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Histoire & sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Que reste-t-il de la IIIè République ?
Marc-Olivier  Baruch   Vincent  Duclert   Serviteurs de l’Etat - Une histoire politique de l’administration française : 1875-1945
La Découverte - L'espace de l'histoire 2000 /  5.24 € -  34.35 ffr. / 587 pages
ISBN : 2-7071-3369-8
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L’histoire de l’Etat se situe aux confins de plusieurs champs de recherche: l’histoire politique, l’histoire des idées, l’histoire de l’administration, l’histoire du droit (et notamment l’histoire du droit constitutionnel), l’histoire économique… Cette situation inconfortable fait que l’Etat, pour être aujourd’hui une réalité concrète bien perçue par les citoyens, est longtemps resté, jusqu’à l’édition de l’Etat en France de 1789 à nos jours, publié en 1990 par Pierre Rosanvallon, un sujet d’études négligé.

En réunissant, sur le thème "administration et politique en France entre 1875 et 1945" près de quarante contributions rédigées par des auteurs aux compétences les plus variées, Serviteurs de l’Etat entend donner à ce sujet toute son ampleur, tout en ressuscitant l’esprit de séminaire -cher à Gabriel Monod et à l’Ecole pratique des hautes études, il y a plus de cent ans de cela- grâce à une réflexion plurielle, fruit de la confrontation d’approches différentes de spécialistes travaillant sur cet unique sujet.

Il est malaisé de rendre compte brièvement d’un ouvrage qui aborde les thèmes les plus divers, de l’histoire des grands corps à celle de la police, en passant par l’histoire militaire (chacun de ces thèmes réunit trois contributions) ou encore à celle des instituteurs, des Archives ou des polytechniciens. Tout au plus peut-on y trouver l’occasion de commenter deux approches courantes de l’histoire de l’Etat qui paraissent sous-jacentes aussi bien à la plupart des articles assemblés dans ce volume qu’à son introduction, rédigée par Marc-Olivier Baruch et Vincent Duclert.

Serviteurs de l’Etat, en posant comme bornes chronologiques à ses introspections, la période de l’affaire Dreyfus et celle de Vichy semble enfermer l’histoire récente de l’Etat dans ce qu’elle a de plus scandaleux, de plus déshonorant, quand ce n’est pas de plus ignominieux. Il est évident qu’il est intéressant d’étudier l’histoire de l’Etat dans ses périodes de crise, qui peuvent avoir une valeur fondatrice, en débouchant sur un renouvellement des institutions, de leurs missions, de leur mode de fonctionnement. Toutefois, il y a comme un paradoxe à vouloir réduire à des situations somme toute exceptionnelles une administration d’abord réputée pour son extraordinaire continuité, quels que soient les régimes qu’elle fut appelée à servir. Est-il vraiment indispensable de passer par la polémique pour faire éclore un tel sujet ?

Force est de constater que les contributions qui adoptent ce point de vue sont peut-être les moins concluantes. Car des crises comme l’affaire Dreyfus ou la défaite de 1940 provoquent des traumatismes dont les résonances sociales dépassent largement le quotidien administratif. C’est un lieu commun que d’énoncer qu’elles sont l’occasion de rapprochements et de prises de position transcendant les clivages politiques traditionnels et dont les conséquences sociales et politiques sont beaucoup plus importantes que leurs effets administratifs. Pour un exemple concret de ce phénomène, il suffit de rappeler que si l’affaire des fiches, conséquence indirecte de l’affaire Dreyfus, déboucha sur l’obligation de communiquer aux fonctionnaires leurs propres dossiers, ce n’est qu’à la fin de ce siècle, et dans un tout autre contexte, que des mesures générales d’accès aux dossiers administratifs furent prises, afin de permettre aux citoyens de contrôler l’activité de l’administration Il est en effet rare que l’action politique, le vote des lois ou l’inscription des mesures au programme des partis rejoigne effectivement les souhaits ou les demandes de l’administration, rendant souvent illusoire le rapprochement des problématiques politique et administrative.

Mais cette approche n’est pas prioritaire et de nombreuses contributions abordent, directement ou non, un deuxième thème, celui des Origines républicaines de Vichy, pour reprendre le titre de l’ouvrage publié récemment par Gérard Noiriel. Susanna Magri avait déjà montré comment la doctrine de la "préférence nationale" n’était finalement pas très éloignée de la politique menée sous la IIIè République par les édiles locaux, y compris socialistes, dans le domaine du logement social. Florence Rochefort nous explique maintenant, dans une contribution sous-titrée "les Paradoxes de la République" que le sort des femmes n’était alors pas beaucoup plus enviable que celui des étrangers, ou même des catholiques : à leur sujet, Patrick Cabanel indique que les mesures prises par Vichy en faveur des congrégations doivent être interprétées plutôt comme un légitime retour à la normale après les excès combistes que comme l’octroi de privilèges exceptionnels de la part d’un régime aussi calotin que papelard.

Même les francs-maçons, écrit Vincent Borel, n’eurent pas sous Vichy un sort aussi peu enviable que celui que semblaient leur promettre les "lois" contre les sociétés secrètes. Il n’y a finalement guère que les mesures prises à l’encontre des assemblées représentatives et leurs membres, un fonctionnement parfois ultra-dirigiste de la justice (Alain Bancaud) ou de la police et surtout, bien sûr, l’ignominieuse collaboration à la Déportation, qui puissent justifier la différence marquée qu’on fait généralement entre un Etat français unanimement stigmatisé et une IIIè République dont on connaît dorénavant mieux les lacunes et les ratés.

Cette approche neuve de l’histoire politique de l’administration, qui repose sur un solide examen de la bibliographie ou des archives, ne paraît pas prêter à discussion; souhaitons, puisqu’elle se situe au début d’une démarche de relecture de l’histoire récente de l’administration, qu’elle s’étende à d’autres notions que la seule idée de République, dont elle a amplement fixé les limites. Elargissant cette problématique de base, Jean-Louis Crémieux-Brilhac montre bien dans sa contribution sur "la France Libre et l’Etat républicain" comment la France gaullienne en vint difficilement à coïncider avec la République, et Marc Loiselle, examinant "la Doctrine publiciste française face au national-socialisme", indique précisément comment l’étude scientifique des institutions nazies put contaminer la doctrine juridique française: dans le domaine des représentations politiques comme dans celui des sciences administratives, la première moitié de ce siècle avait-elle aussi ses limites ?

Gageons qu’il y a encore de nombreuses généalogies à établir avant d’arriver à une perception plus nuancée de l’histoire politique de l’administration française durant la période considérée…


Jean-Philippe Dumas
( Mis en ligne le 28/11/2000 )
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