution car cette structure fermée détermina une frontière plus nette avec les radicaux-socialistes. Cette mutation fut permise aussi par la montée en puissance de cette force (99 députés en 1906, 125 en 1910), qui la porta au premier plan de l'Etat dans les années 1912-1913 avec l'accession de Poincaré à la présidence du conseil puis de la République.

Mais la question des rapports avec l'Allemagne et le soutien du PRD à la loi de trois ans l'opposèrent à nouveau aux socialistes et à beaucoup de radicaux lors des élections de 1914, qui signèrent son échec. Mise en sommeil au début de la guerre, transformée à nouveau en association en 1916, l'Alliance prit sa revanche aux élections de 1919, où elle organisa et mena à la victoire le Bloc National. Après un tel triomphe, de vastes ambitions semblaient réalistes et la réorganisation du mouvement en parti, le Parti républicain démocratique et social, se donnait pour tâche de recréer un vaste parti républicain central, situé entre les conservateurs et les socialo-communistes, aptes à attirer de nombreux radicaux (1920). L'avenir devait démontrer la vanité de ces ambitions.

Cette démarche chronologique révèle le coeur de la problématique de R. Sanson, qui insiste sur le caractère centriste de cette formation. De fait, la stratégie de l'Alliance la plaça souvent à mi-chemin des extrêmes, surtout après la chute du Bloc des Gauches, où elle se démarqua autant de la droite cléricale et nationaliste que de la gauche socialiste et radicale-socialiste. L'analyse de sa doctrine, à laquelle R. Sanson consacre un chapitre et plusieurs sous-parties dispersées dans le cadre de son plan chronologique, peut procurer la même impression. Le slogan fameux "Ni réaction, ni révolution", le résume clairement. Ardents républicains mais prêts à intégrer les modérés de l'autre bord, partisans des lois laïques mais attachés à la liberté de l'enseignement, adeptes du libéralisme économique mais ouverts aux réformes sociales, les "alliancistes" cherchèrent toujours à trouver le point d'équilibre et y réussirent souvent.

Toutefois, une telle interprétation pose un vrai problème d'identité politique, surtout si l'on adopte le point de vue de l'histoire des représentations. Dès leur fondation, ces modérés se veulent des "républicains de gauche" et cette dénomination traverse toute la période, et perdure même au-delà. Jusqu'à la guerre mondiale, ils récusent clairement l'étiquette de centristes et l'auteur reconnaît elle-même que ce choix sémantique n'a rien d'anodin. La politique du désistement à gauche est pratiquée jusqu'en 1914 (exclu) et la majorité des députés alliancistes voisinent avec des radicaux au sein des nombreux groupes parlementaires entre lesquels ils se répartissent. Même du point de vue idéologique, ils se classent clairement à gauche, jusqu'en 1914 tout au moins, puisque la "question religieuse" constitue alors la ligne de partage.

En revanche, l'hypothèse d'une identité centriste apparaît plus convaincante pour les années 1919-1920, à l'époque du Bloc National et de la création du PRDS. Le terme est souvent utilisé dans les débats de la période, même si la référence aux "républicains de gauche" n'a pas disparu, et le poids croissant des socialistes et des communistes au sein de la gauche rend désormais obsolète ce rattachement identitaire. Entre 1910 et 1920, l'expansion du socialisme et le ralliement des modérés à un patriotisme intransigeant ont progressivement entraîné une véritable mutation identitaire chez les alliancistes. C'est cette "naissance d'un centre" que ce beau livre permet de retracer.


Christophe Badel
( Mis en ligne le 10/12/2003 )
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